Le Stade Rennais, souvent irrésistible à domicile, a pu compter sur une nouvelle très bonne fin de saison avec de meilleures performances à l'extérieur pour venir chiper, à l'OM, la quatrième place qualificative pour l'UEFA ! La nouvelle stabilité du club commence à porter ses fruits. Retour sur cette année historique pour les Bretons !

La superbe fin de saison dernière du club avec une neuvième place prometteuse en avait fait un outsider du Championnat. Elle n'avait malheureusement pas trouvé son prolongement à la mi-saison, faute d'aucune victoire à l'extérieur ! Si le parcours à domicile a été exemplaire – deuxième derrière Lyon – il a fallu attendre la 32ème journée pour que le Stade Rennais se libère totalement en déplacement en ramenant les trois points de Toulouse. Profitant de ce déclic, l'équipe a enchaîné une série de dix matches sans défaite et a profité des problèmes de l'OM pour lui rafler la mise de l'UEFA. Une première qualification directe pour le club en Europe par le biais du Championnat !

Des occasions gâchées puis saisies

Le début de saison s'annonçait périlleux avec des oppositions contre tous les cadors du Championnat, à l'exception de Monaco, lors des sept premières rencontres. Les victoires à domicile face au PSG, Nantes et Marseille avaient pourtant dissipé cette crainte, seul Lyon venant gagner Route de Lorient. Ces gros obstacles passés sans encombre, avec une neuvième position au classement, le club se trouvait alors bien placé pour se lancer vers la course à l'Europe. C'était sans compter sur son incapacité chronique à faire des résultats à l'extérieur. Le Stade Rennais a ensuite régulièrement alterné les points à la maison et les défaites à l'extérieur où les opportunités d'une première victoire n'ont pas été saisies. A la fin des matches aller, l'équipe était troisième du Championnat à domicile avec 20 points mais dernière en déplacement avec seulement 3 points et trois malheureux buts marqués...

A l'image de la saison passée, la deuxième partie a été beaucoup plus heureuse avec 32 points récoltés. Les Rennais sont ainsi restés invaincus à domicile en remportant huit matches consécutivement. Seules les éliminations dans les Coupes, par Auxerre et Monaco, sont venues ternir le tableau. Il faut toutefois préciser qu'elles ont eu lieu en l'absence de Frei et Monterrubio, joueurs essentiels au dispositif offensif des Bretons... La stabilité de l'équipe sous une formule immuable, le 4-5-1, et le retour en grâce efficace de Maoulida ont permis au collectif de s'affirmer au fil des matches avec l'apport d'une préparation physique irréprochable. C'est avec ces atouts que les résultats en déplacement se sont améliorés avec notamment trois nuls consécutifs (Lille, Metz et Caen) avant de gagner enfin à l'extérieur à Toulouse puis à Istres. Fort de dix matches sans défaite, les Rennais ont été proches de la troisième place avant de concéder le nul face à Monaco et de flancher à Lens. Ils ont toutefois su profiter d'une dernière large victoire face à Strasbourg pour prendre la quatrième place à l'OM et ne plus la lâcher malgré une dernière défaite en déplacement, mais cette fois-ci heureuse, au Parc.

Les satisfactions

Le géant Suédois Isaksson a eu la lourde tâche de succéder à Cech. Décisif contre Paris ou Marseille, son talent est réel mais sa régularité et son autorité dans le commandement de sa défense sont encore à améliorer. Devant lui, l'international Espoirs Jacques Faty, a semblé gagner ses galons de titulaire avant de voir le jeune Brésilien Adailton, revenir en concurrence avec lui. Les deux joueurs sont très prometteurs mais encore un peu inconstants. Le néo-capitaine rennais, Cyril Jeunechamp, montre toujours l'exemple dans la combativité et son entente avec Monterrubio a été un atout important. Le Lan a bien fait son boulot avant d'être écarté par Bölöni.

