Après un départ poussif, les Verts on fait honneur à leur histoire en terminant leur retour parmi l'élite avec une très belle 6e place. Et l'ASSE va même peut-être retrouver l'Europe par le biais de l'Intertoto. Bilan d'une équipe pleine d'avenir.

L'inquiétude régnait chez les supporters stéphanois avant le début de cette saison. Frédéric Antonetti, l'entraîneur qui avait fait remonter les Saint-Etienne en L1, n'avait en effet pas été conservé et la carte de visite d'Elie Baup ne suffisait pas à consoler le peuple Vert. Mais un recrutement judicieux (Piquionne, Feindouno, Zokora, Camara) et un collectif solidaire ont permis à l'ASSE de monter en puissance et d'accrocher une 6e place inespérée. Saint-Etienne a donc terminé la saison avec bien mieux que le « bon maintien » espéré par Elie Baup avant le début de saison. Dès le mois de juillet, les joueurs stéphanois attaqueront 2005-2006, avec la Coupe Intertoto qui pourrait leur permettre de disputer la Coupe de l'UEFA. Seul petit point noir, les deux défaites face au rival lyonnais…

La montée en puissance des Verts

Pour son premier match de la saison, Saint-Etienne avait fort à faire en recevant l'AS Monaco. Piégé dès la 1e minute par Chevanton, l'ASSE n'est pas parvenue à revenir, mais cette défaite était néanmoins encourageante. Mais l'équipe est balbutiante et il faudra attendre jusqu'au 22 septembre pour assister à la première victoire des Verts, face à Auxerre (3-1). L'équipe d'Elie Baup n'a pas encore trouvé son rythme de croisière, et cela en devient inquiétant, car après 12 journée, elle pointe en 17e position avec neuf petits points (1 victoire, 6 nuls, 5 défaites). Saint-Etienne a notamment beaucoup de mal à gérer ses fins de rencontres. Face à Strasbourg (1-1), Ajaccio (1-1), Marseille (1-1) et surtout Lyon (2-3), les Stéphanois mènent au score avant de craquer dans les derniers instants. Heureusement, ils vont rectifier le tir, et de quelle manière, en signant cinq victoires et deux nuls avant la trève pour pointer à la 9e place au soir de la 19e journée.

Et Saint-Etienne continue sa série d'invincibilité jusqu'à la 27e journée. Pendant deux mois, l'équipe affiche une belle solidité et même si elle enchaîne les matchs nuls (cinq consécutifs), on ne la voit déjà plus comme un simple promu. Les Verts ont retrouvé des couleurs, et même si la belle série s'arrête lors du déplacement à Lyon (2-3), les joueurs ont réussi à assurer rapidement leur maintien. Le club stéphanois va ensuite se maintenir autour de la septième place, en enchaînant trois victoires, quatre nuls et trois défaites lors des dix dernières rencontres. L'ASSE termine même sa saison par un joli résultat à Monaco (1-1) qui lui permet d'atteindre la sixième place du classement et de se qualifier pour la Coupe Intertoto, à seulement deux points du quatrième, Rennes.

Les satisfactions : un collectif avant tout

Le premier secteur qui a fait la force de Saint-Etienne cette saison, c'est sa défense. Avec 34 buts encaissés, l'ASSE est d'ailleurs la troisième meilleure équipe dans ce domaine, derrière Lyon (22) et Lille (29). En premier lieu, évidemment, Jérémy Janot et son époustouflante série de 1141 minutes sans prendre de buts à Geoffroy-Guichard, série en cours. Le portier stéphanois ne fait pas qu'amuser la galerie avec ses déguisements, il est aussi un dernier rempart très solide, malgré son « petit » 1m76. Janot a d'ailleurs disputé toutes les rencontres de championnat cette année. Et il a bien été aidé par ses défenseurs, Herita Ilunga, Zoumana Camara, Vincent Hognon et Fousseni Diawara. A eux quatre, ils ont souvent découragé les attaquants adverses. Que ce soit une révélation (Ilunga et Diawara), une résurrection (Camara) ou une confirmation (Hognon), les défenseurs stéphanois constituent une grande force pour leur équipe. Comme le trio infernal du milieu de terrain Zokora-Sablé-Hellebuyck. L'Ivoirien Didier Zokora est sans doute le meilleur joueur de l'ASSE cette saison, et intéresse déjà les plus grands clubs français. Son abattage dans l'entrejeu a souvent été la clé du système stéphanois.

