Si pour Jean-Michel Aulas, président omnipotent des quintuples champions de France en titre, «la priorité numéro 1 est de remporter un 6ème titre» , personne n'est dupe. Le club lyonnais ambitionne cette saison de réussir enfin à décrocher la lune : la Ligue des Champions. Revue d'effectif.

Un bloc défensif en acier

L'adage est connu de tous : une bonne équipe n'existe qu'à partir d'une base défensive solide. L'Olympique lyonnais l'a compris. Lors de la dernière saison, l'OL a fini deuxième meilleur défense du Championnat avec 31 buts encaissés (contre 25 à Bordeaux). Lors de ses précédents sacres, les gones étaient tout aussi costauds défensivement. Les raisons de cette imperméabilité ? Un gardien de niveau mondial tout d'abord. Grégory Coupet aura vécu un été pour le moins contrasté. Vice champion du monde avec les Bleus, le portier lyonnais a néanmoins a vécu comme un traumatisme le choix de Raymond Domenech de confier le poste de numéro 1 à Fabien Barthez. A tel point que le mercredi 23 mai, le gardien lyonnais claque la porte du stage de Tignes. C'est Robert Duverne, préparateur physique de l'OL et des Bleus, qui le ramène à la raison et le convainc de faire demi-tour. A 33 ans, Coupet jouait très certainement sa dernière Coupe du monde. Il l'aura passé sur le banc. La saison lyonnaise se jouera en partie sur la capacité de son gardien à rebondir. Saura-t-il se remotiver ? Vivra-t-il dans le regret de cette Coupe du monde gâchée ? Pour Robert Duverne, aucun doute à avoir, Greg sera au top car pour lui, «c'est le meilleur gardien du monde» .

Devant Coupet, c'est la muraille de Chine. Le quatuor Réveillère – Cris – Caçapa – Abidal a fait la preuve de sa solidité la saison dernière. Réveillère devrait être bonifié par la concurrence de François Clerc et par la perspective de reconquérir une place en équipe de France. Cris, convoqué surprise pour la Coupe du monde, entend bien faire partie de la nouvelle Selecao de Dunga. Il sera cette année encore l'arme défensive numéro 1 de l'OL et avec un Cris au top de sa forme, Lyon peut voir venir. Cela tombe bien car "le Policier" a «vraiment envie de retrouver la compétition, elle [lui] manque.» Claudio Caçapa, le capitaine lyonnais, a du souci à se faire. Impérial quand il est sur le terrain, le Brésilien est un homme fragile et souvent absent. Pour compenser cette incertitude, le staff lyonnais a fait venir Sébastien Squillaci. En perte de vitesse à Monaco, "Toto" est à Lyon pour se relancer et retrouver sa place en équipe de France. Ses excellentes prestations lors des matchs amicaux de préparation mettent Caçapa sur la selette. Auteur d'un excellent mondial, Eric Abidal restera très certainement à Lyon, malgré les rumeurs l'envoyant ça et là. Paradoxalement, il peut représenter la faiblesse de cette arrière garde rhodanienne. Excellent la plupart du temps, le latéral gauche lyonnais souffre bien souvent d'un dilettantisme coupable. C'est lui qui oublie Andrey Shevchenko sur le deuxième but milanais qui élimine l'OL en quart de finale de la Ligue des champions. Pour espérer passer un cap, l'OL devra compter dans ses rangs un Abidal concentré 90 minutes. L'inattention coûte trop cher au haut niveau.

