Après avoir titillé Lyon jusqu'au bout en 2003-2004, le PSG ne visait rien d'autre que le titre cette saison. Mais autant sur le plan sportif qu'extra-sportif, la saison a été désastreuse et le club a fini à une 9e place qui ne lui a rien apporté malgré une fin de saison encourageante. Retour sur une saison en enfer qui devra servir de leçon.

Vainqueur de la Coupe de France et dauphin de Lyon en 2004, le PSG visait le titre cette saison. Mais, absolument tout est allé de travers dès le mois d'août. Le club de la capitale, qui avait perdu Déhu, Sorin, Heinze puis Fiorèse durant l'intersaison, n'est jamais vraiment parvenu à faire oublier ces joueurs, même avec des recrues du calibre de Rothen, Armand ou Yepes. En Ligue des Champions, l'aventure est vite allé à son terme après des parodies de match face à Chelsea et au CSKA Moscou. Paris a relevé la tête après le départ d'Halilhodzic, terminant en roue libre à la 9e place. L'ambiance au sein du groupe n'est pas au beau fixe, mais le PSG croit en une saison 2005-2006 bien plus glorieuse, notamment avec des recrues de choix.

La galère jusqu'au bout

Après avoir fait bonne figure lors du trophée des Champions face à Lyon (1-1, 6-7 t.a.b.), le PSG aborde sa saison avec une grande confiance. Le club surfe sur la vague de la saison dernière, et des clubs comme Rennes, Caen, Toulouse, Saint-Etienne ou Istres sont loin de lui faire peur. Mais après 7 journées, le bilan est lourd : 4 nuls et 3 défaites ! Paris est 18e en championnat, dernier en Ligue des Champions après deux défaites face à Chelsea (0-3) et à Moscou (0-2), et l'équipe semble avoir perdu l'état d'esprit qui faisait sa force l'an passé. Le départ plus que tumultueux de Fiorèse vers l'OM sème en plus la zizanie dans le groupe. Heureusement, l'automne est meilleur que l'été, et Paris retrouve la première moitié du classement après un match d'anthologie au Parc face à l'OM (2-1). A 10 contre 11, le PSG parvient à s'imposer grâce à deux buts de Pauleta et Cissé. Trois jours plus tard, Paris s'impose encore face à son rival, au Vélodrome cette fois, en Coupe de la Ligue. On croit le club de la capitale reparti sur de bonnes bases, mais c'est en fait un leurre. En décembre, Paris craque complètement face au CSKA Moscou (1-3) lors de l'ultime match de poule de C1, sans vraiment défendre ses chances tant l'équipe parisienne est apparue apathique. La méthode Halilhodzic ne fonctionne plus, mais les victoires face à Metz et à Sochaux avant la trève redonnent de l'air au coach parisien.

A la reprise, le PSG repart sur les mêmes bases qu'en début de saison, et après 4 nuls et 2 défaites, la dernière face à Lens, Vahid Halilhodzic est limogé par son ami Francis Graille. Laurent Fournier arrive et parle en premier lieu de retrouver du plaisir. Le premier match, face à Bordeaux en Coupe de France (3-1 a.p.), correspond parfaitement à la transition entre l'ère Vahid et l'ère Fournier, avec une première partie de match insipide et une deuxième bien plus satisfaisante. En championnat, le déclic tarde à venir, avec des défaites à Strasbourg et à Ajaccio où l'état d'esprit des Parisiens fait encore défaut. «Je ne sais plus quoi dire ni quoi faire pour changer ce qui ne va pas dans nos têtes, lâche même le capitaine Pierre-Fanfan après le match en Corse. Vraiment, je ne comprends pas... Nous sommes une équipe bizarre qui joue bizarrement.» Au Parc, les supporters sont en grève ne soutiennent pas leur équipe depuis le mois de décembre. Mais le retour de Rothen et d'une réussite inconnue auparavant redonnent des couleurs au PSG. Un nul à Marseille (1-1), une victoire à Lyon (1-0) et Paris rêve d'UEFA, ou à un degré moindre d'Intertoto. Mais la dernière ligne droite ne sourira pas aux Parisiens, et après le changement de président, l'équipe enchaîne deux défaites et un nul. Une dernière victoire sans enjeu face à Rennes (1-0), et Paris boucle une des pires saisons de son histoire, miné par les problèmes d'entraîneur, de président, de supporters ou de joueurs.