Le capitaine Julien Sablé a quant à lui été fidèle à lui-même par sa combativité et il représente parfaitement les valeurs du club dont il est devenu le symbole. Il a en plus su apporter sa touche offensive, avec 5 buts à son compteur. Ensuite, il faut vraiment souligner la renaissance des deux attaquants Frédéric Piquionne et Pascal Feindouno. L'ancien Rennais, indésirable en Bretagne, a connu, comme son équipe, un début difficile, mais a ensuite prouvé toute sa valeur en inscrivant 11 buts en Ligue 1. Piquionne a constitué un point d'encrage très important pour ses coéquipiers. Notamment Pascal Feindouno, qui a connu sa plus belle saison avec 13 buts inscrits et 8 passes décisives. Le Guinéen a prouvé par sa vitesse, ses dribbles et son côté imprévisible qu'il avait mûri et a enfin confirmé les espoirs placés en lui à Bordeaux. Feindouno est assurément un joueur d'avenir et qui possède déjà une certaine expérience avec 159 matchs en L1 et 24 de Coupe d'Europe.

Les déceptions : le flop Le Tallec

Il y en a peu, mais la première qui vient à l'esprit est celle d'Anthony Le Tallec. Le jeune attaquant prêté par Liverpool est reparti dès le mois de janvier. Recruté dans le but d'apporter un plus offensif, l'ancien Havrais voulait enfin lancer sa carrière dans le Forez. Mais après 7 matchs et un petit but, il est reparti, car Elie Baup ne lui faisait plus confiance. Le Tallec n'a en effet pas réussi à s'imposer dans le collectif stéphanois, contrairement à des joueurs comme Piquionne ou Feindouno. Autre attaquant qui n'a pas confirmé les espoirs placés en lui, Nicolas Marin. Il est vrai qu'il n'a pas été très utilisé par son coach (26 matchs dont 13 comme titulaire), mais s'est effacé peu à peu des compositions d'équipe, avec seulement trois buts marqués.

Les supporters stéphanois peuvent également regretter le manque de réalisme des hommes d'Elie Baup. Ils se sont en effet à plus d'une reprise fait rejoindre au score dans les derniers instants du match après avoir dominé. Ce fut le cas contre Strasbourg, Marseille, Lyon, Auxerre, et Si l'ASSE avait mieux négocié ses fins de match, le club aurait pu viser plus haut. Mais les Stéphanois ont également parfois pêcher par manque de concentration, comme lors de déplacements à Nice ou à Caen, qui luttaient pour ne pas descendre, perdus 2-0 sans vraiment se battre à fond.

La saison prochaine : continuité et ambition

Ce qui a fait la force de Saint-Etienne cette saison, c'est le collectif. Inutile donc de chambouler l'effectif. Après avoir obtenu les transferts définitifs de Piquionne (Rennes) et Feindouno (Bordeaux), les Verts ont ainsi recruter seulement deux joueurs : Damien Perquis, jeune défenseur prometteur de Troyes, et Sébastien Mazure, le buteur de Caen. Ces petites retouches devraient consolider les petites failles de l'équipe, alors que Lilian Compan (Caen) et Nicolas Marin (prêt à Sedan) vont alléger l'effectif en attaque. On parle également du portier montpelliérain Jodi Viviani pour servir de doublure à Jérémy Janot. Les dirigeants des Verts devront également conserver leur Maestro Zokora, convoité par Monaco et Lyon, mais qui devrait rester au moins une saison de plus à Saint-Etienne.

Et la saison prochaine, les Verts viseront bien plus haut que le maintien. Avec leur sixième place, ils peuvent même disputer la Coupe d'Europe et contribuer à écrire une page d'histoire du club. Mais il faudra que les Janot, Camara, Zokora, Feindouno et Piquionne confirment leur belle année 2003-2004 pour porter haut les couleurs du club. Les deux Coupes devraient également représenter un objectif pour un club qui n'a plus rien remporté depuis le titre de 1981, hormis deux championnats de L2. Mais le plus important pour Saint-Etienne est de ne pas aller trop vite en besogne, comme il y a quelques années après leur retour parmi l'élite.

Terminer sixième en étant promu, c'est un bel exploit, et Saint-Etienne l'a réalisé grâce à un collectif solide et bien huilé. Avec ou sans Coupe UEFA la saison prochaine, l'ASSE voudra donc confirmer le potentiel aperçu en 2003-2004, et pourquoi pas accrocher une Coupe ? Quand on est à Saint-Etienne, il faut savoir être ambitieux, mais les dirigeants ont tiré les erreurs du passé…

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