Manchester United : l'exil comme délivrance
Dix-sept ans après sa dernière Ligue des Champions, Manchester United s'enlise dans un cycle sans fin. À force de tout changer sans rien construire, le club anglais semble surtout exceller dans un domaine, celui de rendre ses joueurs moins bons qu'ils ne sont.

Peter Schmeichel a décidé de rallumer la mèche. Dans un podcast pour la BBC, l'ancien gardien des Red Devils s'est indigné du départ de Rasmus Højlund à Naples, où le Danois retrouve déjà son instinct de buteur. «Regardez ce qu'il fait avec De Bruyne et McTominay, il marque des buts» , a lancé le champion d'Europe 1999.
«J'ai toujours dit qu'il pouvait inscrire vingt-cinq buts par saison s'il était bien servi.» Une pique directe envers une direction incapable, selon lui, de mettre ses joueurs dans les bonnes conditions.
Les joueurs s'en vont et retrouvent la lumière
Marcus Rashford à Barcelone, Jadon Sancho à Aston Villa ou encore Antony au Betis, tous ont retrouvé la confiance qu'ils avaient perdue à Manchester. À Naples, Højlund (4 buts en 6 matchs) s'éclate dans une équipe équilibrée, portée par un collectif cohérent et des repères clairs. Rashford, lui, s'épanouit au FC Barcelone sous la direction de Hansi Flick après avoir dénoncé un «environnement instable depuis des années» . Sancho et Antony, deux symboles d'un recrutement mal géré, revivent eux aussi dès qu'ils s'éloignent d'Old Trafford.
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Anthony Elanga et Scott McTominay complètent ce tableau accablant. L'un a quadruplé sa valeur marchande après son transfert à près de 65 M€ à Newcastle au terme d'une grosse saison à Nottingham Forest, l'autre a été élu meilleur joueur de Serie A pour sa première campagne à Naples. Partout ailleurs, les anciens de Manchester United retrouvent de la régularité, du plaisir et du sens dans leur jeu. Le phénomène est trop récurrent pour être anecdotique : c'est le club qui abîme ses talents, pas l'inverse.
Un désordre perpétuel
Depuis 2016, Manchester United dépense sans compter mais ne bâtit rien. Près de 1,9 milliard d'euros ont été investis dans des recrues qui se sont succédé sans logique d'ensemble. Chaque entraîneur a imposé sa propre vision avant d'être remplacé, chaque direction sportive a effacé la précédente. À force de vouloir tout recommencer, encore et encore, le club s'est vidé de toute identité. Les joueurs ne savent plus où se situer, et la peur d'échouer remplace l'envie de progresser. Un cercle vicieux qui dure depuis le départ de Sir Alex Ferguson, malgré quelques sursauts d'orgueil lors du passage de José Mourinho.
Cristiano Ronaldo avait déjà pointé du doigt une institution «bloquée dans le temps» , une sortie qui lui avait coûté sa place. Zlatan Ibrahimovic racontait qu'on lui avait facturé un jus de fruit sur sa fiche de paie, symbole d'un club obsédé par les détails inutiles et incapable de régler l'essentiel. Même Rashford, formé chez les Diables Rouges, évoque aujourd'hui un besoin de stabilité qu'il n'a jamais réussi à trouver. L'histoire est connue mais continue de se répéter. Tant que Manchester United ne changera pas sa culture, il restera cet immense club figé dans le passé, où le talent se perd plus vite qu'il ne s'exprime.
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