Les satisfactions : Yepes a tenu la baraque

Dans une saison aussi décevante, certains joueurs de l'équipe parisienne ont néanmoins su tirer leur épingle du jeu. Les gardiens parisiens ont été égaux à eux-mêmes, Letizi sauvant plusieurs fois son équipe de situations dangereuses et Alonzo assurant un brillant intérim, notamment à Lyon (1-0). Mario Yepes, lui, est incontestablement le meilleur parisien de la saison. Après un temps d'adaptation, on a retrouvé le « Super Mario » de Nantes, solide dans les duels aériens et impassable dès qu'il arme ses tacles. Son compère Sylvain Armand, lui aussi a retrouvé son niveau après quelques mois difficiles. Son entente avec Jérôme Rothen est encore balbutiante, mais le latéral gauche a été crescendo dans sa saison. De bon augure pour l'année prochaine ?

Le duo M'Bami-Cana excellent en 2003-2004, n'a pas perdu sa complicité, et le milieu de terrain camerounais a porté son équipe pendant 4 mois avant de se blesser gravement au péroné. Quant à Cana, il représente l'avenir du club, et même si ses performances n'ont pas toujours été exceptionnelles, il a su allier puissance et vision du jeu à plusieurs reprises. Si Jérôme Rothen n'avait pas été blessé à la cheville pendant plus de 4 mois, le PSG aurait certainement pu viser plus haut que cette 9e place. Le milieu de terrain international a en effet offert un vrai bol d'air à son équipe dès son retour en février. Même cantonné sur son côté gauche, il apporte autant qu'un numéro 10 dans la construction offensive du jeu. Et ses excellents ballons auraient pu permettre à Pauleta d'inscrire plus que ces 14 buts. Mais ce total est déjà parfaitement respectable pour l'attaquant portugais, qui a su offrir la victoire à son équipe à plusieurs reprises (Strasbourg, Sochaux, Nantes, Auxerre, Rennes), malgré des occasions manquées (Toulouse, Caen) que les supporters ont eu du mal à accepter. Mention bien également à Edouard Cissé, qui a accepté son statut de remplaçant en début de saison avant de s'imposer. Enfin, on ne sait pas trop quoi penser de Danijel Ljuboja, convaincant en fin de saison mais trop peu utilisé par Halilhodzic.

Les déceptions : Mendy-Pierre-Fanfan, la confirmation n'a pas eu lieu

Évidemment, certains joueurs ont eu beaucoup de mal à confirmer les attentes placées en eux. En premier lieu Bernard Mendy. Le latéral droit a connu une saison 2003-2004 exceptionnelle, mais a perdu beaucoup de sa cote cette année. Défensivement, il a souvent été inexistant, et offensivement il n'a pas suffisamment apporté. On a parlé de problèmes personnels pour expliquer ces mauvaises performances, et maintenant qu'ils sont résolus, le nouveau père de famille doit retrouver son niveau international la saison prochaine. Arrivé pour être la doublure de Mendy, Stéphane Pichot a certes plus joué que prévu, mais n'a que peu convaincu. Ses mains à répétition lui ont d'ailleurs valu un « Marcel d'Or » aux Trophées UNFP. Le capitaine parisien José Pierre-Fanfan a également baissé de niveau cette saison, le brassard semblant lui peser comme un boulet dans cette saison galère. Son placement et ses interventions ont été à la limite, et, réputé pour sa solidité, l'ancien Lensois n'a été que l'ombre de celui qui formait avec Fred Déhu une des défenses les plus craintes du championnat. Recrues tardives du mercato estival, Helder et Coridon, qui ont déjà quitté le club, n'ont vraiment pas apporté grand chose au PSG, hormis ce but venu d'ailleurs face à Porto pour le milieu de terrain martiniquais.

