Depuis sa brillante qualification face au Werder Brême (3-0, 7-2) en Ligue des Champions, l'Olympique Lyonnais a pris une nouvelle dimension. Survolant le championnat et se plaçant comme un sérieux outsider en C1, Lyon possède incontestablement la meilleure équipe de son histoire. Panorama-scanner d'une formation que rien ne semble pouvoir arrêter.

L'Europe a peur. Que ce soit le Milan AC, Chelsea ou la Juventus, personne ne veut tomber sur l'Olympique Lyonnais en quarts de finale de la Ligue des Champions. Pourquoi ? Tout simplement parce que l'OL a impressionné tout le continent en huitièmes, réalisant deux prestations de très haut vol face au champion d'Allemagne brêmois. Pourtant, en début de saison, avec les départs conjugués de Dhorasoo, Edmilson, Luyindula, Carrière, Deflandre, Müller puis la grave blessure d'Elber, rien ne prédestinait cet OL à devenir la meilleure équipe française depuis les années OM puis PSG dans les années 90. Mais lorsqu'on y regarde de près, on ne décèle pas de faille dans le système lyonnais, des stars aux jeunes pousses en passant par l'encadrement technique et un président qui fait l'unanimité au moins par ses résultats. Cette équipe est toujours en mouvement et d'une qualité technique exceptionnelle. Pourtant, jusqu'ici, Lyon n'a pas gagné le coeur des français comme ont pu le faire Reims, Saint-Etienne, Marseille et le PSG dans les précédentes décennies, voire même Monaco l'an passé. Mais cela risque rapidement de changer, car cette équipe a des valeurs et un potentiel qui doivent rassembler le peuple de France derrière elle.

Juninho-Essien, la classe internationale

Chaque grande équipe a son joueur emblématique, et celui de l'OL se nomme Juninho Pernambucano. Au club depuis 2001, le milieu de terrain brésilien a connu les trois titres consécutifs de Lyon et n'y fut pas pour rien. Repositionné dans l'axe depuis deux saisons, Juninho peut donner la pleine mesure de son talent. Il récupère, relance, mène le jeu et peut être à la finition. Son jeu influe très souvent sur les résultats de son équipe. Mais ce qui fait la force et la réputation de l'ancien joueur de Vasco de Gama, c'est bien entendu son incroyable talent sur coup-franc. Sur ses 48 buts marqués pour l'OL toutes compétitions confondues, Juninho en a inscrit 19 sur coup-franc ! Une réussite décuplée cette saison, avec 7 coups-franc (plus 2 penalties) sur ses 12 réalisations depuis août dernier. Ce pied droit dévastateur fait aujourd'hui trembler tous les gardiens de France et d'Europe, qui ne savent pas comment stopper les coups de pied arrêtés du Brésilien. Autre preuve de l'influence de « Juni » , un seul (sur 48 !) de ses buts a été marqué au cours d'une défaite de l'OL (à Lille, 1-2, le 23 janvier dernier). Impressionnant. Et dire qu'il est le meilleur buteur de L1 de son équipe avec 10 buts.

Michael Essien, lui, est l'homme à tout (bien) faire de Lyon. Que ce soit en défense centrale, où il a effectué quelques matchs, ou au milieu de terrain, le Ghanéen explose littéralement cette saison. C'est clair, cet homme sait tout faire sur un terrain, du sauvetage sur sa ligne aux face à face avec le gardien adverse. Auteur de 8 buts depuis le début de la saison (dont 5 en C1), Essien est en plus devenu une alternative solide aux goleadors habituels de l'équipe. Le milieu de terrain est, à 22 ans à peine, un des tous meilleurs joueurs de Ligue 1, si ce n'est le meilleur. Par sa puissance physique (1m80, 78 kilos) et sa superbe technique, il est aussi imposant défensivement qu'imprévisible offensivement. Un monstre. Et Paul Le Guen a bien pris conscience de l'ampleur du phénomène, puisque Essien a disputé 39 rencontres (pour 3424 minutes) toutes compétitions confondues depuis le début de la saison sur les 42 jouées par l'OL… Des clubs étrangers ont déja les yeux rivés sur lui, et les offres de près de 25 millions d'euros pourraient affluer. Mais Lyon va "tout faire pour le conserver" dixit Jean-Michel Aulas.

