Après un début de saison calamiteux, le Barça s'est très bien relancé dans la course à l'Europe, accédant grâce à une victoire sur Osasuna (2-1) à la quatrième place, qualificative pour la Ligue des Champions. Voici la situation de ce cador européen en perte de vitesse depuis quelques saisons et qui compte bien relever la tête rapidement.

Une remontée progressive

Onzième avec 20 points au soir de sa défaite face au Real Madrid (1-2), avec six longueurs de retard sur le quatrième (Osasuna), le FC Barcelone était au plus mal. Seulement, depuis le club a réagi et grâce à une belle série (5 victoires, 2 nuls et une défaite), il a refait son retard tranquillement, jusqu'à s'emparer du dernier strapontin pour la Champion's League ce week-end. Les Catalans sont en effet allés l'emporter à Osasuna (1-2). Une victoire qui ravissait l'entraîneur Frank Rijkaard : «je félicite les gars parce qu'ils sont venus pour gagner et c'était crucial.» Il poursuivait ensuite en commentant la forme actuelle : «c'est une bonne période pour le club, les fans veulent des résultats et en ce moment ils viennent.» Le Hollandais prend le championnat rencontre après rencontre, sans trop faire de perspectives : «chaque victoire nous donne plus de satisfaction parce que cela signifie que les joueurs ont fait du bon travail (…). Le prochain match est important.» Il faut néanmoins remarquer que le calendrier du Barça a été ces dernières semaines plus favorable que celui de l'automne. Hormis Osasuna, les derniers matchs remportés l'ont tous été face à des équipes de bas de tableau : Albacete, le FC Séville, Saragosse ou encore l'Espanyol. Ces clubs naviguent entre la 13ème et la dernière position, ce qui impose donc une certaine mesure quant à la série actuelle.

Dans les autres compétitions, la situation est mitigée, à l'image de celle en Liga. Effectivement, l'aventure s'est terminée en Coupe du Roi, en quarts de finale, face à Saragosse. Une défaite au Camp Nou (1-0) puis un nul à l'extérieur (1-1) ont été insuffisants, face à une équipe qui occupe pourtant la 17ème place de Liga… Pas de quoi se réjouir pour Rijkaard : «je suis très déçu que nous soyons sortis de la Coupe.» Par contre, pas de problème en Coupe de l'UEFA ou l'équipe fait figure d'ogre et de favori en compagnie de la Roma ou de Liverpool. Au premier tour, les Catalans se sont débarrassés de Matador Puchov. Après un nul à l'aller en Slovaquie, les joueurs ont bien réagi et ont atomisé leurs adversaires (8-0). Au deuxième tour, la tâche n'était pas non plus insurmontable pour un club du rang de Barcelone. Les coéquipiers de Kluivert ont bien négocié l'opposition face aux Grecs de Panionios, remportant les deux rencontres (2-0 à domicile et 0-3 à l'extérieur). Pour les huitièmes de finale, l'affiche sera un tout petit peu plus relevée, puisque le tirage à désigné les Danois de Brondby comme adversaires. Cette compétition semble le moyen idéal de s'illustrer cette saison, le titre s'étant déjà envolé depuis longtemps (Madrid est 15 points devant).

Ronaldinho impressionne

Pour ce qui est de la tactique utilisée, Rijkaard met en place un 4-2-3-1. Kluivert se retrouve le plus souvent seul en pointe, avec Ronaldinho derrière lui en 10 (voire en «9 et demi» ) et avec Quaresma et Luis Enrique (ou Overmars) excentrés sur les ailes. Cependant, le dispositif n'est pas fixe et une autre option est régulièrement empruntée. Cette possibilité, afin d'aligner Saviola (14 titularisations) en pointe avec Kluivert (11), est de passer à une défense à trois. Dans ce cas, la ligne arrière est en général composée de Marquez, Puyol et Van Bronckhorst. Au niveau offensif, Saviola vient alors «tourner» autour de Kluivert alors que Ronaldinho occupe cette fois un poste de vrai milieu offensif. L'inconvénient de telles dispositions est la vulnérabilité de la défense. Avec 27 buts encaissés, Barcelone se place seulement en septième position de ce classement annexe. Du côté de l'attaque, le club est à son rang, celui de quatrième, avec 35 buts inscrits. A signaler l'arrivée de Davids, la bonne affaire de ce mercato, qui vient renforcer le milieu de terrain. Il porte aussi le nombre de Hollandais au club à 7 (avec Overmars, Kluivert, Cocu, Van Bronckhorst, Reiziger et l'entraîneur Rijkaard).

