Cette saison, la L1 aura l'accent suisse. Derrière le buteur rennais Alexander Frei, le nouveau joueur du LOSC, Daniel Gygax sera certainement le plus en vue. Ce jeune international suisse devrait facilement remplacer Christophe Landrin, parti au PSG. Dans un collectif bien rodé, mais sans individualités, il pourrait même devenir l'un des piliers de l'équipe.

Conseillé par Frei

La carrière de Daniel Gygax est simple et sa progression est régulière. Natif de Zurich, il intègre l'équipe professionnelle du FC Zurich (l'un des clubs de la ville avec le Grasshopper) à 17 ans. Après quelques apparitions, il est prêté à Aarau pour s'aguerrir. Enrichi de cette expérience, il s'impose au FC Zurich à partir de la saison 2002-2003. En trois saisons, il dispute 90 matchs et inscrit 16 buts. Après une saison conclue en apothéose par une victoire en coupe de Suisse, Gygax accepte la proposition de Lille sans hésiter. «Je vais avoir 24 ans (le 28 août). J'ai connu beaucoup de succès en Suisse et c'était le bon moment pour sauter le pas. Presque tous mes coéquipiers de l'équipe nationale jouent dans de bons clubs ou dans les plus grands championnat d'Europe.» Signer à Lille était pour lui une belle opportunité. «En arrivant ici, je franchis un palier supplémentaire.» Gygax a intégré la sélection suisse depuis l'Euro 2004 (11 sélections et 2 buts). «Je suis passé par toutes les étapes, explique-t-il. Des moins de 15 ans suisses à l'équipe A. J'ai disputé une quarantaine de matchs en Espoirs. J'étais d'ailleurs de la partie à l'Euro Espoir où nous avions rencontré la France en demi-finale.»

La France le retrouvera d'ailleurs probablement sur son chemin pour un match capital en vue de la qualification pour la Coupe du Monde 2006. Une équipe de France dont il garde un souvenir mitigé à l'euro 2004 : «J'ai pratiquement joué toute la rencontre contre l'équipe de France, rappelle-t-il. C'est d'ailleurs moi qui ai donné la passe décisive pour l'ouverture du score. Malheureusement, Thierry Henry nous avait tué ce jour là en réalisant un doublé.» Alors qu'il avait déjà une haute estime de la L1 – «c'est certainement l'une de celles qui cultivent le plus la culture du jeu et qui produit le plus grand nombre de stars internationales» - son coéquipier en équipe nationale n'a fait que confirmer son intention. «J'en ai parlé avec Alex Frei qui m'a fortement conseillé de venir en France.» En France, Saint-Etienne était également sur les rangs, mais la Ligue des Champions, la volonté des dirigeants et le professionnalisme du club ont fait la différence. «Lille et son directeur sportif ont démontré une détermination supérieure» , explique Gygax.

Les Suisses en force

A Lille, Gygax retrouve un compatriote, Stephan Lichtsteiner, qui vient des… Grasshoppers de Zurich. «Je suis content, même si je ne connais pas très bien Stephan.» C'est au moins un coéquipier avec qui il peut discuter, car Gygax ne maîtrise pas très bien le français. «J'ai appris à l'âge de 4 ans les trois langues obligatoires. Je reste sans doutes plus à l'aise en allemand et en anglais, mais je m'adapte.» Les deux anciens zurichois discutent en allemand, ce qui n'a pas empêché leur intégration. «On s'est tout de suite très vite adaptés, affirme Gygax. Les gens de la région sont hyper accueillants, pas compliqués du tout. La ville est sympa, on a pu s'en rendre compte lorsqu'on habitait à l'hôtel, Stefan et moi. Et puis notre équipe est très jeune. Cela nous a aussi bien aidés.» Gygax raconte d'ailleurs une anecdote qui résume son arrivée dans le nord : «Les gens du nord sont très cordiaux, j'en ai reçu la preuve le soir même de ma signature. Un jeune couple lillois qui ne me connaissait pas m'a guidé à travers la ville pour me montrer une station essence qui était encore ouverte.»