Une défense intraitable

Au club depuis plus de huit ans, Grégory COUPET est la base de l'équipe lyonnaise. Son talent et son expérience sont et seront indispensables à l'OL en vue des échéances à venir. A 32 ans, le numéro 1 bis de l'équipe de France semble au sommet de sa carrière, et veut connaître la consécration suprême avec son équipe. Souvent déterminant, jamais mauvais, Coupet, même s'il a été blessé trois mois, a un rôle déterminant dans les résultats de Lyon. La défense peut avoir confiance sur son portier.

Son remplaçant Nicolas PUYDEBOIS a quant à lui prouvé qu'il méritait vraiment sa place dans l'effectif lyonnais. Sur les dix matchs qu'il a eu à disputer pendant l'absence de Coupet, le jeune gardien a fait mieux qu'assurer l'intérim, se montrant déterminant à plusieurs reprises pour sauver son équipe, notamment à Lens et à Bordeaux.

Tête d'affiche de la défense lyonnaise, qui n'a encaissé que 17 buts en 29 journées de championnat, CRIS est l'homme fort de l'arrière garde rhodanienne. Le défenseur brésilien, recruté pour pallier le départ d'Edmilson, a fait mieux que remplacer son prédécesseur. Par sa présence physique, son jeu sans fioriture et son expérience internationale, « le Policier » s'est imposé comme le maillon fort de la défense centrale en seulement quelques mois. L'OL ne s'est pas encore trompé dans son recrutement.

Anthony REVEILLERE, lui, renaît cette saison. En 2003-2004, l'ancien Rennais avait en effet alterné le bon et le très décevant alors qu'une place en équipe de France lui tendait les bras. Mais depuis le début de l'exercice actuel, le latéral droit livre des prestations excellentes. Il alterne parfaitement abattage défensif et débordements offensifs, ce qui en fait un membre indispensable de son équipe.

Arrivé de Lille l'été dernier, Eric ABIDAL dispose d'un niveau technique de niveau international. Il s'est imposé au poste de latéral gauche alors qu'il était venu pour jouer dans l'axe. Mais il y est habitué et vu les matchs pleins qu'il a réalisés avant et après sa vilaine blessure, Paul Le Guen n'est pas prêt de changer. Il préfère même positionner Essien en défense plutôt que de faire glisser Abidal au centre. Et on le comprend.

Le capitaine Claudio CACAPA, lui, n'a disputé que 16 matchs cette saison, puisqu'il s'est blessé le 30 octobre, et a rechuté juste après son retour à la mi-février. Mais le retour proche du défenseur brésilien devrait donner à l'OL une assise défensive d'une solidité à toute épreuve.

Recruté le 31 août pour « boucher les trous » , Lamine DIATTA a su profiter des blessures de ses coéquipiers pour jouer 23 rencontres (17 en L1, 6 en C1), la plupart au centre de la défense lyonnaise aux côtés de Cris. L'international sénégalais a été solide et discret, et prouve que les dirigeants de l'OL ne se sont pas trompés en l'engageant alors qu'il était libre. Il peut aussi évoluer sur le côté droit.

Enfin, Jérémie BERTHOD, qui avait acquis un statut de titulaire l'an passé, a certes perdu sa place, mais répond présent dès que son coach fait appel à lui. La blessure d'Abidal en fin d'année 2004 lui a permis d'enchaîner les matchs, et il a accepté sans broncher sa situation de remplaçant. Il a même pu inscrire son premier but en pro face au Werder sur penalty la semaine passée…

Un milieu de terrain solide et créatif

Ayant déjà parlé d'Essien et de Juninho, on ne peut pas oublier d'associer aux deux chefs d'orchestre lyonnais Mahamadou DIARRA. Placé un cran en dessous ses deux coéquipiers au milieu de terrain, le Malien donne la pleine mesure de son talent de récupérateur, de travailleur de l'ombre. Micoud l'a appris à ses dépens récemment. Depuis son arrivée au club, en 2002, Diarra est un titulaire indiscutable, et annihile la plupart des attaques adverses par son omniprésence et ses trois poumons. Une perle.

Arrivé l'an passé chez les champions de France, Florent MALOUDA confirme et poursuit sa progression linéaire sans faire de bruit. Il est pourtant le troisième joueur le plus utilisé par Paul Le Guen depuis le début de la saison, et justifie cette confiance à chaque match. Sur son côté gauche, le Guyanais percute, dribble, combine, passe et marque (6 buts toutes compétitions confondues). Il est devenu international en fin d'année 2004, et on devrait le revoir rapidement sous le maillot Bleu.

