Bayern : un mercato qui interroge

Longtemps maître dans l'art d'anticiper et de frapper tôt, le Bayern Munich semble avoir perdu la main sur le marché. Recrutements poussifs, dossiers qui traînent, échecs en cascade, la stratégie bavaroise interroge de plus en plus.

Jonathan Tah a rejoint le Bayern cet été.

Le Bayern Munich n'avance plus. Ou mal. On se souvient d'une époque pas si lointaine où le club frappait vite et fort, assurant des renforts-clés avant même la fin du printemps, notamment en pillant Dortmund (Götze, Lewandowski, Hummels).

Aujourd'hui, à trois semaines de la reprise, le géant bavarois n'a officialisé que deux arrivées : Tom Bischof (libre, Hoffenheim) et Jonathan Tah (libre, Leverkusen). Deux jolis coups qui cachent néanmoins un malaise plus profond.

Des signaux faibles malgré un blason encore attirant

Sur le papier, le Bayern reste attractif. Les joueurs ciblés, comme Luis Diaz ou Nick Woltemade, veulent venir. Christopher Nkunku, en difficulté à Chelsea, se verrait bien rebondir en Bavière. Mais dans les faits, le club ne parvient plus à conclure. Et surtout, il subit de plus en plus de refus. Florian Wirtz, qui aurait pu incarner le successeur naturel de Thomas Müller pour les dix prochaines années, a préféré Liverpool. Un choix symbolique et lourd de sens. Comme Nico Williams, prolongé à l'Athletic, Xavi Simons, séduit par la Premier League, ou encore Désiré Doué, parti au Paris Saint-Germain, beaucoup de talents jugent aujourd'hui le projet bavarois moins pertinent.

Ce recul est aussi structurel. Légende vivante du Bayern, passé dans les bureaux du club, Oliver Kahn n'a pas mâché ses mots en évoquant le dossier Wirtz. «Je ne suis pas sûr que ce soit un problème de club. C'est peut-être un problème de championnat» , a lancé l'ex-gardien sur Sky Germany. Selon lui, la Bundesliga a perdu la bataille de l'attractivité face à une Premier League plus compétitive, mieux médiatisée et plus lucrative. Quand gagner un énième titre de champion d'Allemagne semble routinier, évoluer dans un environnement anglais plus exposé, avec des perspectives marketing mondiales, séduit davantage les nouvelles générations de joueurs.

Moins de flair, des investissements mal ciblés

Le Bayern a aussi perdu sa justesse sur le marché. Autrefois redoutable dans ses choix, le club enchaîne les paris ratés depuis plusieurs années. Un simple coup d'oeil sur les dernières recrues suffit. S'ils ont pour la plupart été bien revendus, Ryan Gravenberch, Matthijs de Ligt, Sadio Mané, Yann Sommer ou Mathys Tel n'ont pas convaincu sportivement. Dans l'effectif actuel, Kim Min-jae continue de décevoir, Sacha Boey est trop juste, Bryan Zaragoza est un échec complet, João Palhinha n'est pas au niveau attendu et déjà sur le départ, tandis qu'Hiroki Ito a passé la saison à l'infirmerie.

En réalité, le Bayern n'a réussi que deux grands investissements en trois ans : Harry Kane et Michael Olise, rapidement devenus les fers de lance de l'attaque. Pour le reste, la balance sportive est négative. Pire : chaque saison donne l'impression d'un coup isolé noyé dans une série d'erreurs de casting. Le club semble subir son mercato, faute de ligne claire. Une désorganisation criante, bien loin du modèle de rigueur qui faisait sa force. Et ce marché estival 2025, bien qu'encore ouvert, s'inscrit pour l'instant dans la même lignée : trop lent, trop flou, trop décevant. Il reste un peu plus d'un mois pour inverser la tendance.

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