Quatrième du championnat. Qualifié pour les huitièmes de finale de la Ligue des Champions, après des victoires sur La Corogne et Liverpool. La première partie de saison de l'AS Monaco est somme toute relativement satisfaisante pour une équipe au secteur offensif remanié dans sa quasi-totalité lors de l'intersaison.

Après une superbe mais vierge saison 2003-2004, qui avait vu l'AS Monaco terminer troisième du championnat et se hisser jusqu'en finale de la Champion's League, on attendait les hommes de Didier Deschamps au tournant pour cette saison. Morientes, Prso, Giuly, Rothen partis, c'est tout le secteur offensif de l'ASM qu'il fallait reconstituer. Les arrivées de Javier Chevanton (Lecce), de Mohammed Kallon (Inter Milan) puis celle, plus tardive de Javier Saviola (FC Barcelone), devaient permettre aux vices champions d'Europe de continuer de mener la vie dure aux défenses hexagonales et européennes. Le secteur défensif restait quant à lui similaire à celui de l'exercice écoulé, avec pour seul changement notoire le départ d'Ibarra, le talentueux latéral droit argentin, supléé par le prometteur Brésilien Maicon. Ces nouvelles recrues, ajoutées à la solide base conservée par Deschamps (Squillaci, Givet, Evra, Rodriguez, Bernardi, Zikos, Roma), laissait penser que Monaco aurait encore un rôle prépondérant à jouer lors de cette saison. Restait à trouver l'alchimie, ce qui a été plus délicat que prévu. Retour sur un début de saison mouvementé.

Un parcours en dents de scie

Les débuts de l'ASM nouvelle version en championnat sont encourageants. Les coéquipiers de Roma attaquent le championnat par deux victoires à Saint-Etienne (1-0) et face à Istres (2-1), deux anciens pensionnaires de Ligue 2. Si le jeu produit n'est pas encore au niveau de celui de la saison précédente, Monaco se fait déjà respecter par les équipes réputées inférieures. Après un premier accroc sans gravité chez le surprenant promu caennais (0-1), les Monégasques enchaînent par la suite cinq matches sans défaite (victoires sur Strasbourg et Nantes, ainsi qu'à Paris, nuls à Lens et Lyon) qui l'installent sur le podium, voire à la première place. Ces bons résultats ne cachent cependant pas les difficultés d'une équipe monégasque qui tarde à trouver ses marques offensivement, et qui doit parfois son salut à une réussite insolente. Par exemple, lors du match contre Nantes (2-1), les Monégasques marquent deux buts chanceux sur leurs seules occasions de la partie, et ne doivent leur victoire qu'à un grand Flavio Roma, énorme face aux multiples tentatives nantaises. Chevanton perturbé par des blessures après un bon début, Saviola cherchant encore ses marques, Kallon efficace mais trop individualiste, les Monégasques doivent en partie leurs bons résultats à l'éclosion d'Emmanuel Adebayor, auteur de plusieurs buts importants. Les Monégasques empilent ainsi péniblement 10 buts lors des huit premières journées (16 en 2003-2004) leur permettant de comptabiliser cinq victoires, deux nuls et une seule défaite. Ces faiblesses offensives sont masquées par une défense toujours efficace (5 buts encaissés lors des huit premières journées, aucun match sans encaisser plus d'un but).