Un Milieu de terrain renforcé

C'est incontestablement la grande force lyonnaise. Diarra devant la défense, Tiago et Juninho devant lui pour presser et relancer le jeu. Peu d'équipes en Europe ont mieux à leur disposition. Aujourd'hui, il n'y a aucune raison de changer une formule gagnante. Mais demain ? Demain, Diarra ne sera peut être plus là. Courtisé assidûment par le Real Madrid, le Malien est dans l'expectative. Pierre angulaire du jeu lyonnais, son départ laisserait un trou béant au milieu de terrain. Pour le remplacer, les dirigeants lyonnais, comme à leurs habitudes, ont pris les devants. Jérémy Toulalan, meilleur espoir du championnat en 2004/2005 avec Nantes, est arrivé. Il représente assurément l'avenir du football français à son poste. Excellent lors des matchs amicaux des gones (un but et une passe décisive), Toulalan pourrait bien s'imposer s'il réédite ses performances. C'est en tout cas ce qu'il affirmait le jour de sa signature : «mon objectif est de m'imposer ici.» Une saison d'apprentissage aux côtés de Diarra lui serait néanmoins très profitable. En aura-t-il l'occasion ? La balle est dans le camp de Jean-Michel Aulas…

En plus de Tiago et pour épauler le maestro Juninho, absent pour les premiers matchs et souvent en difficulté quand arrive l'hiver, Gérard Houllier a tenu à rapatrier le Suédois de Rennes, Kim Kallstrom. Impressionnant lui aussi lors de matchs amicaux (deux passes décisives et un but) le gaucher devrait faire un bien fou au milieu de terrain lyonnais en permettant une rotation plus efficace que la saison dernière. Pedretti, lui, continuera de jouer les utilités…

Une attaque en question

Lyon a une nouvelle fois fini meilleure attaque du Championnat (73 buts) et pourtant la sempiternelle question de l'avant centre reste toujours d'actualité. Le fantôme d'Anderson rode toujours dans les travées de Gerland. Fred, pour sa première saison en Europe, a pourtant inscrit la bagatelle de 14 buts en 20 titularisations. D'ailleurs, Bernard Lacombe, l'indispensable bras droit du président Aulas, ne tarit pas d'éloge sur le jeune avant centre brésilien. «Je crois beaucoup en Fred. Après une première année où il a dû s'adapter, je pense qu'il peut réaliser quelque chose de très fort cette saison.» Et pourtant, l'OL reste à l'affût d'un grand attaquant, signe de la volonté du club de franchir un nouveau palier cette saison. Trézéguet plait beaucoup au staff lyonnais qui l'estime trop cher pour l'instant. Luca Toni est également une possibilité. A moins que les dirigeants lyonnais aient une autre piste secrète en tête… Toujours est-il que, avec ou sans nouvel avant centre, l'armada offensive de l'OL aura fière allure. Malouda, Wiltord, Carew, Benzema seront bien présents et Ben Arfa, à la fête lors des matchs amicaux (2 buts et 2 passes décisives en 4 matchs), semble vouloir enfin laisser éclore son immense talent.

Seule incertitude, le couloir droit lyonnais. Sidney Govou devrait quitter son club formateur. Un bon de sortie lui a été accordé. Pour le remplacer, deux noms reviennent avec insistance : Franck Ribéry et le Turinois Mauro Camoranesi. Dans les deux cas, l'OL enregistrerait une belle plus value sportive. Brillant mais irrégulier, le départ de Govou pourrait permettre à Lyon d'étoffer un peu plus sa palette offensive. La fougue et la folie de Ribéry ou l'expérience de Camoranesi ? C'est en tout cas l'un de ces ingrédients qui a fait défaut à l'OL lors de ses campagnes européennes. Cette intersaison 2006/2007 pourrait donc marquer une amélioration du secteur offensif lyonnais. Cela promet !

Un effectif stable et renforcé intelligemment, un entraîneur plus libre tactiquement, une saine concurrence et une expérience européenne toujours plus grande, l'OL a théoriquement toutes les cartes en main et semble prêt pour une grande saison. Après trois échecs consécutifs en quart de finale de la Ligue des champions, l'OL n'a jamais semblé aussi armé que cette année pour enfin passer le cap. Au terrain de rendre son verdict !

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