La saison dernière, le FC Sochaux s'était classé cinquième de Ligue 1 et avait remporté la Coupe de la Ligue. Une réussite exemplaire qui demandait confirmation. Or, après les départs de Benoît Pedretti, de Pierre-Alain Frau ou de Maxence Flachez, la tâche s'annonçait difficile. Mais après 13 journées de championnat, Sochaux occupe une convaincante 4ème place au classement et semble en passe de relever le défi.

Des ambitions revues à la baisse

Le FC Sochaux s'est hissé en Première Division à l'issue de l'exercice 2000-2001, qui l'avait couronné champion de France de L2. Dès sa première saison parmi l'élite, l'équipe sochalienne, alors entraînée par Jean Fernandez, décroche une belle 8ème place. Guy Lacombe succède à l'actuel coach messin en 2002 et atteint à deux reprises la 5ème place du classement. La récompense suprême intervient le 17 avril dernier au Stade de France, lorsque les Doubistes remportent face à Nantes la Coupe de la Ligue (1-1, 5 t.a.b. à 4) : c'est le premier trophée majeur du FC Sochaux-Montbéliard depuis le titre de champion de France 1938 ! Cet état de grâce ne va hélas pas durer. Après trois années au bercail, il est temps pour les jeunes talents formés au club de rejoindre des effectifs plus huppés. L'international Benoît Pedretti, capitaine de l'équipe, courtisé par Lyon, Paris et Marseille depuis l'été 2003, choisit l'OM au mois de juin. Son coéquipier Pierre-Alain Frau, auteur de 40 buts en trois saisons sous le maillot Rouge et Jaune, signe lui à l'OL. Le joker de luxe Mikaël Pagis s'engage en faveur de Strasbourg, avec la garantie d'un temps de jeu plus important. Enfin, et c'est plus inattendu, le pilier de la défense et nouveau capitaine Maxence Flachez relève le défi guingampais, en Ligue 2. A ces départs s'ajoute la blessure précoce de l'Argentin Marcelo Trapasso survenue dès le première journée du championnat, puis celle du défenseur central Sylvain Monsoreau. Seulement deux recrues de renom sont enregistrées pour compenser les nombreux départs : l'ancien parisien Lionel Potillon arrive en terre sochalienne en provenance de la Real Sociedad, suivi par l'ex-Niçois Romain Pitau. Celui-ci, arrivé sur le tard en provenance de l'OGC Nice Au final, Guy Lacombe a perdu l'élément important de chacune de ses lignes : c'est toute la colonne vertébrale de Sochaux qui est à reconstruire. Le transfert de Flachez vers Guingamp a en outre obscurci les relations entre Lacombe et son président Jean-Claude Plessis, celui-ci n'ayant même pas prévenu son entraîneur de la transaction !

Les premiers résultats de la saison ne vont pas redonner espoir aux supporters du Stade Bonal. Au contraire, au soir de la 9ème journée de Ligue 1, le pessimisme est de rigueur : avec 11 points (trois victoires, deux matches nuls et quatre défaites), les Doubistes occupent le 14ème rang de la L1. L'équipe se montre particulièrement irrégulière : capable de battre l'OM 2-0 à domicile au terme d'un match parfaitement maîtrisé, le FC Sochaux ne parvient pas pour autant à aligner deux succès consécutifs. De plus, avec seulement 9 buts inscrits en autant de rencontres, les Lionceaux figurent parmi les attaques les moins prolifiques de notre championnat. La recrue brésilienne Ilan n'a toujours pas inscrit le moindre but en championnat et ne parvient pas à faire oublier Pierre-Alain Frau. Le départ de la «génération Pedretti» semble alors insurmontable pour le club du président Plessis.

Un redressement spectaculaire

Le déclic sochalien va se produire lors de la 10ème journée du championnat, à l'occasion de la réception de Rennes au Stade Bonal. Ce soir-là, des Lionceaux survoltés vont infliger un sévère 3-0 à leurs adversaires. Cette renaissance coïncide avec celle de l'attaquant Ilan, auteur des trois buts de son équipe. A cette probante victoire a succédé un match nul à Bastia (1-1) et deux succès d'affilée, face à Toulouse tout d'abord (2-0), puis à Caen (0-2). Cette victoire constitue d'ailleurs la première de la saison acquise à l'extérieur en championnat. Grâce à 10 points obtenus en seulement quatre journées, Sochaux a gravi dix places et se positionne désormais au quatrième rang, à un point du podium. Sous l'impulsion d'Ilan, l'attaque retrouve également des couleurs. Les coéquipiers du Brésilien ont marqué 7 buts depuis entre la 10ème journée et la 13ème, contre 9 lors des neuf premières journées. Un laps de temps durant lequel Teddy Richert n'a encaissé qu'un seul but contre 10 auparavant. Des statistiques qui parlent d'elles-mêmes…