C'est alors que la neuvième journée voit un tournant s'opérer pour une machine monégasque plus besogneuse que virevoltante. Le 2 octobre, les joueurs de Deschamps reçoivent une équipe de Nice réputée pour sa solidité, mais coincée dans le ventre mou de la Ligue 1. Les Monégasques font un début de match tonitruant, et mènent 3-0 à l'heure de jeu. C'est alors que l'impensable se produit. La belle machine se dérègle totalement face aux coups de boutoir de l'attaquant nigérian de l'OGC Nice, Victor Agali. Celui-ci plante trois buts assassins avant que Vahirua ne porte l'estocade à dix minutes de la fin (3-4). Cette défaite ahurissante plonge les joueurs de la principauté dans une longue période de doute en championnat. Les Monégasque enchaînent cinq nuls de suite avant de subir une nouvelle déconvenue à domicile, face à Sochaux (1-3), qui les chasse des places européennes. Les dents commencent alors à grincer chez les tauliers de la maison (Zikos, Evra), qui reprochent aux joueurs offensifs de ne pas défendre suffisamment. Didier Deschamps, conscient qu'une formule à quatre joueurs offensifs est inadaptée au profil de ses joueurs, décide alors de revenir à trois milieus récupérateurs, et accorde sa chance en attaque au duo Chevanton-Saviola, soutenu par Kallon ou Farnerud. Utilisée en Ligue des Champions, cette formule est reconduite en championnat, avec à la clé deux victoires (Rennes et Bastia, après deux mois de disette en championnat) et un nul (Bordeaux, 1-1 après un match totalement dominé par les Monégasques). Ces bons résultats permettent à l'ASM de remonter à la quatrième place, à neuf longueurs du leader lyonnais (six de Lille et deux d'Auxerre). Ce qui est beaucoup et peu à la fois, si l'on se souvient que la saison dernière, les Monégasques comptaient dix points d'avance sur les Lyonnais avant de se faire rejoindre. Les joueurs de Deschamps ont donc réussi à rester dans le wagon de tête malgré une longue période de tatonnements. Les derniers matches de l'ASM ont en outre montré que cette équipe était en passe de trouver son style, fait de combinaisons dans l'axe et d'un jeu offensif plus écarté par la montée des libéraux (Maicon et Evra, libérés par l'activité des trois travailleurs du milieu). La deuxième partie de championnat pourrait ainsi être plus régulière.

Elle le sera néanmoins seulement si les Monégasques parviennent à conjuguer leur lutte pour le titre avec la Ligue des Champions. Toujours en course, les Rouge et Blanc ont une nouvelle fois brillé dans cette compétition. Le tour préliminaire passé sans encombre (3-0 et 6-0 contre les modèstes Slovènes du Nova Gorica), les Monégasques attaquent néanmoins leur poule qualificative pour les huitièmes de finale par une piteuse défaite (0-2) sur le terrain du Liverpool de Djibril Cissé (auteur du premier but). La réaction est immédiate, et La Corogne et Olympiakos viennent s'incliner à Louis II, propulsant ainsi les Monégasques en tête de leur groupe à mi-parcours. Mis en danger par une défaite concédée dans les derniers instants au Pirée, face à l'Olympiakos (0-1), les hommes de Deschamps gagnent à l'arraché face à Liverpool en Principauté (1-0), grâce à un but litigieux de Saviola qui les remet en selle pour la qualification. Celle-ci est obtenue brillamment sur le terrain de la Corogne (5-0). Les pauvres Galiciens passent encore une bien mauvaise soirée face aux coéquipiers d'un Chevanton retrouvé, auteur d'un but et de trois passes décisives. Ce match reste à ce jour comme le plus accompli de la saison pour les joueurs de Deschamps, un déclic qui s'est ressenti sur leurs performances en championnat. Avec quatre victoires et deux défaites, les coéquipiers de Saviola terminent premier de leur groupe, ce qui n'est pas rien, et affronteront les Néerlandais du PSV Eindhoven, qu'ils avaient éliminé la saison dernière en poules.

Par ailleurs, les Monégasques sont toujours en course en Coupe de la Ligue, après avoir éliminé Sedan et Guingamp, clubs de Ligue 2. Ils affronteront Montpellier en quarts de finale.

