Tout fout le
camp. C'est ce que doivent se dire les supporters de la Lazio de Rome,
qui voient partir Juan Sebastian Veron pour Manchester United et Pavel
Nedved pour la Juventus de Turin. Ce n'est pas une raison pour utiliser
la violence comme le font certains d'entre eux. Un comportement que ne
comprend pas le président Sergio Cragnotti, qui a du coup annoncé
sa démission ! La folie du marché italien commence à
faire du dégât...
Les départs de Juan Sebastian
Veron et de Pavel Nedved sont désormais acquis, sauf péripétie
de dernière minute. C'est la conclusion de mois entiers de rumeurs
diverses, comme en témoigne une news+ vieille de quatre mois (Lazio
: offensif sur les offensifs, du 10 mars dernier), où aucune
des destinations supposées n'est d'ailleurs correcte ! Mais ce séisme
au sein de l'effectif laziale n'aura pas que des conséquences
sur le terrain, car le président a du coup décidé
de jeter l'éponge.
Veron à Manchester United
Pauvre Sergio Cragnotti ! Pauvre
n'est pas le mot approprié, mais le président de la Lazio
de Rome a passé un après-midi des plus pénibles hier.
Tout d'abord, il lui a fallu annoncer le départ imminent de l'offensif
international argentin Juan Sebastian Veron, 26 ans, vers Manchester United
: "L'accord sera finalisé la semaine prochaine. Veron va aller
à Manchester United pour 270 MF" C'est la conséquence
d'un changement de cap total au niveau du recrutement chez les Red Devils,
qui s'orientent pour la première fois depuis Eric Cantona vers un
joueur latin. Pour la Lazio, c'est une perte incommensurable mais apparemment
inévitable puisque des divergences entre le footballeur et le club
ont émergées au cours de l'affaire des faux passeports qui
a frappé Veron. Ce dernier a été relaxé, ce
qui a permis à MU de finaliser son transfert.
Parme avait apparemment fait une
dernière offre pour s'attacher ses services, mais a finalement engagé
le meneur de jeu international japonais Hidetoshi Nakata, de l'AS Rome.
L'Inter de Milan aurait également été sur les rangs
dernièrement, selon les tabloïds italiens. A ce propos, Cragnotti
a fermement fait savoir qu'il n'était pas question que le meilleur
buteur de la dernière Série A, le compatriote de Veron, Hernan
Crespo, rejoigne l'Inter : "Evidemment que l'Inter voudrait avoir le
top du top dans son équipe, mais je suis désolé de
dire que nous ne sommes pas en liquidation. Ma philosophie reste que si
des champions quittent le club, d'autres vont arriver, qui seront encore
plus grands."
Nedved choisit la Juventus de
Turin
En attendant, Cragnotti ne tient
plus rien du tout. Il pensait bien avoir fait le plus dur en prolongeant
jusqu'en 2006 le contrat de l'offensif international tchèque Pavel
Nedved, 28 ans. C'était compter sans l'étrange tournure d'esprit
d'un joueur tout de même assez difficile à suivre. Nedved
est allé passer une visite médicale auprès de la Juventus
de Turin, à l'insu de ses dirigeants, et affirme maintenant s'être
arrangé tout seul avec son nouveau club : "J'ai choisi la Juventus
parce qu'avec ce club, je peux tout gagner. Je prends l'entière
responsabilité de mon choix. Je n'ai pas encore signé, mais
ma décision est prise et je ne changerai pas d'avis. J'ai senti
que la confiance qu'ils avaient en moi à Rome avait baissé.
Je l'ai compris en entendant toutes ces rumeurs de transfert autour de
mon nom."
Si entendre son nom dans les rumeurs
de transfert suffit à décider de partir... Toujours est-il
que la Juve espérait faire signer Nedved hier, avant minuit, mais
qu'aucune information précise n'avait filtré sur ce sujet
précis. A Turin, il s'agit très vraisemblablement de trouver
un digne successeur au meneur de jeu des Bleus, Zinédine Zidane,
proche du Real Madrid. Par ailleurs, le Tchèque a conclu son intervention
par une phrase sibylline : "Je me suis décidé pour la
Juventus, et je ne crois pas que Cragnotti puisse rester à la Lazio."
Cragnotti s'en va
Cragnotti, l'homme pour qui personne
n'est intransférable, comme pris à son propre piège.
Et la réaction de certains supporters du club, qui ont jeté
des pierres sur le siège du club et ont tourné autour de
son domicile, proférant mille insultes et élaborant une graffiti
d'une rare clarté : "Ne touchez pas à Nedved." Il
n'en pouvait plus, et il a décidé de ne plus assumer ses
fonctions : "Je ne pensais pas que ça pourrait arriver. Je suis
stupéfait par le comportement des supporters. [...] Je ne
me sens plus à ma place dans le monde du football. Ma présence
à la Lazio va prendre fin. Dès que je quitterai la présidence,
il reviendra au comité directeur de Cirio [une marque de sauce
tomate détenue par Cragnotti à 80%, et qui contrôle
51% de la Lazio] de décider de la politique des investissements
du club. La Lazio est une entreprise cotée en bourse. Si les supporters
veulent en prendre le contrôle, qu'on les laisse. [...] Je
ne veux pas ruiner la Lazio, les investissement continueront. Mais je veux
mener une vie tranquille."
Pour mener une vie tranquille, le
football italien n'était certainement pas le meilleur des choix.
Mais à la Lazio, une page se tourne. Privée de ses deux meilleurs
éléments, sans perspective très affirmée de
remplacement, elle perd sa (grosse) tête. A un mois et demi d'un
troisième tour préliminaire de la Ligue des Champions décisifs,
le club romain semble avoir beaucoup perdu en cours de saison dernière
avec le départ de son entraîneur Sven-Göran Eriksson,
désormais sélectionneur de l'équipe d'Angleterre.
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à cet article - Par Yann Peltier
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