Après une trêve bien méritée, les joueurs européens reprennent peu à peu les chemins des stades. Malgré tout, cette petite pause nous a permis de dresser un bilan. Comment se sont comportés les Frenchies de l'étranger depuis le début de la saison ? Maxifoot vous livre son choix des meilleurs joueurs français, mais aussi des plus grosses désillusions dans les championnats anglais, italien, espagnol, et allemand. Second volet : La Liga et les autres Horizons.

A l'affiche : Mohamed Lamine Sissoko (FC Valence)

Difficile de définir aisément la plus cotée des valeurs françaises. A l'heure actuelle, trois français s'illustrent de l'autre côté des Pyrénées, dans les trois meilleures formations ibériques : Zinedine Zidane au Real, Ludovic Giuly au Barça et «Momo» Sissoko à Valence. Et c'est au dernier de cette liste que revient l'honneur de figurer à l'affiche du bilan de ce début de saison. Le franco-malien, arrivé en 2003 sur la Costa Blanca en provenance d'Auxerre, s'impose au fil des mois comme une pièce maîtresse du dispositif tactique du champion d'Espagne. Et cela à seulement dix-neuf ans ! Quelques mois après son arrivée, Rafa Benitez disait de lui : «Mohamed Sissoko est un futur Patrick Vieira. Il possède une puissance physique et une technique hors normes. Avec l'expérience, il deviendra un très grand joueur» . Une analyse dont un grand nombre de joueurs aimerait être le sujet. Vingt et un matchs sous le maillot blanc la saison dernière avaient fait naître un grand espoir du football africain -Sissoko a décidé de représenter le Mali en sélection nationale-, et onze matchs cette saison l'ont confirmé à ce niveau. A noter que l'international malien, blessé au genou depuis début décembre, ne sera pas de retour avant le mois de février. Un retour qu'il pourrait faire en coupe de l'UEFA, compétition chère à la formation du Levant puisqu'elle est détentrice du trophée.

Les autres satisfactions

Bien sûr, et c'est un classique, Zinedine Zidane reste l'ambassadeur emblématique du football français sur la péninsule ibérique. Il est toujours aussi indispensable dans l'entrejeu des galactiques madrilènes. Handicapé en début de saison par une blessure, l'ancien bordelais avait manqué la reprise et, par conséquent, n'a pu être aligné qu'onze fois cette saison. Onze matchs pour onze titularisations et deux buts ! Un bilan tout à fait dans ses habitudes puisque la saison dernière, il avait marqué exactement trois fois plus de buts en trois fois plus de matchs (33 matchs pour 6 buts). A trente-deux ans, «Zizou» continue de faire perdurer l'image de cette génération 98 et représente au mieux le football français chez notre voisin du sud-ouest !

Et cette liste se clôt avec un nouveau venu au sein de la Liga. En provenance de Monaco, Ludovic Giuly est arrivé chez les «blaugranas» auréolé d'un magnifique titre de vice champion de France et d'une très belle place de finaliste de la Ligue des Champions. Et que dire de la malédiction qui pesait sur les frenchies de Barcelone ! Philippe Christanval, Frédéric Dehu, Christophe Dugarry ou encore Richard Dutruel sont tous passés par la case Camp Nou sans connaître le succès. Et pourtant, loin du scepticisme de certains journalistes et supporters monégasques, Ludovic Giuly s'est taillé une place de choix au sein du milieu blaugrana. Avec 9 matchs et deux buts, le petit meneur de jeu des Bleus a su se montrer à son avantage, mais a manqué pas mal de rencontres suite à une accumulation de petites blessures. Quoi qu'il en soit, il semble que Giuly soit en passe de briser la malédiction. Et c'est tant mieux !

Entre deux

Ludovic Delporte est l'un des deux joueurs qui intègrent cette rubrique entre-deux. Le milieu d'Osasuna, bien que comptant quinze participations cette saison à son actif, n'a été titularisé qu'a cinq reprises. L'ancien Lensois, arrivé cet été d'Albacete, a donc participé au bon parcours du club basque en championnat (6e), mais sans pour autant se montrer indispensable à la formation de Javier Aguirre. C'est donc un avis mitigé qui ressort de ce début de saison, mais Delporte n'a que 24 ans et nul doute qu'il aura de plus amples opportunités pour faire ses preuves et s'imposer dans son club dans les mois à venir.

