Sunderland : bloquer l'ascenseur pour de bon
Après huit saisons de purgatoire et quatre années passées en League One, Sunderland retrouve enfin la lumière. Mais pour les Black Cats, la leçon est gravée : revenir est une chose, rester en est une autre.

Longtemps, Sunderland a incarné le romantisme brutal du football anglais : un stade bouillant, un peuple fidèle, et pourtant une chute interminable, faute de vision et de moyens. Aujourd'hui, la donne a changé.
La Premier League est devenue une place de marché où l'argent est le premier argument de survie. Pour éviter de retomber, Sunderland doit accepter cette réalité : investir n'est plus un pari, mais un devoir. La promotion ouvre les vannes... à condition de savoir quoi en faire.
Un magot à ne pas brûler
En retrouvant l'élite, Sunderland a mis la main sur un pactole : 238 millions d'euros. Une somme qui n'offre pas le luxe du confort. Au contraire, elle impose une pression immédiate : sans recrutement massif, l'équipe risque de s'effondrer face à la vitesse et à la puissance des adversaires. Et sur ce point, le club n'a pas tardé. Option d'achat levée pour Enzo Le Fée (23 M€), signature d'Habib Diarra pour 35,5 M€, bonus compris. Dans les tuyaux : le gardien Djordje Petrovic, brillant à Strasbourg, pour 25,5 M€, le milieu Noah Sadiki pour 20 M€, et l'expérimenté Reinildo qui arrive libre après la fin de son bail avec l'Atletico Madrid. Melvin Bard a aussi été approché, et Mathis Abline reste dans les radars malgré une première offre rejetée.
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Pour bâtir une équipe capable de tenir la distance dans une Premier League impitoyable, un nom : Florent Ghisolfi. Fraîchement nommé directeur du football, l'ancien dirigeant de Lens et de l'AS Roma hérite d'un chantier délicat. Son passage en Serie A a laissé un goût d'inachevé, mais Sunderland lui promet du temps et une latitude financière rare pour imposer sa patte. Dans un club prêt à puiser dans la Ligue 1 et à miser sur des profils jeunes, Ghisolfi pourrait trouver le terreau parfait pour appliquer ses recettes : construire malin, revendre fort, maintenir un cap clair. À condition de ne pas disperser les millions sans plan.
Des sacrifices assumés, des exemples à (ne pas) suivre
Pour investir, Sunderland n'a pas hésité à vendre cher. Jobe Bellingham, petit frère de Jude, a pris la direction du Borussia Dortmund pour 30,5 millions d'euros. Un transfert inévitable après deux saisons dans le Tyne and Wear, alors que le jeune milieu espère marcher sur les traces de son modèle. Tom Watson, une autre promesse, elle tout droit sortie du centre de formation, a rejoint Brighton pour 12 millions d'euros. Des départs qui rappellent une évidence : même un club revenu d'en bas doit accepter de perdre des jeunes pépites attirées par plus de lumière. Ici, chaque euro libéré doit revenir renforcer l'équipe, pas remplir des cases comptables.
Car l'histoire l'a prouvé : l'argent seul ne garantit rien. En 2022-2023, Bournemouth, Nottingham Forest et Fulham ont réussi leur maintien grâce à des mercatos cohérents — 83,1 M€, 198,35 M€, 76,1 M€ investis, pour des recrues ciblées (Zabarnyi, Gibbs-White, João Palhinha…). Mais les deux saisons suivantes ont calmé toutes les ardeurs : Burnley, Sheffield et Luton, puis Leicester, Ipswich et Southampton ont tous chuté. Des sommes colossales dépensées (jusqu'à 152,59 M€ pour Ipswich) sans plan structuré — et retour immédiat à la case Championship. Un piège que Sunderland devra absolument éviter. Investir fort, oui. Mais surtout investir juste.
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