On entend souvent dire que le premier match d'une grande compétition conditionne la suite. Pour son entrée en lice, l'équipe de France affronte la Suisse, qu'elle n'est pas parvenue à battre en éliminatoires. Présentation des deux équipes avec le face à face de Maxifoot.

Passé entre les deux équipes

La sélection tricolore comptabilise 15 succès, 8 nuls et 12 défaites face au voisin helvète, pour une différence de but totale de +4 seulement. Un bilan équilibré mais trop large pour qu'on puisse en tirer un quelconque enseignement. D'autant que depuis deux ans, Français et Suisses ne se quittent plus ! Lors de l'Euro 2004, les deux équipes s'étaient déjà retrouvées dans le même groupe, en compagnie de l'Angleterre et de la Croatie. Leur confrontation à l'occasion du troisième match de poule avait abouti à une victoire des Bleus (3-1) grâce à un but de Zidane et un doublé de Thierry Henry. Mais ce score plutôt flatteur ne doit pas faire oublier que ce soir-là, les hommes de Jacques Santini avaient dû attendre le dernier quart d'heure pour prendre l'avantage, après avoir manqué une foule d'occasions.

Les retrouvailles ont eu lieu quelques mois plus tard, en mars 2005, les deux formations faisant toutes les deux partie du groupe 4 des éliminatoires pour le Mondial. Le match aller, au Stade de France, s'était soldé par un triste 0-0. Malgré une bonne entame, Trezeguet et les siens n'avaient pas marqué, comme contre Israël ou l'Irlande auparavant. Le match retour à Berne en octobre dernier constitue à ce jour la meilleure prestation suisse : plus vifs que leurs adversaires, Frei et sa bande avaient concédé l'ouverture du score un peu injustement avant d'égaliser en fin de match. Bref, si aucune des deux équipes n'a perdu récemment contre l'autre, c'est bien la Suisse qui a laissé la meilleure impression. L'attaquant helvète Alexander Frei ne cache d'ailleurs pas ses ambitions en vue de leur prochaine rencontre : «C'est le bon moment pour prendre le dessus. Il nous faut réaliser un hold-up.»

France : 7/10
Suisse : 8/10

Forme actuelle

Trois matches, trois victoires, six buts marqués et un seul encaissé : l'équipe de France a plutôt réussi sa préparation, d'autant qu'elle a donné l'impression de progresser à chacune de ses sorties : contre le Mexique, malgré un beau but de Florent Malouda, les Bleus avaient passé le plus clair de la deuxième période à défendre. Face au Danemark, ils ont inscrit deux buts et se sont procurés les meilleures occasions. La victoire de mercredi dernier face à la Chine (3-1), obtenue dans les dernières minutes, fut moins probante, mais il est difficile d'estimer la valeur de ce résultat compte tenu du contexte particulier (blessure de Cissé, penalty manqué juste après...). Une chose est sûre : le physique, lui, va mieux. Zidane n'avait joué que 50 minutes face au Mexique puis une soixantaine contre le Danemark ; il a tenu toute la rencontre face aux Chinois. C'est également le cas de Thierry Henry, préservé lors du premier match face aux Mexicains.

8/10

La Suisse a épousé lors de ses matches amicaux une trajectoire ascendante plus prononcée que celle des Bleus : face à la Côte d'Ivoire il y a deux semaines, les coéquipiers de Johan Vogel ont concédé le match nul (1-1) après avoir ouvert la marque. Même score, mais adversaire bien plus prestigieux quelques jours plus tard lorsque l'Italie est venue rendre visite aux Helvètes à Genève. Cette fois, ce sont les hommes de Köbi Kuhn qui ont égalisé par l'intermédiaire du Lillois Daniel Gygax. Ce bon résultat face à l'un des traditionnels favoris des grandes compétitions internationales demandait confirmation, elle a eu lieu samedi dernier face aux Chinois. Bien plus convaincants que ne le furent les Bleus face au même adversaire, les Suisses l'ont emporté 4-1 grâce notamment au doublé du buteur Alexander Frei, muet depuis un bon moment. Aucune défaite, un «gros» accroché, un score fleuve pour finir, rien de tel pour engranger la confiance.

9/10

Les joueurs :

Défense

William Gallas a bien failli connaître une carrière internationale à la Lilian Thuram, lui-même longtemps positionné à droite : défenseur central de métier, le joueur de Chelsea a disputé la plupart de ses matches en bleu au poste de latéral gauche. Mais c'est bien dans l'axe qu'il évoluera face aux Suisses, aux côtés du Turinois, justement. «On n'a jamais eu l'occasion de jouer ensemble» argumente le Blues pour expliquer leur entente encore perfectible. Thuram, remplaçant à la Juve, a par ailleurs montré avant le Mondial quelques signes de fébrilité : relances ratées, passes dans l'axe... Mais ils restent rares et n'ont jamais prêté à conséquence. A droite, Willy Sagnol souffre de l'absence d'un véritable ailier devant lui. De fait, il s'acquitte à lui seul de tout le couloir, tantôt pour centrer, tantôt pour revenir défendre. Au risque de laisser tout un flanc de l'arrière-garde déplumé. Enfin, à gauche, Eric Abidal a offert lors des dernières rencontres ses meilleures prestations en sélection. Déjà une valeur sûre.