Comment expliquer ce brusque changement de visage ? A l'image d'Ilan, ce redressement correspond moins à de réels progrès collectifs - Sochaux n'a jamais été outrageusement dominé dans le jeu depuis le début de la saison - qu'à l'éclosion de talents individuels. Ilan n'a plus cessé de marquer depuis cette fameuse 10ème journée : un but contre Toulouse et un autre à Caen sont venus s'ajouter à son triplé. Avec 5 buts au compteur, l'attaquant a trouvé en championnat le rythme qui est le sien depuis le début de la saison en Coupe UEFA, face à des équipes plus modestes (il est auteur de 3 réalisations en deux matches face aux Norvégiens Stabaek, et d'un autre but face aux Géorgiens de Tbilissi). Le Nigérian Wilson Oruma a lui aussi accompli d'excellentes performances lors des dernières rencontres ; il est la plaque tournante du jeu des Lionceaux. Son entente avec Romain Pitau, Mickael Isabey et Johann Lonfat dans l'entrejeu fonctionne à plein régime et leur association forme à n'en pas douter l'un des milieux de terrain les plus complémentaires de Ligue 1. L'explosion de certains espoirs de l'effectif sochalien n'est pas non plus étranger au renouveau du FC Sochaux. Ainsi Jérémy Mathieu, 21 ans, baladé d'un poste à l'autre la saison dernière, s'est stabilisé sur le flanc gauche de la défense, avec pour conséquence pour lui d'enchaîner les prestations de haut vol. Déjà auteur de deux buts face à Toulouse et Marseille en championnat, l'international espoir a récidivé mardi en égalisant sur coup franc face au Stade Brestois en Coupe de la Ligue (victoire finale des Sochaliens 2-1). Le constat est le même pour l'attaquant Jaouad Zaïri : éternel remplaçant la saison dernière, le Marocain était jusqu'alors considéré comme un joueur doué techniquement mais irrégulier et peu efficace. Grâce à un temps de jeu plus conséquent, il a progressé et s'est même montré décisif en inscrivant à Caen, lors de la dernière journée, un but somptueux. Quand sa technique hors du commun est utilisée à bon escient, il devient difficile pour ses adversaires de le maîtriser. Enfin, le centre de formation des Lionceaux est toujours aussi performant dès qu'il s'agit d'alimenter l'équipe première. Frau et Pedretti sont partis ? Menez est là pour prendre le relais. Même s'il n'a pas encore marqué en Ligue 1, le champion d'Europe des moins de 17 ans (avec le Lyonnais Ben Arfa et le Marseillais Nasri) démontre que Sochaux a de la réserve et peut appréhender sereinement les années futures.

Un club entre passé et avenir

Après un début d'exercice difficile, le FC Sochaux-Montbéliard est parvenu à redresser la barre. Tout semble indiquer que les hommes de Guy Lacombe vont continuer sur leur lancée. L'équipe sochalienne n'avait jamais été aussi bouleversée ces dernières saisons que durant cet été : il est logique que les automatismes entre anciens et nouveaux venus aient mis du temps à se mettre en place. Ils sont désormais au point, et le jeu pratiqué, tout en combinaisons, a conservé sa rapidité et sa beauté, véritables marques de fabrique du club franc-comptois. Guy Lacombe a enfin pu dresser les contours de son onze type après quelques tâtonnements : devant le gardien de buts Teddy Richert, d'une régularité sans faille, se dresse une défense à quatre généralement composée de Paisley à droite, Mathieu à gauche, Daf et Diawara au centre. Ce secteur est toutefois conditionné par le retour de blessure de Sylvain Monsoreau, titulaire indiscutable. Pitau et Lonfat se chargent de la récupération, Isabey et Oruma de l'animation. Devant, Zaïri ou Menez soutiennent le buteur Ilan, qui vient malheureusement de se blesser pour quelques rencontres. Cette équipe est un amalgame parfait entre joueurs expérimentés (le capitaine Isabey, Potillon, Lonfat, Oruma…) et jeunes pousses pleines de promesses (Menez, Zaïri, Mathieu…). De quoi nourrir des ambitions plus élevées qu'en début d'exercice. Le président Jean-Claude Plessis n'a-t-il pas affirmé après la victoire contre le Téfécé que son équipe finirait «dans le premier tiers de classement» ?

Les références au passé servent souvent à éclairer l'avenir. C'est le cas du côté de Sochaux, où l'on vient de fêter en trois épisodes l'exceptionnelle longévité du club : face à Toulouse, lors de la 12ème journée de championnat, les Doubistes ont joué le 2000ème match de leur histoire en Première Division. Un record. Cette rencontre était également la 1000ème disputée au Stade Bonal. Enfin à Caen, lors de la journée suivante, Zaïri a inscrit le 3000ème but des Lionceaux en L1, preuve que l'histoire des Jaunes et Bleus continue de s'écrire. La jeunesse de l'effectif et la capacité du centre de formation à le renouveler semblent garantir au FC Sochaux encore quelques années de quiétude en Ligue 1. A 76 ans, Sochaux n'a jamais paru aussi jeune.

Après le départ de ses internationaux, l'équipe de Guy Lacombe paraissait considérablement affaiblie à l'aube de cette nouvelle saison. Mais l'éclosion de certains joueurs comme l'attaquant Ilan ou le défenseur Jérémy Mathieu a donné un second souffle au club franc-comptois. Le temps des doutes semble révolu, et Sochaux compte bien à nouveau jouer les trouble-fête…

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