Lyon a signé l'un des gros coups du mercato français en enrôlant Yoann Gourcuff. Bordeaux est donc orphelin de son meneur de jeu et semble être le dindon d'une farce orchestrée par un Jean-Michel Aulas qui se frotte les mains. Le départ de l'international tricolore pourrait pourtant être salvateur pour les Girondins.

L'après-Gourcuff n'est pas si noir pour les Girondins

C'est désormais acté, le meilleur joueur de Bordeaux s'est envolé pour l'ancien meilleur club de France, qui espère par là-même retrouver la couronne hexagonale qu'il a si longtemps confisquée. A priori une excellente opération pour l'OL, et une lourde perte pour les champions de France 2009. Seulement, l'affaire pourrait bien se révéler beaucoup plus subtile.

Le crû bordelais à l'entame de la saison 2010-2011 ressemble à s'y méprendre à celui du dernier exercice. Jean Tigana en plus, Chamakh en moins. Les finances exécrables du club ne lui ont pas permis de se renforcer, et on est en droit de se demander quel visage affichera alors l'équipe au scapulaire. Le visage ultra-dominateur de 2009, qui l'avait menée au titre, ou sa pâle copie de 2010, avec une incompréhensible spirale de défaites à la clé. La réponse fut immédiate : deux matches, deux revers. Bordeaux n'y arrive toujours pas. Et le talentueux Yoann Gourcuff semble tout aussi perdu au milieu de ses partenaires qu'à la fin du dernier exercice. L'équipe de Jean-Louis Triaud a incontestablement besoin d'un souffle nouveau, que la vente de son numéro 8 est enfin à même d'offrir.

Un mercato enfin lancé

Car malgré une cote en berne, Yoann rapporte 22 millions d'euros à son club, auxquels pourrait s'ajouter un bonus de 4,5 millions. Autrement dit, le marché bordelais est lancé – même si le club ne réinvestira pas tout cet argent, afin d'éponger sa dette. Dans le sillage de Gourcuff, ce sont bien deux, voire trois arrivées qui pourraient venir grossir l'effectif. Les pistes Kevin Gameiro et Ireneusz Jelen ont été évoquées en attaque, mais c'est finalement l'international nigérien Moussa Maazou qui tient la pole. Au milieu, il est question de Yohan Cabaye, du Nancéien Julien Féret, du Valenciennois Fahid Ben Khalfallah, ou du Lorientais Morgan Amalfitano.

Bordeaux perd un grand joueur, et en sortira pourtant plus fort. Lorsque la pièce maîtresse d'un système ne répond plus, c'est tout le système qui s'écroule. Les Girondins seront ainsi affranchis d'une dépendance qui leur a sans doute fait cruellement défaut ces derniers temps. Malgré sa passe décisive à Paris, le chef-d'orchestre des Marine et Blanc, qui marche beaucoup à l'affectif, semblait clairement ne plus s'épanouir dans cette équipe plus assez ambitieuse pour son talent.

Un trait tiré sur l'ère Laurent Blanc

La suite, c'est donc de nouveaux visages. Vraisemblablement l'abandon du 4-2-3-1 façonné pour Gourcuff pour un 4-4-2 sur lequel Jean Tigana pourra apposer son sceau, en mettant au placard l'héritage de Laurent Blanc qu'il ne parvenait pas à exploiter. Le départ de Gourcuff devrait donc entraîner un appel d'air bénéfique pour son ancienne équipe. Les Girondins n'auront sans doute pas les moyens de jouer le titre, mais ce nouveau souffle devrait leur permettre de s'éloigner rapidement de cette vilaine 17e place qu'ils ne méritent pas vraiment. Un mal pour un bien...