Jérémy CLEMENT ne pensait être que le quatrième milieu défensif de l'effectif lyonnais en début de saison. Mais le départ de Balmont à Nice a propulsé le jeune international Espoirs en joker très utile pour Paul Le Guen. Assurément, Clément représente l'avenir de l'OL, et a déjà gagné le coeur des supporters en égalisant à la dernière seconde à Monaco (1-1).

Nommé capitaine depuis les blessures de Caçapa et Coupet, Sidney GOVOU (5 buts en L1) a incontestablement pris une nouvelle dimension cette saison. Il a laissé au placard son irrégularité qui faisait sa faiblesse par le passé, et ses débordements et son envie en font un incontournable pour son entraîneur. Il est souvent dans tous les bons coups, et a retrouvé un niveau qui en fait un sérieux candidat à l'équipe de France. Quel but inscrit lors de la 29eme journée contre Istres ! Sidney est devenu décisif et indispensable dans le schéma de jeu de Paul Le Guen.

Une attaque flamboyante

Même s'il n'y a plus de buteurs type Anderson ou Elber, l'OL dispose de la meilleure attaque de Ligue 1 (41 buts) et de la Ligue des Champions.

Sylvain WILTORD est, avec Coupet et Juninho, le seul trentenaire de l'effectif de Lyon. Mais sur un terrain de football, l'ancien Gunner est loin de donner des signes de vieillesse. Toujours aussi rapide et déroutant, Wiltord s'est redécouvert des talents de buteur qu'il n'avait plus connu depuis son époque bordelaise. Son replacement au poste d'avant-centre en est la principale explication, puisqu'il fait des merveilles avec les bons ballons de ses coéquipiers. Et son expérience est un vrai luxe pour Paul Le Guen.

Cela va peut-être vous étonner, mais Pierre-Alain FRAU est le seul Lyonnais à avoir disputé toutes les rencontres de son club cette saison, soit 42 matchs. Alternant avec plus ou moins de bonheur entre le statut de titulaire et celui de remplaçant, l'ex-Sochalien est peut-être le seul joueur à ne pas évoluer à son niveau de la saison passée (17 buts), puisqu'il n'a inscrit que 5 buts en L1 depuis août dernier (plus 2 en Ligue des Champions). Mais « PAF » est un danger permanent pour l'adversaire, et ce rôle de joker peut lui aller comme un gant.

Recruté suite à la grave blessure de son compatriote Giovane Elber, Honorato Da Silva NILMAR marche par deux. Pour sa première apparition, il a en effet inscrit un doublé à Rennes (2-1), puis a réalisé deux doublés en Ligue des Champions, face à Fenerbahçe (4-2, c'est lui qui offre la qualification à l'OL) et au Sparta Prague (5-0). A part ça, aucun but et un temps de jeu réduit, puisqu'il n'a débuté que 8 rencontres sur les 31 qu'il a disputées. Mais c'est assurément une valeur d'avenir.

Pur produit du centre de formation olympien, Bryan BERGOUGNOUX a connu une période très faste en janvier-février, avec 4 buts en 6 matchs de championnat. Cependant, à 22 ans, le buteur en chef des Espoirs souffre toujours de la forte concurrence en attaque, mais Le Guen compte sur lui et son attachement à l'OL devrait l'aider à patienter. C'est le chef de file de la nouvelle génération lyonnaise.

Les jeunes sont prêts

Même si les exemples de Bréchet, Govou ou Berthod étaient assez convaincants, Lyon n'avait, avant cette saison, pas vraiment la réputation d'un club formateur. Mais un match a fait changer cette réputation. Lors du sixième et dernier match de Ligue des Champions, face au Sparta Prague, Paul Le Guen avait décidé de faire tourner son effectif. Résultat, les jeunes pousses de l'OL, emmenés par Bergougnoux et Clément, ont étrillé le champion de République Tchèque 5 buts à 0. Ce soir là, Yohan GOMEZ (23 ans), Johann TRUCHET (21 ans) et Sylvain IDANGAR (20 ans) étaient à la fête. Ce dernier s'est même permis d'inscrire un but pour sa première apparition chez les pros. En championnat, on a également eu le loisir de découvrir Karim BENZEMA (17 ans) à quatre reprises. Ce jeune attaquant fougueux a même réalisé un passe décisive précédée d'un coup du sombrero pour son premier match face à Metz (2-0).

