L1 : les solutions d'Eyraud pour sauver le football français
Ancien président de l'Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud a proposé plusieurs mesures pour tenter de sauver le football français. L'homme d'affaires de 56 ans souhaite s'appuyer sur le modèle américain pour donner plus de valeur au produit.

La simple évocation de son nom suffit pour donner de l'urticaire aux supporters de l'Olympique de Marseille. Président du club phocéen entre 2016 et 2021, Jacques-Henri Eyraud reste proche du football et assiste comme tout le monde au recul du football français, en grande difficulté sur le plan financier. Pour tenter de le sauver, le proche de Frank McCourt a soumis des propositions pour le moins... originales.
L'adoption d'une ligue fermée
La première solution ? Une ligue fermée. «J'appelle cela plutôt un championnat de l'élite. C'est le seul moyen d'arriver à plusieurs objectifs. Une plus grande solidarité entre les clubs déjà. Dans mon modèle idéal, on créerait une ligue professionnelle à 16 clubs. Ceux-ci auraient une licence club reposant sur des critères objectifs (taille du marché et de la population locale, performance sportive en Ligue 1 depuis 20 ans, communauté de supporters, audience TV et qualités d'infrastructures). J'octroie deux licences à des clubs parisiens, pourquoi ? Dans le sport, la notion de rivalité sportive locale est au coeur de l'intérêt du supporter» , a soufflé le Parisien pour Challenges.
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«Chacun des participants recevrait le même montant de droits TV domestiques. C'est une manière d'arriver enfin à une vraie solidarité entre les acteurs, et cela permettrait d'avoir un alignement d'intérêts plus forts que ce qu'on connaît aujourd'hui» , a poursuivi le co-fondateur de Sporever, sûr que cela profitera aussi aux formations plus modestes et surtout aux amateurs. «Il y aurait plus de soutien au monde amateur dans ce nouveau schéma. Ces 16 licences doivent entraîner un montant d'investissement au départ, pour cette licence à perpétuité, qui serait cessible.»
Les meilleurs clubs de Ligue 2 pas abandonnés
«Imaginons 50 millions d'euros chacun, cela ferait 800 millions d'euros dont une partie doit revenir à la Fédération française de football (FFF) et au monde amateur. La taxe Buffet, inscrite dans la loi, continuerait à être appliquée. A chaque cession de licence, le nouvel acquéreur reverserait 10% de la valeur de cession à la FFF et à la Ligue de football professionnel (LFP)» , a poursuivi Eyraud. «Ensuite, il faut que le mérite sportif soit mis en avant. À côté des 16 équipes qui ont une licence, je proposerais au vainqueur de la Ligue 2 et au vice-champion de venir jouer une saison dans l'élite.»
«Sur le principe de la wild card au tennis, on leur verserait le montant des droits TV qu'ils auraient eu en Ligue 2. Ils auront des ressources supplémentaires sur la billetterie, le marketing et les revenus commerciaux. De plus, un salary cap serait mis en place. Il serait calculé en fonction de la situation financière précise d'un club. Pour éviter les comportements financiers peu scrupuleux, il faudrait aussi un plancher, une masse salariale minimale, en fonction du chiffre d'affaires» , a imaginé le businessman français, certain de la réussite d'une telle révolution.
Le modèle américain nécessaire
Pour Eyraud, un modèle calqué sur ce qui se fait outre-Atlantique n'aurait que des bénéfices pour les clubs français. «Cela tirerait la LFP vers le haut car cela améliorerait la compétitivité générale du foot français. Dans mon modèle, il faudrait aussi finir avec des playoffs. Aux États-Unis, le vainqueur de la saison régulière devient champion entre 21% du temps (pour la NHL) et 33% du temps (pour la NBA) ou même 36% la NFL. Ce serait une façon de proposer aux diffuseurs, aux sponsors et aux fans, un spectacle qui serait très porteur d'intérêt» , a assuré le principal intéressé.
«C'est le moment d'introduire ce type d'innovation. Ce système permet d'avoir plus de champions différents, plus d'incertitude, donc plus d'intérêt. Sur les 20 dernières années, le PSG a gagné dix titres sur douze, la Juventus, le Bayern, le Real Madrid et le Barça en Espagne trop souvent également. Ce système de playoffs serait envisageable entre quatre et huit équipes. Dans ce modèle alternatif, les 4 premières places à l'issue de la saison régulière seraient conservées pour la qualification en coupe d'Europe. Le titre de champion serait ainsi accordé à l'issue de playoffs» , a embrayé l'ex-dirigeant de l'OM.
Changer en profondeur les mentalités
Un changement radical qui devra être accepté pour modifier en profondeur une approche devenue obsolète selon lui. «Je sais très bien ce qu'on va me répondre : 'Ce n'est pas dans notre culture'. C'est la meilleure façon de couper court au débat. J'ai démarré ma vie professionnelle chez Disney, on m'expliquait que ce n'était pas notre culture avant l'ouverture de Disneyland Paris. Ce qui est certain, c'est que dès la première année, c'était la première destination touristique en Europe en 1992 avec 12 millions de visiteurs en Europe.»
«Le conservatisme du football nous a amenés à une ligue qui perd 1,2 milliard d'euros chaque année. La Ligue 1 vend ses meilleurs talents en Europe pour équilibrer les comptes chaque année. L'amour de la tradition a créé le championnat le plus inégalitaire d'Europe, avec un seul club qui représente 34% de son chiffre d'affaires. Si on peut être satisfait de cette situation, oui, alors il ne faudrait rien changer» , a martelé Eyraud, appuyant sur le fait qu'il «faudrait faire preuve de courage et introduire des innovations radicales, et pas incrémentales» .
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