Copenhague : l'Ajax du Nord
En l'espace de trois décennies, le FC Copenhague s'est imposé comme le club le plus régulier et le plus ambitieux du football scandinave. Jeune, puissant, intelligent dans sa gestion, le FCK trace une trajectoire qui rappelle de plus en plus celle de l'Ajax.
Fondé en 1992, mais héritier de plus d'un siècle de football danois, le FC Copenhague a rapidement imposé sa marque. Aujourd'hui, avec 16 titres de Superliga et 10 Coupe du Danemark, le club de la capitale domine assez nettement son territoire.
Mais ce sont surtout ses dernières campagnes européennes, son efficacité sur le marché des transferts et sa politique d'infrastructure qui en font un modèle à part. Le FCK n'est plus seulement une belle histoire nordique. Il est désormais un projet d'envergure continentale.
Un club jeune à la stature continentale
Le FCK n'a que 33 ans, mais se comporte comme un vétéran européen. Depuis 2019, aucune saison sans phase de groupes en Ligue des Champions, Ligue Europa ou Ligue Conférence. En 2020, il a atteint les quarts de finale de la C3 contre Manchester United. En 2023–2024, il a sorti les Red Devils en phase de groupes de Ligue des Champions avant d'opposer une belle résistance à Manchester City (1-3, 1-3) en 8es de finale. En 2025, rebelote : 8es de finale de la Ligue Conférence, invaincu en phase de poules, avant de tomber face à Chelsea (1-2, 0-1). Ce niveau de régularité européenne, aucun autre club scandinave ne peut le revendiquer.
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Et pourtant, le Danemark reste à la traîne au classement UEFA par pays, devancé par la Norvège. Mais sur la durée, le leadership nordique a basculé : Malmö (finale de C1 en 1979) et l'IFK Göteborg (vainqueur de la C3 en 1982 et 1987) sont entrés dans le rang, Rosenborg a disparu des radars, et seul Bodø/Glimt résiste. Le FC Copenhague, lui, construit patiemment. Un centre de formation 5 étoiles certifié par la DBU, un coefficient UEFA en hausse, une affluence record en Youth League (19 301 spectateurs à Nantes en 2024 !) : le club est devenu une place forte, à la fois pour sa formation et pour ses ambitions européennes.
Formation, ventes et réinvestissement
Le modèle est clair comme de l'eau de roche : former, vendre bien, réinvestir mieux. Ces trois dernières années, les ventes de Victor Froholdt (22 M€, 2025), Orri Oskarsson (20 M€, 2024), Hakon Arnar Haraldsson (15 M€, 2023) ou Victor Kristiansen (14 M€, 2023) ont permis de hisser le budget sportif à 35 M€ par an dès 2026. En parallèle, Copenhague reste sobre dans ses achats : Youssoufa Moukoko (5 M€, 2025), Gabriel Pereira (5 M€, 2024), Dominik Kotarski (5 M€, 2025) – rarement plus de 6 M€, toujours avec un plan de valorisation. En moyenne, les dix plus gros départs représentent près de trois fois les dix plus gros achats. Une efficacité financière remarquable.
Au-delà des chiffres, le projet est lisible. Le centre de formation alimente l'équipe première : Amin Chiakha (19 ans, meilleur buteur Youth League 2024), Elias Achouri (26 ans, ailier gauche, 20 sélections avec la Tunisie), Yoram Zague (prêté par le PSG), tous ont un rôle. Même Roony Bardghji, transféré pour 2 M€ au FC Barcelone après un refus de prolongation, illustre cette capacité à faire éclore des pépites. Le club sait aussi recycler : Froholdt, héros de Youth League, est devenu la plus grosse vente du club en 2025. Copenhague n'est pas une usine à talents éphémères, c'est un écosystème cohérent et performant. Une structure qui n'est pas sans rappeler un club comme l'Ajax.
Neestrup, le cerveau du projet
Un nom pour canaliser tout ce talent ? Jacob Neestrup. Promu à 34 ans en 2022, l'ancien milieu défensif est plus qu'un entraîneur. À la tête des U17 entre 2013 et 2018, adjoint en 2018-2019 puis en 2021-2022, avec une courte expérience à Viborg en 2019-2020, il est devenu l'architecte de ce modèle gagnant. Avec son 4-3-3, il impose un pressing agressif, des latéraux larges et un double pivot (Lerager/Falk) qui organise le tempo. Son équipe joue, ose, impose son rythme, et se caractérise par une possession moyenne de 66% sur la saison 2024-2025. À la clé, un deuxième doublé coupe-championnat en l'espace de trois ans.
Plus encore que les résultats, c'est la philosophie globale qui marque. Neestrup ne cache pas son admiration pour Erik ten Hag, ni son attachement à l'ADN club : formation, courage, intensité. Il intègre les jeunes (Chiakha, Froholdt, Sahsah, Clem) sans brûler les étapes. Il donne un cap clair, lisible, exportable. Son contrat court jusqu'en juin 2029, preuve que le club entend bâtir sur la continuité. Avec lui, Copenhague a trouvé son guide. Son style structuré, ambitieux et cohérent épouse parfaitement les contours du projet sportif danois. Et le regard des grands clubs européens commence à changer.
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