Ligue 1 : McCourt et Oughourlian sonnent l'alarme

À cinq jours de l'assemblée générale de la Ligue 1, Frank McCourt et Joseph Oughourlian montent au créneau. Les propriétaires de l'Olympique de Marseille et du RC Lens dénoncent un «échec» de la LFP, une gouvernance opaque et des promesses non tenues, appelant à des réformes rapides.

Frank McCourt a décidé de sortir du silence.

Un coup de pied dans la fourmilière. À travers une prise de parole conjointe accordée au Figaro, Frank McCourt et Joseph Oughourlian veulent alerter sur l'avenir du football français. Leur initiative intervient après plusieurs échecs retentissants, notamment sur le dossier des droits TV, et dans un climat où la gouvernance de la LFP est plus contestée que jamais. Leur objectif est clair : replacer les clubs au centre du jeu et pousser à une réforme profonde avant que les pouvoirs publics ne s'en emparent.

Une gouvernance en échec

Les griefs des deux présidents sont frontaux. Le patron de l'Olympique de Marseille raconte avoir «entendu une multitude de promesses non tenues» depuis son arrivée dans le sud de la France en 2016, pointant notamment le rapport sur la loi Lafon transmis aux politiques sans consultation des clubs : «La Ligue est gérée de manière irrationnelle, opaque, inefficace. Ça suffit.» Un discours confirmé par son homologue de Lens : «Les frais de fonctionnement de la LFP et de sa présidence ont explosé, et personne n'assume les conséquences.» Les deux hommes considèrent que l'institution n'assure plus son rôle et que ses dirigeants se sont déconnectés de la réalité des clubs.

La faillite est surtout celle d'un management jugé incapable de redresser la situation. «La LFP a failli à sa mission, et plus grave encore, elle a abandonné les clubs» , a martelé Oughourlian. McCourt, lui, a comparé l'évolution des revenus : «Le football européen a augmenté de 70% depuis 2020, contre seulement 6% pour la Ligue 1, même avec l'apport du fonds CVC.» Le contraste avec LFP Médias, confié à Nicolas de Tavernost, est révélateur : «Il est arrivé dans une situation très difficile et en un temps record, il a lancé Ligue 1+ et fait plus d'abonnés en une semaine que DAZN en plusieurs années» , a insisté McCourt. Pour eux, la démonstration est claire : le problème n'est pas structurel, mais bien lié au leadership de la Ligue.

Réformer pour survivre

Au-delà du constat, McCourt et Oughourlian avancent une alternative. «Nous n'avons pas besoin d'un schéma à trois têtes, mais de deux entités partenaires : les clubs et la Fédération» , a poursuivi le promoteur immobilier américain. Le principe d' «un club, un vote» serait au coeur d'une gouvernance plus équilibrée. Pour son compère nordiste, l'enjeu dépasse les intérêts individuels : «Si les clubs ne prennent pas les décisions, les politiques le feront. Et ils auront raison car nos clubs sont essentiels au tissu territorial.» Les deux dirigeants veulent replacer les clubs au centre du jeu, avec plus de transparence et moins de conflits d'intérêts sans citer de noms.

«Le foot français a perdu 1,3 milliard d'euros l'an dernier. Quelle entreprise accepterait de tels résultats en gardant les mêmes dirigeants ?» , a interrogé le Bostonien, imité par son homologue du RCL : «Des dirigeants qui restent en place, payés des millions alors que les résultats sont catastrophiques, c'est absurde.» Tous deux restent néanmoins optimistes, sous réserve que la réforme soit engagée rapidement. «Cette crise peut être un mal pour un bien, à condition de mettre en place une direction à la hauteur» , a conclu Oughourlian. Pour McCourt, le mot d'ordre est clair : «Transformons cette crise en opportunité pour le football français en réparant ce qui ne fonctionne plus.»

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