Le milieu de terrain rouge et noir est sans conteste le point fort de l'équipe. Les jeunes formés au club, Didot, Bourillon, Gourcuff et M'vuemba, ont été mis en concurrence avec les internationaux que sont le Suédois Källström et le Brésilien Dudu Cearense. Si Didot s'est imposé par sa constance, son énorme volume de jeu et sa technique, les deux plus jeunes se sont quand même montrés à leur avantage lorsque l'on a fait appel à eux. Dudu est vite reparti avant le mercato et cela a profité à Bourillon, international Espoir également, qui a su mettre en évidence son physique et son application devant la défense. En meneur, Källström a retrouvé sa puissance et ses jambes pour être seulement décisif sur la deuxième moitié de la saison. Sur les ailes et du côté des plus expérimentés : Monterrubio a été une fois de plus déterminant à domicile avec ses penalties transformés et ses passes décisives. Il finit meilleur passeur du Championnat avec 13 offrandes, la plupart pour son compère Frei. Sur l'autre aile, mais aussi parfois dans l'axe, on a retrouvé un Sorlin que l'on n'espérait plus : travailleur et inspiré, il est apparu au meilleur de sa forme tout au long de la saison et son transfert à Monaco est pour lui une récompense. Il en est de même pour Maoulida, reconverti milieu offensif droit, qui a su s'imposer comme titulaire après avoir marqué deux buts contre Lens en profitant de l'absence de Frei. Sa puissance et sa percussion ont favorisé les contres rennais, notamment à l'extérieur.

En attaque, Alexander Frei a terminé meilleur buteur de L1 avec 20 réalisations. Il a confirmé sa saison passée et son incroyable adresse devant le but. Véritable renard des surfaces, il s'est régalé des offrandes de Monterrubio et peut féliciter une équipe qui joue exclusivement pour lui. Seul bémol, à l'extérieur, il mériterait d'être mieux épaulé…

Les déceptions

La défense est longtemps restée en chantier. Souvent chamboulée pour blessures, suspensions ou méforme, sa composition type n'a pas été complètement trouvée. La faute en revient en partie aux piètres performances de Ouaddou sur la première partie de la saison, notamment coupable de grossières erreurs (Lille et Monaco), même s'il est revenu à un niveau plus conforme lors de la deuxième partie, et aux problèmes rencontrés avec Perrier-Doumbé. L'ancien Auxerrois avait pourtant le terrain libre pour s'exprimer mais une expulsion, puis une blessure et enfin un problème disciplinaire l'ont éloigné des promesses entrevues en tout début de saison. Le rachat sportif attendu n'a ensuite duré que deux mois, février-mars, c'est bien peu sur toute une saison…

Si le milieu rennais a fait la loi à domicile, il a été plus en difficulté à l'extérieur du fait de la relative mauvaise condition physique de Källström. Joueur essentiel dans l'élaboration du jeu, sa puissance, émoussée par l'Euro au Portugal, un virus, puis des problèmes aux adducteurs ont grandement réduit son rayonnement de la demi-saison. Et si l'attaque semble en Frei-dépendance c'est aussi parce que le prêt du Croate Ivica Mornar a été le bide du recrutement rennais. Malgré ses intentions et des débuts prometteurs, trois passes décisives en trois matches, son jeu monolithique est d'un autre âge. Il s'est fait si vieux qu'il n'a pas joué un seul match retour du fait de blessures à répétition… Les jeunes attaquants du club, N'Guéma et Briand, n'ont pas su profiter de leur temps de jeu pour montrer qu'ils étaient des titulaires potentiels…

Quel visage la saison prochaine ?

Une chose a changé en 2005 pour le Stade Rennais : le club est qualifié pour l'UEFA. Toutefois, ses résultats à l'extérieur sont toujours indignes d'un club ambitieux. Pour parvenir à changer la donne, le club a déjà engagé l'arrière gauche et néo-international Suisse, Alain Rochat, 22 ans, en provenance des Young Boys de Berne. Un autre latéral est attendu… Au milieu, le départ de Sorlin pour Monaco devrait être compensé par l'arrivée d'une valeur sûre, même si on parle de Fiorèse… En attaque, le poste de Maoulida, en partance également pour le Rocher, sera vraisemblablement occupé par le Lensois John Utaka, auteur de 12 buts cette saison ! Un autre attaquant, d'appoint cette fois-ci, devrait être également enrôlé. Le recrutement visera donc à amener plus de sûreté en défense et plus de vitesse en attaque. De la perspicacité des choix dépendra sûrement la qualité de la saison à venir en L1 et l'importance du parcours du club en UEFA.

Avec un oui à l'Europe, le Stade Rennais s'apprête à entrer dans une nouvelle dimension. Les infrastructures avec le stade rénové sont en place et les Bretons sont prêts à le remplir. La stabilité du staff, dirigeants et équipe technique, est de bon augure pour croire en un avenir souriant et la famille Pinault, qui voit enfin ses efforts financiers récompensés, espère que la pompe à succès est enfin amorcée. Sur la lancée du travail effectué par le président Cueff mais avec une ambition croissante, le temps d'une ère bretonne victorieuse sous des couleurs Rouge et Noir va peut-être pouvoir commencer…

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