Autre milieu de terrain et autre déception, Branko Boskovic n'a encore pas réussi à s'imposer cette saison, incapable de faire la différence même quand Vahid Halilhodzic lui faisait confiance. Selim Benachour, lui, a eu la confiance de Laurent Fournier, mais à part le match face à Bordeaux en Coupe, il n'a pas non plus été en mesure de s'installer dans l'équipe malgré des qualités incontestables. En attaque, clairement le secteur le plus déficient du club de la capitale, Reinaldo et Ogbeche n'ont pas satisfait Vahid Halilhodzic. Le Nigérian est même parti en prêt à Metz en janvier, trop peu utilisé à son goût, alors que l'attaquant brésilien est certes assez bon, mais n'a pas l'étoffe d'un titulaire du PSG. Reinaldo peut être un joker intéressant, mais ne présente pas une régularité suffisante pour le très haut niveau. Arrivé au mercato après avoir crucifié … le PSG en C1 avec un triplé au Parc, Serguei Semak a semblé errer sur son côté droit pendant ses premiers mois à Paris, avant de progressivement montrer ses qualités, notamment au poste de milieu défensif. Mais on attendait mieux de lui, comme de toute l'équipe parisienne.

La saison prochaine : Des recrues judicieuses pour un groupe sain ?

L'intersaison 2005 s'annonce décisive pour le PSG. Le nouveau président Pierre Blayau doit en effet s'attacher à réconcilier le club et les supporters, et également à assainir le vestiaire, c'est à dire vendre les joueurs qui n'ont pas l'état d'esprit adéquat. Blayau a confirmé Laurent Fournier au poste d'entraîneur, et compte sur lui pour que les joueurs prennent du plaisir sur le terrain et que cela se voit au niveau des résultats. Car cette saison, l'histoire de la Taupe a miné l'ambiance entre les joueurs, qui pensaient autant à trouver le « traître » qu'à se concentrer sur la situation de l'équipe. Cette histoire appartient au passé, mais les tensions sont palpables au sein du groupe, comme l'a confirmé Jérôme Rothen dernièrement : « Avec certains, on se dit bonjour, et voilà. On sait que certains énervent. Ça ne concerne pas une majorité de joueurs. Heureusement. Mais comme dans un groupe qui va mal, il y a des clans, et ceux qui naviguent entre eux. Il faut le départ de certains. »

L'équipe de la saison prochaine se doit donc de présenter un groupe compétitif, homogène, et surtout qui vive bien ensemble. Et les recrues annoncées semblent correspondre à cela. Bonaventure Kalou et Vikash Dhorasoo sont en effet très proches du PSG, et apporteraient la touche technique qui manque à l'équipe. Et ils sont de plus ambitieux et savent s'intégrer dans une équipe, même si Dhorasoo a eu quelques soucis (avec ses coaches) à Lyon. Côté défense, c'est David Rozehnal qui va s'engager, mais la cellule recrutement recherchera peut-être un autre grand défenseur à associer à Mario Yepes. Enfin, en attaque, après Roque Santa Cruz, qui s'éloigne, c'est Emmanuel Adebayor qui est évoqué. Sans oublier Pandiani ou Jestrovic. Mais il faudra aussi dégraisser, et là, la liste est longue. Pierre-Fanfan, M'Bami, Teixeira, Pancrate, Reinaldo et Ljuboja sont tous plus ou moins sur le départ, soit beaucoup de piliers de l'ère Halilhodzic. Le PSG cherche à prendre un nouveau départ.

Après une excellente saison 2003-2004, le PSG a donc traversé la pire saison de l'ère Canal +, entre les incidents et la grève des supporters, l'ambiance délétère entre les joueurs, les résultats plus qu'insuffisants, et les changements d'entraîneur et de président, tout a été de travers mais l'ambition est bien présente pour la saison prochaine. De toute façon, il faudra faire très fort pour faire pire…

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