Peter Luccin est l'autre frenchie qui partage les avis. D'un côté, l'ancien parisien semble satisfaire ses dirigeants, puisqu'il a été aligné à treize reprises cette saison, mais de l'autre, il ne parvient pas à apporter ce petit plus qui ferait décoller l'Atletico Madrid du ventre mou de la Liga (9e place à 17 points du leader Blaugrana). Il réalise donc une saison satisfaisante, sans aucun remous, à l'image de ses trois dernières années passées au Celta Vigo. A 25 ans, Peter Luccin, que l'on voyait comme un grand avenir du football français, tarde à concrétiser les espoirs placés en lui. Y parviendra-t-il seulement un jour ?

Les déceptions

La plus grosse désillusion de ce début de saison est assurément Jérémie Bréchet. Alors que l'on lui prédisait un avenir des plus glorieux après cinq saisons passées à s'aguerrir au sein de l'effectif lyonnais, voici que le talentueux défenseur de la Real Sociedad n'en finit plus de se perdre. Après une saison ratée à l'Inter Milan (9 matchs disputés), c'est une blessure qui a écarté l'ancien gone des terrains. Bréchet, absent depuis la troisième journée, ne devrait pas retrouver les terrains avant février prochain. Avec un gros challenge à la clé : participer activement au redressement du club, qui pointe à une peu glorieuse 11e place.

Autre déception, et pas des moindres, c'est Stéphane Pignol. Cette saison, le défenseur est à l'image de son club, transparent. Numancia, dernier du championnat, possède la plus mauvaise défense de la Liga avec 29 buts encaissés en 18 matchs, et le joueur français, avec 14 rencontres à son actif, n'y est pas totalement étranger. Nul doute qu'à 27 ans, le plus espagnol des Français (Pignol, né à Aubagne, évolue depuis ses débuts dans les championnats ibériques), aura à coeur de trouver un moyen pour relancer sa carrière. Sinon, il rejoindra de nouveau la D2, comme ce fut déjà le cas de 1998 à 2004.

Enfin, pour clôturer cette page espagnole, un point sur le dernier frenchie d'Espagne, Laurent Viaud. A 35ans, le milieu d'Albacete pourrait bien arrêter sa carrière à la fin de cette saison. Titularisé seulement cinq fois cette saison, il ne semble plus vraiment entrer dans les plans de José Gonzalez. Albacete, 16e de Liga, lutte actuellement contre la relégation. Une lutte à laquelle l'ancien monégasque apparaît de moins en moins enclin à se mêler.

Les autres Horizons

A l'affiche : Johan Micoud (Werder Brême)

A 31 ans, Johan Micoud semble encore bien loin de raccrocher les crampons. Il était l'un des principaux artisans du doublé brêmois la saison passée, et cette année, il est encore l'une des pièces maîtresse de l'entrejeu du Werder. Seize titularisations et six buts, c'est une performance plus qu'honorable pour un milieu de terrain. Et Thomas Schaaf, son entraîneur, avec qui les relations ne sont pourtant pas au beau fixe, ne s'y est pas trompé, le qualifiant sobrement de «super joueur» dans la presse allemande. Pour l'anecdote, Micoud avait tenu des propos tendancieux à la presse allemande à l'égard des méthodes de son entraîneur, notamment quant au rythme des entraînements, mais avait prétexté des malentendus avec le traducteur. Toujours est-il qu'aujourd'hui, l'ancien bordelais s'affirme comme l'une des stars de Bundesliga, et qu'il devrait grandement contribuer à sauver la saison du Werder, actuellement 5e du championnat à 6 points du Bayern Munich, solide leader.

Les autres satisfactions

L'une des autres satisfactions de ce début de saison vient aussi du Werder, puisque c'est Valérien Ismaël qui intègre ce classement. L'ancien Strasbourgeois, passé de l'autre côté du Rhin la saison passée, s'était très vite imposé comme l'un des piliers défensifs de la formation de Schaaf. Un statut que le technicien allemand reconnaît : «Valérien est une tour de défense, doté notamment d'une très bonne relance. Il a su se rendre indispensable au groupe.» Et les chiffres viennent appuyer cette analyse : dix-sept titularisations pour deux buts en Bundesliga, et cinq matchs pour un but en C1. A 29 ans, le défenseur qui avait failli devenir Qatari en mars dernier, sera-t-il un jour appelé en équipe de France ? Voilà une question qui n'a de réponse que dans l'esprit du sélectionneur des Bleus, Raymond Domenech.

