Porto : virage majeur au Dragão
Après deux saisons décevantes, le FC Porto a décidé de prendre un virage majeur cet été. Changement d'entraîneur, investissements de plus en plus lourds sur le marché des transferts, André Villas-Boas n'a pas l'intention de rester dans l'ombre des deux rivaux de la capitale.

Depuis 1978-1979, le FC Porto n'avait jamais laissé passer deux saisons consécutives sans s'inviter dans les deux premières marches du podium. Avec deux derniers exercices poussifs terminés derrière le Sporting CP et Benfica, les finances souffrent de rentrées européennes réduites et les rivaux lisboètes flairent la fin d'une hégémonie.
Un électrochoc dicté par l'histoire
Le simple rappel des archives suffit à comprendre le séisme. Pendant 46 ans, la moindre contre-performance domestique était gommée dès la saison suivante. Rompre cette chaîne revient à convoquer la mémoire des années 60-70, époque où Porto vivait sous l'ombre écrasante de Benfica, 14 fois champion entre 1960 et 1977 et quintuple finaliste de la Coupe d'Europe des clubs champions. Pour les socios, ce recul prolongé n'est pas un accident mais le symptôme d'un système essoufflé, trop longtemps alimenté par la même doctrine de prudence et de rigueur défensive.
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André Villas-Boas, le successeur de feu Jorge Nuno Pinto da Costa, qui a dirigé le club d'une main de maître entre 1982 et 2024, n'est pas du genre à perdre son temps. Exit Martin Anselmi, remercié quelques mois après sa venue et remplacé par Francesco Farioli, l'ancien coach de l'Olympique de Marseille prend son rôle de président de son club de coeur à bras le corps. Pour permettre à l'entraîneur italien, fraîchement débarqué de l'Ajax après une fin d'aventure tumultueuse, l'homme d'affaires a décidé d'ouvrir les vannes comme rarement dans l'histoire de la formation lusitanienne.
Un mercato animé
En effet, jamais Porto n'avait autant dépensé sur un mercato... alors qu'il reste encore plus d'un mois avant sa fermeture. Au 23 juillet, près de 80 M€ ont été dépensés, soit presque le double de sa moyenne annuelle sur la décennie écoulée (45 M€). Sont déjà arrivés Victor Froholdt (22 M€), Gabri Veiga (15 M€), Borja Sainz et Nehuén Pérez (13,3 M€ chacun), Dominik Prpic (4,5 M€) et João Costa (libre). Le geste le plus symbolique ? Acheter les 35% restants de Samu Omorodion pour 12 M€, portant l'investissement total sur l'attaquant à 32 M€. Un choix très fort au poste de 9, jadis sacrifié sur l'autel des plus-values.
Pour limiter la casse, le club n'a bien évidemment pas rompu avec la tradition en vendant ciblé et bien. Après une saison, Francisco Conceição a définitivement rejoint la Juventus contre un chèque de 41,5 M€, prêt (9,5 M€) et transfert (32,5 M€) compris. Gonçalo Borges a lui rapporté 11 M€ avec son départ à Feyenoord et Porto n'exclut pas une vente premium – Pepê ? – avant la clôture. Le déficit d'un peu plus de 30 M€ devient soutenable si les nouveaux venus explosent rapidement. Sur les bords de l'Atlantique, on spécule sur le talent comme d'autres jouent la bourse, mais avec très souvent la certitude de réaliser de grosses plus-values.
Le «Farioli ball» à l'épreuve du Dragão
Sur le tableau noir, le manager italien va remettre de l'ordre avec un 4-3-3 de possession haute et de pressing coordonné, tranchant avec son prédécesseur argentin, qui n'a pas convaincu avec sa défense à trois. Pour autant, ses équipes récentes n'ont jamais été prolifiques : 40 buts en 34 matchs de Ligue 1 avec Nice en 2023-2024, 67 réalisations en 34 parties d'Eredivisie avec l'Ajax en 2024-2025 quand le PSV atteignait les 103 pions... Le Transalpin assume de verrouiller l'espace avant de le conquérir et vit tranquillement avec un score court tant qu'il dicte le tempo du match.
Au Dragão, cette tactique a priori frileuse devra rapidement convaincre. Il disposera d'un 9 complet avec Omorodion, d'ailiers percutants, à l'image de la pépite convoitée Rodrigo Mora, et d'une Liga Betclic où les blocs adverses s'ouvrent davantage que ceux de Ligue 1. Le défi est clair : conserver la rigueur défensive sans étouffer le frisson offensif réclamé par les tribunes. Si l'équilibre prend, Porto aura justifié son virage. Sinon, la route fraîchement tracée pourrait déjà chercher un nouveau carrefour. Farioli a le matériel pour relancer Porto — et, au passage, se relancer lui-même.
Le FC Porto va-t-il remonter la pente lors de la saison à venir ? N'hésitez pas à réagir et débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» ...