Manchester United : Ruben Amorim perd la boule

Sous le feu des critiques, Ruben Amorim traverse une période sombre à Manchester United. Entre des résultats catastrophiques, des déclarations déroutantes et un vestiaire fracturé, l'entraîneur portugais paraît dépassé par l'ampleur de la tâche à Old Trafford.

Ruben Amorim face à un mur.

L'élimination en League Cup contre Grimsby Town (2-2, 12-11 tab), modeste club de quatrième division, a cristallisé la crise. Ruben Amorim, arrivé en novembre 2024 avec la réputation d'un petit génie tactique, affiche depuis des chiffres indignes du standing de Manchester United. Et ses sorties publiques, oscillant entre aveu d'impuissance et provocations maladroites, n'apaisent rien.

Des statistiques qui accablent

Depuis sa prise de fonctions, Amorim n'a remporté que 17 de ses 45 matchs officiels, soit un taux de victoires de 37,8%. En Premier League, le constat est encore plus brutal : seulement 7 succès en 29 journées, un rythme de relégable. À titre de comparaison, José Mourinho (58,3%), Erik ten Hag (54,7%), Ole Gunnar Solskjær (54,2%), Louis van Gaal (52,4%) ou même David Moyes (52,9%) affichaient tous un bilan nettement supérieur malgré des départs critiqués. Seul Ralf Rangnick, intérimaire avec seulement 29 matchs au compteur, a fait aussi mal (37,9%).

Le contraste est saisissant : alors que ses prédécesseurs, malgré leurs limites, ont su maintenir un minimum de compétitivité et pour certains, remporté des trophées (Ligue Europa, League Cup et Community Shield pour Mourinho, League Cup et FA Cup pour Ten Hag, FA Cup pour Van Gaal), Ruben Amorim se retrouve déjà au bord du précipice. Dans l'histoire récente du club, il est tout simplement l'entraîneur permanent le moins performant depuis Wilf McGuinness (36,8% de victoires). Un bilan qui nourrit le doute jusque dans les travées d'Old Trafford.

Une méthode qui se fracasse

Convaincu de son projet, Ruben Amorim a imposé son 3-4-3 et procédé à un ménage dans le vestiaire, sacrifiant Marcus Rashford, Jadon Sancho et Alejandro Garnacho. Mais cette révolution n'a pas produit les effets escomptés : la défense reste friable, les pistons inexistants, et l'attaque en panne malgré près de 230 M€ dépensés sur Matheus Cunha, Bryan Mbeumo et Benjamin Sesko. Plus inquiétant encore, le jeune Kobbie Mainoo, présenté comme l'avenir du club, envisage de partir à seulement 20 ans.

À cela s'ajoute une communication calamiteuse qui ne l'aide pas à se sortir de cette spirale infernale. Après la déroute contre Grimsby, Ruben Amorim a avoué «parfois détester [ses] joueurs» et a été filmé en train de jouer aux échecs avec un calepin sur son banc, image aussitôt tournée en ridicule par les réseaux sociaux et par les fans du club. Loin d'un électrochoc, ces postures révèlent un coach déboussolé, incapable de galvaniser un groupe déjà fragilisé par une décennie de bricolages après le départ de Sir Alex Ferguson.

Un avenir incertain

La trêve internationale en approche doit servir de temps d'introspection. Ruben Amorim a lui-même reconnu qu'il allait discuter de son avenir avec les dirigeants. Sir Jim Ratcliffe et son équipe se trouvent face à un dilemme : couper court à l'expérience avant la catastrophe ou prolonger un sursis qui pourrait coûter cher. La menace d'une saison à 36 points – synonyme de relégation – plane déjà alors que l'écurie britannique n'a récupéré que 28 points en 29 matchs de championnat depuis sa signature.

Pour survivre, Ruben Amorim devra adapter son discours et ses choix. Manchester United exige des résultats immédiats, mais aussi une autorité capable de rétablir la cohésion d'un vestiaire déjà fragilisé par ses décisions. Il doit trouver rapidement une ligne claire, corriger son approche tactique et redonner un minimum de confiance à son groupe. Sans ce déclic, à la fois sur le terrain et dans son management, le Portugais risque de s'effacer dans l'anonymat des entraîneurs de passage – un nouveau nom ajouté à la longue liste des échecs post-Ferguson.

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