Les Gones obtiennent le César du meilleur scénario à suspens de la 26e journée. Menés de deux buts par les Lionceaux à l'entame du temps additionnel, ils effectuent un tonitruant retour assassin et évitent une nouvelle débâcle (3-3). Maxifoot décerne son César d'Honneur du meilleur match, complètement fou mais palpitant, à ces deux valeureuses formations.

Les Lyonnais reviennent de Rome éreintés par la rudesse physique de leur adversaire européen. A Gerland, trois jours après seulement, les attende une enthousiaste formation sochalienne venue avec des intentions de victoire. Les Lionceaux ne se laissent aucunement impressionner et après une chaude alerte, viennent prendre l'ascendant sur des Lyonnais qui haussent pourtant eux-mêmes le rythme. Avec trois buts à la mi-temps, on imagine que tout reste ouvert, alors que Lyon se retrouve malmené au tableau d'affichage. Intervient ensuite et nominé dans le rôle de meilleur gardien, un Teddy Richert survolté mais qui finit par s'incliner par deux fois en l'espace de trois minutes, alors que Lyon n'a cessé d'accroître sa qualité de jeu, son pressing et sa force mentale, malgré un break réalisé par Sochaux quelques minutes auparavant !

Les temps forts et les buts

- Après une très chaude alerte sur un coup franc de Juninho et une tête de Cris, les Sochaliens ouvrent le score. Ziani s'échappe sur l'aile droite. Il fixe ses partenaires et transmet à Santos dans l'axe. Parti dans le dos de la défense lyonnaise, il prend le meilleur à la fois sur Cris et Müller et ajuste sa frappe de l'extérieur du pied droit. Coupet s'incline (0-1, 9').

- Cris commet une faute sur Santos dans ses dix huit mètres. L'arbitre désigne le point de penalty. Ziani ne laisse pas passer l'occasion de permettre à son équipe de réaliser le break. Il transforme d'une frappe croisée (0-2, 30'). Lyon se retrouve dos au mur.

- Peu avant la pause, Lyon limite les écarts et concrétise ses bons mouvements. Réveillère met à bas la défense sochalienne. Panique dans la maison des Lionceaux, alors que le lyonnais parvient à centrer en bout de course. Baros récupère au point de penalty et vient glisser le ballon dans les buts de Richert (1-2, 40'). Tout redevient possible à la pause.

- On approche des ultimes minutes lorsque Sochaux semble tuer les chances de retour lyonnais. N'Daw s'infiltre sur le côté gauche. Il aperçoit Grax démarqué. Ce dernier récupère le ballon et transperce Coupet en ajustant le ballon entre ses jambes, d'une frappe croisée (1-3, 86'). C'est le but de la victoire, du moins peut-on le croire !

- Début du temps additionnel et Lyon continue de pousser. Les Gones retrouveront-ils leur réalisme destructeur d'espoir dans les ultimes minutes ? La réponse avec Wiltord qui reprend un ballon contré. Il sent la position de Richert et place sa frappe dans l'angle opposé pour la réduction du score (2-3, 90').

- Panique à bord du navire sochalien ! Pour écarter le danger face à Wiltord, Diawara touche le ballon de la main. L'arbitre n'a pas manqué de l'apercevoir et de le signaler. Penalty indiscutable ! Maître Juninho prend ses responsabilités et se réhabilite définitivement en trompant Richert d'un contre-pied et une frappe à ras de terre (3-3, 93') ! Match nul mérité amplement par les deux formations !

Ce qu'il faut retenir de la rencontre

En l'espace de quatre vingt dix minutes, les Gones ont communiqué toutes les émotions possibles à leurs supporteurs. Du désarroi au plus infini des bonheurs, en passant par la désillusion, la déroute, l'espoir, l'angoisse, la libération, ce match les rend complètement fou, comme si le ciel allait leur tomber sur la tête. Gérard Houllier peut se montrer fier et heureux de son groupe qui ne lâche pas une miette jusqu'à la dernière seconde, provoquant le doute chez l'adversaire. Psychologiquement, les Lyonnais ont réalisé un bel exploit car ils réussissent à faire craquer un Richert éblouissant et une solide défense. Un vent terrible qui s'illustre de la plus belle des manières, avec un Juninho (un but) complètement requinqué et capitaine exemplaire, un Källström très percutant dans l'ensemble, un Baros très en mouvement et prêt à tout (un but), ou encore un tandem Clerc-Benzema qui sur les ailes n'ont pas relâché leurs efforts et ensuite un Wiltord déterminé et déterminant (un but). Alors si tout s'avère loin d'être parfait dans un contexte particulier d'après Coupe d'Europe, Lyon assène un coup au mental de ses adversaires ou détracteurs, qui plus est avec des absents de prestige. En revanche, danger en défense, puisque Cris et Müller se révèlent trop juste dans l'axe. Et si Källström réussit de bonnes relances, il n'apparaît pas à son meilleur niveau, tout comme Berthod, en difficulté à de nombreuses reprises et dépassé par la vivacité de Ziani. Coupet alterne entre sa dextérité et des ratés. Lyon possède encore des ressources insoupçonnées. Mais attention, car à domicile cela reste de mauvais augure. Lyon ne semble plus si invulnérable chez lui.

