Le PSG a perdu, contre l'Hapoel Tel Aviv (2-4), son troisième match consécutif au Parc des Princes. Guy Lacombe voit sa situation de plus en plus fragilisée. Et pourtant, la France du foot n'en avait cure hier matin. Car dans la nuit qui a suivi le match, un supporter des Boulogne Boys a été tué par un policier aux abords du stade.

Le 23 novembre 2006 restera de triste mémoire pour le PSG et pour l'ensemble du football français. Pas pour l'humiliation subie par les joueurs, au Parc, face à l'Hapoel Tel Aviv (2-4). Mais pour le drame qui a suivi cette énième désillusion. Un supporter parisien a trouvé la mort dans la nuit de jeudi à vendredi, abattu par un policier. Le supporter faisait partie d'un groupe d'excités du kop de Boulogne, dont un autre membre a été grièvement blessé par le coup de feu. Le policier, noir et en civil, tentait de protéger un supporter israélien pris à partie par le groupe en question. Des insultes racistes et antisémites ont été lancées par les "Boulogne Boys" a l'encontre des deux hommes. Le policier a lancé une bombe lacrymogène. Puis, à terre et devant une menace de plus en plus pressante, il a tiré, avant de se réfugier dans un restaurant Mac Donald's, poursuivi par les supporters. Les forces de l'ordre ont finalement fini par contrôler la situation. Le policier a été mis en garde à vue. Le Procureur de la République de Paris a indiqué que la question de la légitime défense se posait. Cinq supporters ont également été interpellés pour propos racistes et antisémites.

Alain Cayzac, le président du PSG, a réagi dans un climat de tension extrême, hier. Peu de temps auparavant, des supporters ont franchi la grille d'entrée du camp des loges, et s'en sont notamment pris à un joueur (Bernard Mendy, qui avait tenté de calmer le jeu) et aux journalistes, qui ont dû se réfugier dans les douches. Des échauffourées sur lesquelles n'est pas revenu Alain Cayzac, pour qui la priorité est ailleurs. «Il y a eu un drame, il faut que tout le monde agisse car il n'est pas question qu'il y en ait un autre. Le pire c'est ce drame, le reste, ce ne sont que des mots. C'est inacceptable. Aujourd'hui j'ai honte. Le mot crise est aujourd'hui faible. C'est la période la plus sombre du Paris SG. C'est la période la plus triste et la plus dramatique que j'ai jamais connue. J'aimerais que la soirée d'hier (jeudi) ne se résume pas à la question» allez-vous virer Guy Lacombe ou n'allez vous pas virer Lacombe ? «C'est dérisoire par rapport à la mort d'un homme» , a affirmé le président.

Un bilan déprimant

Il est vrai que dans un tel contexte, la «gravité» de la situation sportive du Paris Saint-Germain est clairement à relativiser. Elle n'en reste pas moins préoccupante. Hormis la Coupe de France 2005 accrochée au palmarès, le bilan de Guy Lacombe, depuis son arrivée à la tête de l'équipe, a de quoi laisser perplexe. Avec 8 petites victoires en championnat sur les 33 matches de Ligue 1 disputés depuis décembre 2005, le PSG n'a rien d'un épouvantail. Neuvième au terme du précédent exercice, il pointe aujourd'hui à une bien triste 14ème place. En Coupe de l'UEFA, les coéquipiers de Pauleta ont sérieusement compromis leurs chances de passer la phase de poules. Sans oublier l'élimination subie à Lyon, en Coupe de la Ligue, en encaissant deux buts dans les deux dernières minutes. En bref, le chemin de croix continue pour l'entraîneur à moustache, que tout le monde voit déjà sur un siège éjectable. Ses choix contestés (Cissé arrière droit, Rozenhal à la récupération…) et sa réputation d'homme à poigne ne plaident pas en sa faveur. Pour l'instant, le président Cayzac a pris le parti de laisser le temps au temps. Une méthode qui a déjà fait ses preuves dans d'autres clubs. Mais le PSG n'est pas un club comme les autres. La moindre mauvaise passe déchaîne les passions, et le président aura du mal à rester éternellement sourd aux «Lacombe, démission» vociférés des tribunes.

Les raisons de cette dégringolade sportive, outre la méforme actuelle des cadres (Pauleta, pourtant buteur face à Tel Aviv, Armand, Kalou…) ou les déceptions du recrutement (Hellebuyck, Baning, Diané, Traoré…), ne se résument plus, dans l'esprit de Lacombe, à une poisse qui dépasse l'entendement ou à un arbitrage «anti-PSG» . L'optimisme hors sujet qui a fait suite au match contre Bordeaux (0-2) - «on est sur la bonne voie» - a fondu comme neige au soleil après la déroute israélienne subie par ses troupes. «Il faut arrêter de se plaindre et se mettre au travail sérieusement. On bosse beaucoup mais pour certains, quelques fois, en faisant semblant. C'est là le problème. Tout le monde doit se remettre en question dans ce club à ce niveau là. on n'a pas le "fighting Spirit" . Je suis désolé pour les gens qui viennent au stade, qui aiment le Paris-SG» , a regretté le coach parisien. Pour son capitaine, Pedro Miguel Pauleta, le constat est encore plus dur : «Certains joueurs n'ont pas le talent pour jouer au PSG» . Histoire de rajouter encore un peu d'huile sur le feu. Reste à éteindre le sinistre le plus rapidement possible. Dès dimanche, à Nantes, si possible. Histoire de finir sur une maigre note d'espoir une semaine à marquer d'une pierre noire.

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