Ligue 1 : Gourcuff, Villas-Boas... Finir la saison en novembre-décembre, l'idée fait son chemin, mais...
Face aux incertitudes générées par la pandémie de coronavirus, plusieurs voix s'élèvent en Ligue 1 pour appeler à terminer la saison actuelle coûte que coûte, quitte à chambouler le calendrier et à le calquer sur l'année civile. Plutôt intéressante sur le papier, cette option va toutefois avoir du mal à se concrétiser.
«On ne peut pas prendre une décision aujourd'hui du type : "On va démarrer à telle date, on va terminer fin juillet". Il y a des souhaits bien évidemment, mais rien de concret, aujourd'hui ce ne serait pas raisonnable.»
Samedi, le président de la Fédération Française de Football, Noël Le Graët, admettait l'impuissance des dirigeants à dégager une date de reprise des compétitions face à la pandémie de coronavirus.
Rivère a lancé l'idée
Dans ce contexte, personne ne peut affirmer aujourd'hui qu'il sera possible d'achever la saison en cours avant fin juillet, fin août, voire plus... Partant de ce constat, certains ont, comme Jean-Michel Aulas, évoqué l'hypothèse d'une saison blanche. Pour des considérations financières, notamment liées aux droits TV, la majorité des clubs préférerait toutefois que l'exercice aille à son terme. Quitte à chambouler le calendrier ? Président de l'OGC Nice, Jean-Pierre Rivère a été le premier à aller dans ce sens en déclarant mardi dans L'Equipe : «Nous pouvons prendre tout notre temps pour finir la saison actuelle en octobre ou novembre, et on démarre la saison prochaine en février.»
C. Gourcuff – «le foot est un sport d'été»
Au vu des dates inhabituelles de la Coupe du monde au Qatar, qui se disputera entre le 21 novembre et le 18 décembre 2022, cette idée a du sens dans une vision à moyen terme. Et plusieurs entraîneurs de notre championnat s'y sont montrés favorables ces derniers jours. «On commence à penser que le plus viable serait de finir cette saison en novembre-décembre et enchaîner sur un calendrier civil à partir de 2021 pour arriver jusqu'en 2022 et la Coupe du monde au Qatar. Après il faudra qu'on revienne à un calendrier normal. Pour la santé économique des clubs, ce serait bon de terminer le championnat», a ainsi estimé le coach de l'Olympique de Marseille, André Villas-Boas, vendredi sur RMC, rejoint ce dimanche par son homologue nantais, Christian Gourcuff.
«Je pense que le foot est un sport d'été. En hiver, on joue dans des conditions épouvantables, y compris pour les spectateurs. C'est une tradition qu'on a conservée pendant longtemps alors que les conditions sont idéales en été, surtout maintenant qu'on joue en nocturne», a appuyé pour l'AFP le technicien breton, favorable à une entame de la prochaine saison en février.
L'UEFA pas emballée
Cette hypothèse a donc ses partisans en L1, mais avant de voir le jour, elle risque de se heurter à trois écueils. Il y a d'abord la question des contrats pour les joueurs dont l'échéance arrive à terme au 30 juin. Prolonger le bail d'un joueur d'un ou deux mois supplémentaire(s) pour finir la saison ne devrait pas poser problème dans le contexte actuel où chacun est prêt à faire des efforts pour le bien de tous. En revanche, s'il est question de 5 ou 6 mois, c'est une autre paire de manches… Autre souci : il faudrait impérativement que le calendrier soit chamboulé pas seulement au niveau français mais bel et bien à l'échelle européenne, sous peine de poser de gros problèmes aux clubs français en Coupes d'Europe et sur le marché des transferts. Or, à l'heure actuelle, l'UEFA ne paraît pas franchement emballée.
«Nos options ? Recommencer à la mi-mai, en juin ou même fin juin. Puis si nous ne réussissons pas, la saison sera probablement perdue», affirmait ainsi le président de l'instance européenne, Aleksander Ceferin, samedi dans une interview accordée au journal La Repubblica. Avec l'Euro programmé du 11 juin au 11 juillet 2021, on peut effectivement comprendre que l'UEFA n'aille pas dans ce sens.
Les diffuseurs réticents ?
Et même en cas d'accord, achever la saison en cours ne nécessitera que deux mois ou deux mois et demi, soit en novembre-décembre, soit plus tôt si la situation le permet. Avec le coup d'envoi de l'exercice suivant en février, cela présagerait encore de longs mois sans le moindre match à se mettre sous la dent. Une hypothèse qui risque de faire bondir les fans de foot et des diffuseurs déjà à cran…
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