Mais la véritable perle du centre de formation estampillé OL est incontestablement Hatem BEN ARFA, tout juste 18 ans mais déjà star. Pré-formé à l'INF Clairefontaine, Ben Arfa a remporté l'Euro 2004 des moins de 17 ans, et a disputé 11 matchs depuis le début de la saison, et ce total aurait pu être bien plus significatif sans un triple fracture de la clavicule subie à Lille en Coupe de la Ligue le 10 novembre. Remis de cette blessure, il espère faire trembler les défenses adverses le plus souvent possible, car ses potes Nasir (OM) et Menez (Sochaux) sont déjà bien installés dans leur équipe respective.

Un encadrement plein de flair

A Lyon, le plus impressionnant est qu'il n'y a pas un poste, que ce soit sur le terrain ou en dehors, où l'on peut déceler une petite faille. A commencer par le président, Jean-Michel Aulas. Arrivé à la tête du club en 1987, il a fait de l'OL le meilleur club de France et une référence en Europe. Et s'il est vrai qu'à Lyon il a eu le temps qu'il voulait pour parvenir à ses fins, il a surtout réussi à donner à son club une progression linéaire et sans fausse note (excepté peut-être quelques éliminations prématurées en Coupe d'Europe). Aulas a également parfaitement réussi à s'entourer, puisque ses entraîneurs ne sont que des références, de Domenech à Le Guen en passant par Tigana, Stéphan, Lacombe et Santini. Même s'il est loin de faire l'unanimité en France, ses résultats parlent pour lui : un titre de champion de D2 (1989), une Coupe de la Ligue (2001), trois titres de champion (2002, 2003, 2004) et six qualifications consécutives pour la Ligue des Champions. Aulas est sans doute le plus grand dirigeant depuis Bernard Tapie et Michel Denisot, il lui manque juste une Coupe d'Europe pour les égaler. Il a d'ores et déja précisé "Si on veut progresser en 2006, il faut garder les meilleurs joueurs et je peux vous dire que Juninho et Essien seront Lyonnais l'an prochain." Mais JMA ne s'arrête pas là "on peut déjà préparer l'avenir en faisant signer à nouveau des joueurs déterminants". JMA n'a réalisé que peu d'erreurs. Ses choix ont souvent été judicieux, c'est l'homme fort de l'OL.

Paul Le Guen, lui, est sans doute le meilleur entraîneur qu'ait connu Lyon. Arrivé en 2002 au lendemain du premier titre du club, l'ancien coach du Stade Rennais a su apporter la continuité nécessaire à l'OL pour rafler deux nouveaux titres, et est très bien parti pour en remporter son troisième. Le Guen allie parfaitement rigueur et plaisir, et a réussi à associer des jeunes formés au club aux valeurs sûres de l'effectif. La seule interrogation à son sujet concerne son avenir. En fin de contrat en juin prochain, Le Guen a vraisemblablement deux choix devant lui : prolonger à Lyon ou tenter l'aventure au PSG, le club où il a tout gagné en tant que joueur, qui lui fait les yeux doux. Mais le Breton peut très bien décider de s'accorder une année sabbatique, comme il l'a fait après son départ de Rennes. Et connaissant l'homme, on peut être sûrs qu'on ne saura rien avant la fin de la saison.

Il ne faut enfin pas oublier d'associer à Aulas et Le Guen les membres du staff technique, qui jouent eux aussi leur rôle. De Bernard Lacombe (conseiller du président et recruteur, c'est notamment lui qui a fait venir Juninho, Caçapa, Nilmar et Cris à Lyon) à Joël Bats (entraîneur des gardiens, son arrivée en 2000 coïncide avec la montée en puissance de Grégory Coupet), en passant par Yves Colleu (entraîneur adjoint), Robert Duverne (préparateur physique) ou Rémi Garde (cadre technique), tous font bien leur travail et ont permis à l'OL d'être où il en est et de lorgner vers un quatrième titre en France et un premier titre européen.

De plus en plus impressionnant au fil des années, l'Olympique Lyonnais peut sérieusement espérer faire un gros coup à la fin de la saison. Grâce à son collectif sans faille, son encadrement très efficace, et un peu de réussite, pourquoi ne verrait-on pas Lyon champion d'Europe en mai ?

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