Cette saison, les deux joueurs du LOSC croiseront quelques compatriotes, à commencer par les Rennais Frei et Rochat qu'ils ont vaincu samedi dernier (1-0). «Depuis quelques années, la France a remplacé l'Allemagne, affirme Gygax. C'est devenu la destination préférée des joueurs suisses. La plupart des joueurs suisses qui sont venus en France ont connu le succès. Il faut penser aussi aux joueurs étrangers qui sont passés par le championnat suisse comme Sonny Anderson, Shabani Nonda ou Benjani.» Compétiteur, Gygax est plutôt content de sa première apparition en L1 mais espère faire mieux : «Pour une première sortie, c'était bien. Mon entraîneur Claude Puel m'a dit que j'avais fait un bon job, que je m'étais bien battu. Maintenant, je ne suis pas totalement satisfait : à Zurich, j'avais pratiquement à chaque fois un but ou une passe décisive, et là, ça n'a pas été le cas. J'ai pourtant eu une occase... Ce sera pour la prochaine fois.»

Dribbleur et passeur

Milieu offensif droit, Gygax reprend poste pour poste la place de Christophe Landrin, une des figures du club. Lille ayant de plus assez peu recruté, Gygax est très attendu. «De la pression, on en a partout, nuance-t-il. J'espère juste que je répondrai aux attentes du public.» Plus jeune, Gygax semble avoir un potentiel supérieur au nouveau joueur du PSG. «Je vais vite et je suis efficace dans la dernière passe, estime Gygax. J'aime être imprévisible pour mes adversaires.» Agile dribbleur, Gygax apportera de la variété dans le jeu du LOSC. Combatif, il ne devrait pas avoir de difficultés pour se fondre dans le moule du club nordiste et à conquérir le public. Pour Claude Puel, Daniel Gygax est un élément «technique, polyvalent, capable d'évoluer dans tous les secteurs du milieu de terrain, très bon dans les passes et adroit devant le but.» Gygax a vite constaté les différences entre les clubs suisses et français lors de la préparation d'avant saison : «Ici, c'est le haut niveau tout le temps, déclare-t-il. A l'entraînement, Stefan et moi avons très vite été dans le bain techniquement parlant, mais physiquement on a ramé. Maintenant, je crois qu'on est bien dans le moule.»

Quant à ses ambitions avec l'équipe, Gygax affiche la couleur : «Terminer le plus haut possible en championnat car quand vous avez réussi à décrocher la deuxième place du classement, vous vous devez de réussir à nouveau cette performance, voire être encore plus forts.» Il reconnaît cependant la qualité de l'OL : «Lyon est tout de même devenu l'une des plus fortes équipes d'Europe.» L'ambition sera bien sûr également de briller sur la scène européenne. Gygax semble avoir tous les atouts pour s'imposer comme un bon joueur du championnat de France. Son expérience internationale sera sans doute un plus pour le LOSC en Ligue des Champions. «J'aimerais m'installer comme l'un des piliers de l'équipe, déclare-t-il. Aller le plus loin possible en Ligue des Champions et réussir un bon championnat pour pouvoir continuer à jouer avec la sélection suisse.»

Jeune et talentueux, Gygax peut devenir l'un des moteurs de Lille cette saison. Il devrait être une excellente rampe de lancement pour une attaque qui vient de se renforcer. Reste désormais à savoir combien de temps il lui faudra pour s'imposer en L1. Son coéquipier en équipe nationale, Alexander Frei avait mis du temps avant de se révéler.

Nom : Gygax
Prénom : Daniel
Né le 28 août 1981 à Zurich (Suisse)
Taille : 1,79 m
Poids : 73 kg
Clubs : FC Zurich, FC Aarau, FC Zurich, Lille (depuis juin 2005)
International suisse.