Pour ce qui est des individualités, la satisfaction c'est indéniablement Ronaldinho. Au centre ou un peu excentré côté gauche (son coach lui laisse une pleine liberté d'expression), il enflamme les matchs et se montre souvent décisif. Il a inscrit 7 buts en Liga (en 18 rencontres), soit autant que son coéquipier Kluivert, à un poste moins avancé. Il démontre un niveau impressionnant, au moins égal à celui de sa réputation. Cela a encore été le cas ce week-end face à Osasuna avec un but venu d'ailleurs. Il a réalisé un coup du sombrero dans la surface avant de marquer d'une somptueuse reprise de volée acrobatique. Autre but exceptionnel, une frappe d'environ 35 mètres contre le FC Séville dès la deuxième journée du championnat. En revenant sur sa petite merveille du week-end, le socios numéro 111 545 du club indiquait «qu'il n'avait pas encore revu le but à la télévision» , tout en minimisant l'importance qu'il attache à son beau geste, considérant que «chacun de ses buts est spécial et important.» Dans cet entretien au site officiel du FCB, le numéro 10 Blaugrana s'exprimait aussi sur son rôle de buteur et de passeur : «je n'avais pas prévu d'inscrire tant de buts, je suis plus un pourvoyeur qu'un buteur. Je pense que j'ai les qualités pour améliorer mes partenaires.» A noter que le milieu réalise un travail d'entraînement spécifique, afin de revenir au meilleur de sa forme après une blessure. A ce sujet, il indiquait qu'il «se sentait déjà mieux» et espérait «revenir au meilleur de (sa) forme dans les prochains matchs.» La réussite de l'ex-Parisien donne donc raison au président Laporta, qui l'avait engagé en quelque sorte comme «roue de secours» après l'échec du transfert de Beckham, promis aux socios pendant la campagne électorale de la saison passée.

Le problème des extracommunautaires

L'effectif du Barça est riche, trop riche même, du moins en joueurs hors-UE. En effet, impossible pour Rijkaard d'en aligner plus de trois, comme le stipule le règlement. C'est un gros problème, quand on connaît les noms de ces membres de l'effectif : Rustu, Marquez, Ronaldinho et Saviola. Tous des titulaires en puissance (du moins sur le papier). Le staff a donc dû mettre en place un turn-over forcé, les joueurs faisant tour à tour les frais de la règle, ou d'un recrutement peu judicieux, à vous de voir. La solution la plus souvent de mise est de ne pas aligner Rustu (seulement trois fois utilisé en Liga). De plus afin de ne pas laisser pour rien un extracommunautaire sur le banc, Jorquera peut être choisi comme remplaçant, plutôt que le Turc. La situation de ce dernier dans la capitale catalane est donc plus que critique, ce qui pourrait l'amener à reconsidérer son avenir l'été prochain.

L'autre problème de l'équipe se situe au poste de gardien. Presque une habitude dans la cité catalane. En effet, Rustu attendu comme le titulaire indiscutable après ses prestations passées, et notamment celles de la Coupe du Monde 2002, ne s'est pas imposé. En plus d'avoir le handicap de ne pas être Européen (pas encore du moins), il a déçu est s'est révélé bien en dessous du niveau auquel on l'attendait. Son remplaçant Victor Valdes (22 ans), est encore assez inexpérimenté (33 rencontres en Liga) et n'a pas pour le moment le standing d'un grand club européen. La dernière solution, Jorquera (24 ans), utilisé une fois cette saison, n'est pas non plus pleinement satisfaisante. Par le passé, le problème s'était déjà posé, avec la présence de Bonano, pas toujours irréprochable, et du Français Richard Dutruel, capable du meilleur comme du pire, comme le prouvent ses prestations avec Strasbourg.

Février : un mois test

Alors que les précédents succès ont été acquis face à des formations de bas de tableau, il faudra confirmer en février, face à des cadors du championnat cette fois. Effectivement, les prochains adversaires à croiser la route de Ronnie et sa bande ne sont pas du même calibre. En guise de mise en bouche, les Barcelonais accueillent dimanche l'Atletico Madrid, sixième à un point. Ensuite, deux rencontres capitales à Valence puis à la Corogne, respectivement deuxième et troisième au classement (à 9 et 13 longueurs) permettront d'y voir plus clair. Autant dire qu'une baisse de forme serait fatale et anéantirait tout espoir de connaître la Ligue des Champions édition 2004/2005. En UEFA, le match aller au Danemark se déroulera le 26 février, et le retour au Camp Nou le 3 mars. Pour la fin de saison, l'équipe à pour objectif d'accrocher cette Champion's League qui manque aux aficionados, aux dirigeants et aux joueurs, comme le montrent les déclarations de Ronaldinho : «nous avons traversé des moments difficiles pour arriver où nous en sommes. Maintenant, nous nous concentrons pour rester à cette position et nous regardons le plus haut possible. Ce sera difficile, mais nous devons chercher à atteindre la troisième place.»

Barcelone va mieux à tous les niveaux, avec un Ronaldinho qui démontre toute la classe qu'il n'avait laissée qu'entrevoir au PSG. Le club s'est replacé et doit assurer en février face à ses opposants directs en Liga. Et pourquoi ne pas couronner la saison par une coupe de l'UEFA, déjà venue orner la vitrine à trois reprises (1958, 1960 et 1966) ? Voilà qui ferait taire au moins momentanément ceux qui disent que le Barça n'est plus un grand d'Europe…

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