Des joueurs qui peuvent donner plus

L'AS Monaco dispose encore cette saison d'un des effectifs les plus riches du championnat de France en qualité supposée. Beaucoup de ses joueurs sont internationaux ou presque (Roma vient d'être convoqué pour la première fois en équipe d'Italie) et disposent d'une carte de visite prestigieuse. Pourtant, beaucoup n'ont pas été totalement à la hauteur de leur réputation. Parmi les anciens de l'équipe, Patrice Evra ne parvient pas à retrouver son niveau de la saison dernière, et pêche par son irrégularité. Le jeune latéral gauche, encore perfectible, doit encore apprendre à tempérer ses montées offensives, par ailleurs moins tranchantes qu'auparavant. Sa saison comporte néanmoins quelques prestations réussies. Son penchant à droite, le Brésilien Maicon, présenté comme le nouveau Cafu, a lui aussi tendance à oublier qu'il est avant tout un défenseur. Redoutable dribbleur et fin technicien, parfois buteur, il a en revanche tendance à laisser son flanc droit relativement accessible. En progrès depuis quelques matches, il doit lui aussi gagner en rigueur. En attaque, c'est Javier Chevanton qui n'apporte pas encore ce qu'on est en droit d'attendre de lui. Ses 4 buts en 14 rencontres de championnat contrastent avec ses 19 buts en Série A italienne la saison dernière. Mieux depuis quelques rencontres en raison de son entente avec Saviola, l'Uruguayen doit encore être plus efficace. Lors du dernier match de son équipe face à Bordeaux, il a échoué lors de ses trois face à face avec Ulrich Ramé. Sa prestation face à la Corogne en Ligue des Champions prouve cependant qu'il a les moyens de s'affirmer comme un pion essentiel de l'équipe de la principauté.

Son compère de l'attaque, Javier Saviola, a connu lui aussi des débuts difficiles au sein de sa nouvelle équipe. Après un but pour son premier match (face à Strasbourg, 3-1), le petit Argentin a eu du mal à trouver ses marques, puis a progressivement pris de l'importance dans le dispositif monégasque. Ses prises de balles, sa justesse de passe et son sens du but font de plus en plus de bien aux Rouge et Blanc. Auteur de quatre buts en cinq rencontres de Ligue des Champions, le joueur prêté par le Barça doit en revanche se montrer plus productif en championnat (3 petits buts en 12 rencontres). Son coéquipier de l'attaque Mohammed Kallon a le problème inverse. Attaquant de pointe de formation, il est utilisé comme milieu offensif par Deschamps, et ne parvient pas à réellement peser sur le jeu et à servir ses attaquants dans de bonnes conditions. L'ancien Intériste comble néanmoins ces lacunes par une belle efficacité devant le but, comme le prouvent ces huit réalisations en 16 matches de championnat. Toujours au rayon des «oui, mais…» , Lucas Bernardi a connu un début de saison perturbé par les blessures, mais reste néanmoins précieux à chacune de ses apparitions. Ses coéquipiers de l'entrejeu Perez et Farnerud, titulaires par intermittence, font un travail considérable dans la récupération mais pêchent dans l'animation du jeu.

Enfin, parmi les réelles satisfactions de ce début de saison, le gardien italien Flavio Roma a sauvé son équipe à maintes reprises par ses parades et ses sorties aériennes, et a une fois de plus prouvé qu'il est un grand gardien. Sa charnière centrale, composée de Gaël Givet et de Sébastien Squillaci est également à créditer d'un bon début de saison, malgré quelques rares faux pas (Nice, Sochaux). Titulaires en équipe de France, les deux compères apportent à Didier Deschamps des garanties de sécurité appréciables. Devant eux, le Grec Zikos fait toujours merveille dans son rôle de râtisseur. Enfin, en attaque, Emmanuel Adebayor a pris du galon dans cette équipe grâce à quelques prestations de haut vol, comme face à La Corogne ou au Paris Saint-Germain. Avec six buts en championnat, il est le deuxième meilleur réalisateur monégasque. Son bon début de saison n'a néanmoins pas suffi à lui assurer une place de titulaire, et il pâtit actuellement de la réussite du duo Chevanton-Saviola.

Enfin, Nonda, Plasil et Rodriguez, blessés, ont trop peu joué pour que l'on puisse évaluer leur début de saison.

Malgré quelques remous, la galère monégasque tient toujours la route. Sa recherche identitaire n'est pas encore achevée, mais les progrès sont de plus en plus flagrants. Voilà qui est rassurant avant un mois de janvier crucial, que les joueurs de Deschamps devront bien négocier pour rester au contact, voire se rapprocher de la première place du championnat.

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