Enorme prestation au courage des Lionceaux qui se déplaçaient dans l'antre de Gerland. Certes, les Lyonnais demeurent affaiblis par un très délicat déplacement européen à Rome. Mais il fallait parvenir à contenir les hausses de rythme incessantes de l'adversaire, savoir tenir le jeu en milieu de terrain, ne pas craquer en défense et porter des accélérations vivres et fracassantes pour donner la réplique. Néanmoins, il demeure un manque global d'homogénéité au sein du groupe sochalien. Car si Grax combine bien par exemple avec un N'Daw assez fracassant et disponible, Pitau se révèle deux tons en dessous. Sa prestation en demi-teinte est compensée par les efforts incessants de Ziani sur son aile droite qui donne du fil à retordre à Berthod. Dommage que Dagano a manqué de réussite dans ses tentatives (remplacé par Grax) et qu'à gauche, Santos ne trouve pas un bon support avec Birsa, peu à l'aise face à Källström. L'arrière a suscité aussi beaucoup d'inquiétudes. Sochaux ne doit de créer la sensation qu'à son réalisme offensif et à la muraille qu'impose la présence de Richert dans les buts, auteurs de nombreux arrêts décisifs. Le quatuor placé devant lui a eu beaucoup de fil à retordre, à l'image de Tosic, bien mis à mal par Clerc puis Wiltord. Volontaires, les Lionceaux le sont, mais affichent aussi de la nervosité comme Bréchet ou le geste de Diawara qui prive de trois points.

Réactions des Entraîneurs

Gérard Houllier (Entraîneur de l'Olympique Lyonnais) «Nous devons saluer le courage et l'énergie affichés par les joueurs. Cela aurait été dommage de perdre, car il y avait beaucoup de contenu et de densité au cours de ce match. On a un peu moins de réussite actuellement comparé à notre début de saison et chacune de nos erreurs se paie comptant. On s'est mis nous-mêmes en difficulté. Mais revenir de la sorte, c'est comme une demi victoire. On a vu deux belles équipes sur le terrain.»

Alain Perrin (Entraîneur de Sochaux) «Je ressens beaucoup de frustration. Ce sont des points perdus. Quand on mène de la sorte à trois minutes de la fin, on doit savoir contenir les opérations. On sait que les Lyonnais sont spécialistes des retours de dernière minute. Heureusement que nous avons eu la bonne idée de prendre de l'avance. Il y a aussi des faits de jeu qui remettent Lyon en selle, comme la blessure de Tosic qui nous déstabilise. Nous avons des projets et une qualité de jeu qu'on essaie de mettre en place. On n'y arrive pas toujours. Avec un tel type de match, on apprend beaucoup pour savoir gérer les dernières minutes.»

Note du match : 17 / 20

Mention très bien pour ce match à couteaux tirés entre deux très séduisantes formations qui ont dépensé beaucoup d'énergie et placé beaucoup d'intensité. De très beaux ingrédients pour un savoureux mélange à l'arrivée, mais un score identique en Ligue des Champions éliminerait les Gones, d'où le danger. En attendant, Lyon demeure solide leader de la Ligue 1 (58 Pts). Echec relatif pour Sochaux qui demeure aux aguets du podium (4e avec 40 Pts).

Ligue 1 / 26e journée
Lyon 3-3 Sochaux (1-2)
Stade Gerland
Arbitre : Monsieur Layec
Buts : Baros (40’), Wiltord (90’), Juninho (93’)/Santos (9’), Ziani (26’), Grax (86’)
Avertissements : Juninho (30’), Réveillère (45’), Berthod (74’), Cris (80’)/Bréchet (54’), Ziani (58’), Pichot (64’), Camara (92’).
Les équipes :
Lyon : Coupet, Berthod, Müller (Abidal, 72’), Cris, Réveillère, Juninho, Santos, Källström, Clerc (Wiltord, 46’), Baros, Benzema (Malouda, 61’)/Entraîneur Gérard Houllier.
Sochaux : Richert, Tosic, Bréchet, Afolabi, Pichot, Birsa (Diawara, 76’), N’Daw, Pitau, Ziani, Santos (Le Tallec, 81’), Dagano (Grax, 63’)/Entraîneur : Alain Perrin.

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