La troisième satisfaction de ce classement des «autres Horizons» , c'est une nouvelle fois un défenseur, en la personne de Jean-Alain Boumsong. Le jeune joueur des Glasgow Rangers (26 ans) a réalisé une première partie de saison solide avec le club écossais, foulant les pelouses à dix-huit reprises et inscrivant même deux buts. Il laissera donc un bon souvenir au public de l'Ibrox Stadium puisqu'il a déjà quitté son club, signant un contrat avec le club anglais de Newcastle. Un transfert qui, selon l'intéressé, lui laisse autant de satisfactions que de regrets : «Je suis content de signer à Newcastle, mais en même temps, il y a de la tristesse vis-à-vis des gens qui m'ont accueilli et supporté aux Rangers. C'est donc un double sentiment qui m'habite. En arrivant à Glasgow l'été dernier, je pensais vraiment rester longtemps, c'est pour ça que j'avais signé un contrat de cinq ans. Je n'avais vraiment pas programmé de partir si vite.» L'ancien auxerrois aura donc l'occasion de prouver en Premier League que son état de forme n'est pas qu'une passade.

Entre-deux

Guy Demel, le milieu du Borussia Dortmund, est l'un des seuls joueurs à émerger du collectif des jaunes et noirs. Actuellement, le club traverse une grave crise et pointe à une étonnante 14e place, à quatre points de la relégation. Difficile de se montrer à son avantage dans cette situation. Et pourtant, Guy Demel reste l'un des rares joueurs qui tente de faire évoluer le jeu et de tirer l'équipe vers le haut. Malgré tout, le joueur ne semble pas encore avoir acquis toute la confiance de son entraîneur, Bert Van Marwijk, puisqu'il n'a été titularisé que neuf fois, pour seulement dix matchs disputés. A 22 ans, l'ancien gunner semble manquer encore un peu d'expérience, mais il reste toutefois l'un de meilleurs joueurs de Dortmund à la mi-championnat.

L'autre «entre-deux» de ce classement est Régis Dorn (Fribourg). L'attaquant strasbourgeois tarde, en effet, à s'imposer dans son club. Avec trois titularisations pour douze matchs disputés, il fait sans conteste office de joker plus que de pilier. Régulièrement barré par Alexander Laschwili et Ellery Cairo, il n'a pu inscrire que deux buts cette saison. Mais nul doute que devant l'inefficacité offensive du club allemand, (avant dernière attaque du championnat) le joueur aura sa chance pour prouver qu'il est en mesure de s'imposer dans une équipe, sauf miracle, d'ores et déjà condamnée à la deuxième division. D'autant plus que l'ancien Strasbourgeois est encore jeune, à peine 25 ans…

Les déceptions

Difficile de parler de déception sans évoquer le cas Warmuz. Car s'il est un joueur qui n'en finit plus de décevoir, c'est bien le portier du Borussia Dortmund. Bien sûr, il n'est pas le seul responsable de la déchéance de son équipe, mais il faut bien reconnaître que l'ancien Lensois a été rarement décisif cette saison. Avec huit titularisations à son actif, il n'a pas su enrayer la spirale infernale dans laquelle le Borussia était en train de sombrer. Aujourd'hui, Guillaume Warmuz n'a même plus l'assurance d'être titulaire dans son club, puisque Weidenfeller, l'autre gardien de Dortmund, semble trouver un peu plus grâce aux yeux de Bert Van Marwijk, le technicien du club.

Et enfin, c'est Julien Escudé (Ajax Amsterdam), qui clôture ce bilan. C'est une déception sans en être une, puisque le français continue de porter le maillot de l'Ajax assez fréquemment (neuf titularisations). Néanmoins, après la saison exceptionnelle qu'avait réalisé le premier français à porter le mythique maillot rouge et blanc, il était légitime de s'attendre à le voir progresser encore plus cette année. Julien Escudé réalise une bonne saison, mais on attendait tellement plus… Peut-être en seconde partie de saison.

Voici donc pour ce bilan des performances des Frenchies de l'étranger, au sein de la Liga espagnole et des autres championnats européens. A la semaine prochaine, pour le retour de l'ancienne formule des Frenchies.