8/10

Le jeune Philippe Senderos (21 ans) est devenu indiscutable après sa très bonne saison à Arsenal. Le Lyonnais Patrick Müller devrait l'épauler, mais gare à la concurrence de Johan Djourou, lui aussi Gunner. Cet athlétique joueur de 19 ans a en effet livré un très bon match face à l'Italie (1-1) en amical juste avant le début du Mondial. Les couloirs sont habituellement occupés à droite par le défenseur du Borussia Dortmund Philipp Degen (23 ans) et par Ludovic Magnin (VfB Stuttgart) à gauche. Outre Djourou, Behrami (21 ans) et Spycher peuvent intégrer le onze de départ. Mais qui que soient les joueurs alignés, leur puissance et leur vivacité risquent de ne pas suffire à compenser le manque d'expérience de l'ensemble. De l'expérience, le portier Pascal Zuberbühler, 35 ans, en a. Mais il doit surtout sa place à l'absence de relève au poste de gardien.

7/10

Milieu de terrain

Peut-être le talon d'Achille des Bleus. Non que le talent de Makélélé, Malouda, Vieira et Zidane soit remis en cause : c'est plutôt l'état de forme des deux derniers qui soulève des inquiétudes. Patrick Vieira a souffert depuis le mois de janvier d'une pubalgie à l'origine de sa fin de saison laborieuse avec la Juve. Et même s'il affirme être «bientôt à 100%» , on ignore si ce pur récupérateur donnera entière satisfaction à un poste de milieu droit qui l'oblige à s'excentrer, voire à déborder. Les matches amicaux n'ont d'ailleurs pas été très concluants. Quant à Zizou, ses dernières prestations n'ont pas été très rassurantes : lent, perdant quelques ballons, le meneur de jeu peine physiquement à gagner ses duels. Son match face à la Chine a toutefois laissé entrevoir de nets progrès. En outre, Makélélé et Malouda sont actuellement les deux meilleurs Français, ce qui assure aux Bleus un poids à la récupération et de la percussion offensive.

8/10

De l'expérience avec Johan Vogel (29 ans, 82 sélections), de la technique avec Ricardo Cabanas, de la vitesse avec Barnetta... On trouve de tout dans le milieu de terrain suisse. Habituellement, c'est le seul Vogel, joueur du Milan AC, qui se charge de la récupération. Fort d'un vécu important sur la scène européenne (il était l'un des piliers de l'équipe du PSV Eindhoven qui a atteint les demi-finales de la Ligue des Champions en 2005), il est aussi le premier organisateur des offensives helvètes. Au cas où l'absence de Streller, en attaque, se confirme, le sélectionneur Köbi Kuhn devrait intégrer un cinquième milieu de terrain, Daniel Gygax, en soutien de Frei. Le joueur du LOSC, sans être un titulaire à part entière, fait tout de même preuve en sélection d'une efficacité redoutable : il a récemment inscrit un superbe but contre l'Italie sur une frappe déclenchée à une vingtaine de mètres des buts de Buffon.

8/10

Attaque

Qui à côté de Henry ? Cissé hors-course, Govou est arrivé trop tard pour prétendre à une place de titulaire. Restent Saha et Trezeguet. Le premier a offert une passe décisive à Henry contre le Danemark, le second a ouvert le score face aux Chinois, mettant ainsi fin à un mutisme qui durait depuis plusieurs mois sous le maillot tricolore. L'attaquant de Manchester United surfe sur une fin de saison brillante avec les Red Devils, le Turinois compte sur sa complicité de longue date avec Henry. Qui que soit l'élu, Henry s'en accoutumera. Lui à qui on reprochait une influence moindre en équipe de France qu'avec Arsenal reste sur deux buts en deux matches avec les Bleus et semble plus épanoui que jamais depuis qu'il a enfin tutoyé les sommets européens sous le maillot des Gunners.

9/10

L'avant-centre suisse Alexander Frei revient en forme au pire moment pour les Tricolores : malchanceux et brouillon cette année avec le Stade Rennais comme en sélection, le joueur de 26 ans s'est remis dans le sens de la marche en marquant deux fois face à la Chine. Et pour ne rien arranger, l'autre attaquant, le géant Marco Streller, a lui aussi réussi un doublé lors du même match, remporté 4-1. Bref, la défense française devra se méfier de ce duo... s'il est aligné : Streller, qui souffre d'un genou, est en effet incertain. Autre «bonne nouvelle» pour Fabien Barthez et les siens, l'absence, encore sur blessure, du prometteur Johan Vonlanthen. Ce nom ne vous dit rien ? Il y a deux ans, le joueur de Breda (Pays-Bas) était devenu le plus jeune buteur de l'histoire de l'Euro et avait effacé des tablettes l'Anglais Wayne Rooney en égalisant face à... l'équipe de France ! Mais sans lui, et peut-être sans Streller, Frei risque de se sentir un peu seul...

7/10

BILAN - France : 40/50, Suisse : 39/50.

Plus expérimentée et comptant plus d'individualités dans ses rangs, l'équipe de France visera la victoire pour ses débuts dans ce Mondial. Mais la jeune équipe suisse mise sur sa bonne forme du moment pour réaliser un coup. Et puis, Raymond Domenech l'a récemment admis, la formation de Köbi Kuhn lui donne «des cauchemars» . Gare à ne pas rater le réveil, mardi...

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