Unique équipe qualifiée après le deuxième match, la République Tchèque impressionne tous les observateurs lors de cet Euro. La formation du sélectionneur Karel Brückner se projette déjà vers les quarts de finale qui la verra affronter soit la Suède, le Danemark ou l'Italie.

Une soif de revanche

Eliminée dès le premier tour de l'Euro 2000 par la France (2-1) et les Pays-Bas (1-0), la bande à Nedved a pris sa revanche sur les Hollandais en les écartant probablement des quarts de finale à la suite de leur belle victoire (3-2). Une deuxième victoire d'affilée après le difficile succès contre la Lettonie pour le premier match (2-1) permet, avec six points en deux matchs, à la République Tchèque d'être la première nation qualifiée pour les quarts de finale de l'Euro 2004. Une jolie performance pour Poborsky et ses partenaires qui se placent comme l'un des grands favoris de ce championnat d'Europe des nations. L'année 2004 va peut-être être celle de la consécration pour cette formidable génération symbolisée par le ballon d'or 2003 Pavel Nedved (31 ans).

Absents lors de la dernière coupe du monde, les Tchèques veulent s'affirmer comme une valeur sûre du football et pour cela il faudra briller à l'Euro. La République Tchèque s'est qualifiée directement pour la phase finale aux dépens des Pays-Bas (victoire 3-1 puis match nul 1-1). Première du groupe 3 avec 22 points (7 victoires, 1 nul, 0 défaite, 23 buts marqués, 5 buts encaissés) devant les Pays-Bas (19 points), la formation de Brückner est collectivement et individuellement homogène. Après deux matchs à l'Euro, les Tchèques impressionnent.

Qualifiés dès le deuxième match

Contre la Lettonie, les hommes de Karel Brückner n'ont jamais paniqué malgré l'ouverture du score de la Lettonie par l'intermédiaire de leur buteur Maris Verpakovskis dans les arrêts de jeu de la première mi-temps. Les Tchèques égalisent logiquement à la 73ème minute après une domination outrageuse grâce à leur attaquant Milan Baros et c'est le remplaçant Marek Heinz qui a offert la victoire en fin de match. «Nous savions qu'il restait une seconde mi-temps à jouer donc nous n'avons pas paniqué. Il restait du temps» a indiqué le sélectionneur Brückner à la fin du match. «Nous n'avons jamais songé que nous allions perdre» a poursuivi dans le même sens Karel Poborsky.
Menée au score (2-0) contre les Pays-Bas, la République Tchèque a réussi à retourner la situation en sa faveur (3-2). Koller, Baros et Smicer répondent à Bouma et Van Nistelrooy. Les Tchèques se qualifient dès le deuxième match et pourront laisser souffler les titulaires en vue du quart de finale. Le milieu défensif tchèque Tomas Galasek a déclaré à la fin du match : «Ce soir notre collectif a fini par payer» .

Des individualités au service du collectif

Le collectif tchèque constitue le point fort de l'équipe. Le danger vient de partout. La preuve, ce sont quatre joueurs qui ont marqué les cinq buts de l'équipe pour l'instant (Baros 2 fois, Heinz, Koller, Smicer). Emmenés par le leader Pavel Nedved, les autres joueurs jouent à merveille et ne paniquent jamais. Au milieu de terrain, l'animation est bien ficelée et le ballon est vite porté vers l'avant. Le sélectionneur privilégie le pressing exercé haut et des combinaisons à une touche de balle. Révélation de l'Euro 96 où les Tchèques avaient atteint la finale contre l'Allemagne, le petit milieu de terrain Karel Poborsky (32 ans, 1,74 m) est encore là huit ans après. Le joueur du Sparta Prague est insaisissable sur son côté droit et ses centres apportent le danger et des buts comme lors des deux premiers matchs contre la Lettonie et les Pays-Bas. Il est l'auteur de la passe décisive sur le but de la victoire de Smicer également présent lors de l'Euro 96. L'expérience des anciens Poborsky (94 sélections, 7 buts) et de l'ancien lensois Vladimir Smicer est un apport essentiel pour tous ses coéquipiers.

