Mercato : Perrin, l'immense gâchis
Auteur d'une saison hors normes à Auxerre, Gaëtan Perrin a quitté la Ligue 1 par la petite porte. Le milieu offensif a choisi de rejoindre le FK Krasnodar, dans un anonymat pesant, sans qu'aucun club français n'ait réellement tenté sa chance. Un immense gâchis.

Il a 29 ans, vient de signer la saison de sa vie, et s'envole… en Russie. Pour beaucoup, la trajectoire paraît absurde. Mais à bien y regarder, le cas Gaëtan Perrin illustre un mal plus profond. En réalisant un «double-double» en Ligue 1, le joueur de l'AJ Auxerre a intégré une caste presque réservée aux superstars.
Pourtant, dans le traitement qui lui a été réservé sur le marché des transferts, encore ouvert durant plus d'un mois, aucune trace de reconnaissance. Ni approche formelle, ni offre concrète. Un silence qui en dit long sur les paradoxes du football français, en mauvaise santé financière après les péripéties concernant les droits TV.
Une saison à part
Statistiquement, Perrin a marqué la saison 2024-2025. 34 matchs, 10 buts, 11 passes décisives, et une régularité rare à ce niveau. Depuis 2000, seuls neuf joueurs avaient réussi un tel «double-double» en Ligue 1. Tous sont des internationaux : Zlatan Ibrahimovic (trois fois), Neymar (deux fois), Angel Di Maria (deux fois), Kylian Mbappé, Lionel Messi, Eden Hazard, Memphis Depay, Florian Thauvin, Bradley Barcola… Aucun n'évoluait dans un club promu. Aucun n'était payé comme une doublure. Et surtout, aucun ne s'était retrouvé aussi peu courtisé après une performance aussi peu courante pour le commun des mortels. C'est dans ce contraste que se mesure l'ampleur de l'anomalie Perrin.
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Son cas n'est pas simplement atypique : il est sans précédent. Dans une Ligue 1 qui peine à retenir ses talents, voir un tel profil quitter le championnat avant la trentaine, sans la moindre bataille d'enchères, questionne. D'autant plus qu'il lui restait une année de contrat avec Auxerre, club qui n'a pas pu ou voulu s'aligner, et qui l'a laissé partir pour 5 M€. Une somme modeste au regard de son impact, qui n'a suscité aucun sursaut dans les bureaux des clubs mieux classés. Pas même une tentative du Paris FC ou de Rennes, un temps annoncés sur les rangs pour sa signature. Le joueur a finalement choisi de partir, loin, sans se retourner. Mais avec un rendement que bien peu peuvent afficher.
Une échelle salariale révélatrice
Ce départ s'explique par une simple ligne comptable : la fiche de paie. Du côté de l'AJA, Perrin pointait à 40 000 euros par mois avec le... quinzième salaire du club. Moins bien payé que quatorze de ses partenaires, pour certains remplaçants. Et très loin derrière les trois joueurs prêtés par des clubs anglais, dont les émoluments, même partagés à 50%, étaient nettement au-dessus. Dans la grille salariale de la Ligue 1, Perrin figurait autour de la... 240e place ! Un classement indigne d'un joueur aussi décisif, mais qui dit tout de la hiérarchie actuelle. Il ne s'agit pas d'un oubli, mais d'un indicateur. Celui d'un joueur qui n'a jamais été revalorisé à la hauteur de ses prestations.
En rejoignant Krasnodar, Perrin a simplement triplé son salaire. Il touchera désormais 1,5 M€ par an, soit 120 000 € par mois. À l'échelle du marché, ce n'est ni extravagant, ni inaccessible. C'est même une bouchée de pain pour certaines formations qui disputeront les compétitions continentales. Et cela reste loin de la moyenne des titulaires dans des clubs comme Rennes, Nice ou Lille. Pourtant, aucun d'eux ne s'est positionné. La Russie, bien que privée de Coupe d'Europe, a tendu la main. Et sans surprise, comme d'autres avant lui, Perrin a accepté. Les équipes françaises ? Aux abonnés absents. Comme trop souvent.
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