En attaque, le géant Jan Koller (31 ans, 2,02 m) sert de tour de contrôle et d'appui pour ses partenaires. Auteur du but de l'espoir contre les Pays-Bas, l'attaquant du Borussia Dortmund est un élément essentiel de l'équipe. A ses côtés, on retrouve le jeune attaquant de Liverpool Milan Baros (22 ans). Avec deux buts en deux matchs, Baros a prouvé qu'il valait mieux que ce qu'il avait démontré cette saison avec Liverpool. Souvent blessé, il n'avait inscrit qu'un seul but en 13 matchs de Premier League. Son rendement en sélection est très largement au dessus des normes (18 buts en 25 sélections) et ses qualités de finition et d'accélération risquent de faire encore pas mal de dégâts dans les défenses adverses.

Le grand et talentueux Petr Cech (1,97 m, 19 sélections) est un rempart de premier ordre pour son équipe. Excellent dans ses sorties aériennes, sa détente et ses réflexes font également la différence et il est pour quelque chose lors de la victoire des siens contre les Hollandais. Le futur gardien de Chelsea est à 22 ans une des valeurs sûres de la République Tchèque.

Depuis l'arrivée de Karel Brückner, la République Tchèque n'a perdu que 2 fois en 26 matchs (pour 19 victoires et 5 nuls). Sa formation semble aujourd'hui parfaitement au point avec une défense solide, un milieu de terrain très talentueux et une attaque efficace composée du duo Koller-Baros. En deux ans, Brückner a réussi à faire de la République Tchèque une équipe soudée composée de joueurs de talents. Brückner est le principal responsable des résultats de l'équipe pour beaucoup de personnes. «C'est un homme d'une rare qualité, d'une sagesse et d'une expérience incroyable. Entraîner l'équipe nationale est clairement l'apogée de sa carrière» avoue son adjoint depuis six ans Miroslav Beranek. Le sélectionneur Brückner fait jouer son équipe en 4-4-2 avec le géant Jan Koller en tour de contrôle. Il est accompagé de Milan Baros. Au milieu du terrain, on retrouve le détonateur de l'équipe Pavel Nedved. Il est associé au jeune Tomas Rosicky (23 ans) et à l'ancien Karel Poborsky (32 ans). Au niveau tactique, Brückner opte pour un pressing haut constant sur l'équipe adverse. Le collectif est huilé et des joueurs comme Tomas Repka, Patrick Berger, Vladimir Smicer (31 ans, 69 sélections, 25 buts) et Marek Heinz peuvent rentrer à tout moment apporter du sang frais. Cette équipe tchèque est donc redoutable et on s'attend à ce qu'elle aille loin dans la compétition.

Une équipe portée par l'attaque

Avec trois buts encaissés en deux matchs, la défense est le point faible de l'équipe. Les défenseurs qui la composent manque cruellement d'expérience au plus haut niveau. Grygera (14 sélections), Ujfalusi (26 sélections), Bolf (20 sélections) ou encore Jiranek (3 sélections) n'ont pas encore assez de vécu pour ne plus commettre d'erreurs. Le jeune latéral droit Zdenek Grygera (24 ans) manque de technique et de vitesse. Il a été remplacé à chaque fois contre la Lettonie et les Pays-Bas à cause de changements tactiques.

Réputé fin tacticien et psychologue, Karel Brückner (64 ans) l'a une nouvelle fois prouvé lors des deux premiers matchs. Peu enclin à changer son équipe type, le sélectionneur a parfaitement réagi lorsque la République Tchèque était menée au score. Il a donc revu le schéma tactique pour accentuer la puissance offensive de l'équipe. Smicer est ainsi entré à chaque fois en cours de jeu à la place de Grygera et il a même inscrit le but vainqueur contre les Pays-Bas. Brückner est un vrai adepte de la psychologie du football, sachant parler à ses joueurs. Il a ainsi fait de Pavel Nedved un capitaine exemplaire. Nedved ne se disperse plus comme avant à discuter les décisions arbitrales et à se chamailler avec ses adversaires. «Nedved a toujours été comme cela, seulement il ne le savait pas» a expliqué le sélectionneur avec son habituel sourire espiègle.

Contre l'Allemagne qui a besoin d'un succès pour être maître de son destin, la République Tchèque alignera l'équipe B et de nombreux titulaires seront laissés au repos en vue des quarts de finale. Assurés de terminer première de son groupe, les Tchèques attendent sereinement le nom de leur prochain adversaire. Les Tchèques confirment enfin leurs potentiels dans une phase finale après l'échec de l'Euro 2000.

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