Débarqué de Suisse en 2003, Kanga Akalé a mis du temps à s'imposer en France. Dans l'ombre des stars de l'attaque auxerroise depuis son arrivée dans l'Yonne, il est désormais l'un des joueurs qui apportent l'étincelle dans le jeu de l'AJA. Le potentiel de l'ailier ivoirien éclate cette saison au grand jour.

Oublié en Suisse

Le parcours de Kanga Akalé est classique pour un Africain. Il débute à Abidjan, mais rapidement il s'exile vers l'Europe. Et là, les rêves ne sont pas si faciles à réaliser. A 17 ans, il joue en équipe réserve du FC Sion. Mais il n'a pas d'avenir dans ce club. Heureusement, le FC Zurich l'engage. Dans l'équipe de Gilbert Gress, il fait peu à peu son trou. C'est l'équipe de Côte d'Ivoire qui va booster la carrière d'Akalé. Robert Nouzaret l'appelle en équipe nationale, sentant le potentiel intéressant de ce jeune homme encore très fragile mentalement. «Dans mon système en 4-4-2, il correspondait bien à l'idée que je me faisais du joueur de couloir offensif qui percute et déborde» , précise le sélectionneur de la côte d'Ivoire.

Nouzaret résume également la personnalité du joueur : «C'est un jouer très fin, mais qui éprouve un grand besoin de sentir un climat de confiance autour de lui.» C'est justement lors d'un match avec l'équipe de la Côte d'Ivoire qu'Akalé se fait remarquer par l'adjoint de Guy Roux, Daniel Rolland. Le profil d'ailier intéresse particulièrement les Auxerrois et Rolland lui propose de rejoindre la Bourgogne. «Pour moi, ce n'était qu'une approche banale» , raconte Akalé. Quelques mois plus tard, Auxerre fait une offre au club suisse, mais le président du club de Zurich ne veut pas lâcher sa perle. «J'ai su lui faire comprendre que j'avais là une chance inespérée d'intégrer le championnat français, explique Akalé. Il a pris son temps, mais il a fini par céder.»

Débuts difficiles

Arrivé à Auxerre au cours de la saison 2002-2003, en provenance de Zurich, Akalé n'a pas réellement convaincu dès le début. Au début de la saison 2003-2004, il repart du bon pied, aidé par l'arrivée de son compatriote, Bonaventure Kalou. «Sa présence me fait du bien, explique Akalé. Quand il est arrivé au club six mois après moi (juin 2003), ça a été un soulagement.» Malheureusement, une blessure au genou éloigne des terrains l'ancien joueur de Zurich plusieurs mois. Il met ensuite du temps pour trouver la bonne cadence. «Le coach m'a beaucoup parlé, explique l'ailier gauche auxerrois. Il m'a dit qu'il comptait sur moi et que je pouvais faire mieux. On m'avait recruté pour succéder à Fadiga, ce n'était pas évident.»

Akalé sait aussi faire son autocritique sur ses prestations en dents de scie, pas uniquement dues à sa blessure. Il prend conscience de ses défauts : «Je n'étais pas suffisamment concentré lors des entraînements» , admet-il. En concurrence la saison dernière avec Olivier Kapo, notamment, Akalé saisit l'occasion d'un nouveau départ après le remaniement de l'équipe à l'intersaison. L'envol se concrétise particulièrement avec la victoire à Marseille (1-0), sa première à l'extérieur. «Moi qui avait la réputation d'être toujours meilleur à domicile qu'en déplacement, j'avais réalisé un très bon match.» Aujourd'hui, Akalé se révèle être un passeur redoutable et le digne successeur de Kapo et Fadiga.

Obsédé par la passe

Alors qu'on dit que les buteurs ont l'obsession du but, Akalé, lui, a une autre motivation : faire marquer. L'Ivoirien espère d'ailleurs terminer meilleur passeur de la L1. Actuellement, avec sept passes décisives, il est l'un des meilleurs dans ce domaine et il se livre un duel à distance avec l'un des plus talentueux passeur, le Rennais Olivier Monterrubio. Ambitieux mais réaliste, Akalé se réjouit un peu de l'affaiblissement de l'opposition : «Après la longue blessure de Rothen et le départ de Ribéry en Turquie, j'estime avoir mes chances. Mon rôle c'est de donner des buts. Normalement, je devrais offrir une passe décisive une fois tous les deux matches. En vérité, cela m'excite autant que de marquer moi-même.»

Confiant et ambitieux, il avoue l'importance qu'il accorde à son nombre de passes décisives : «J'enrage de constater qu'on oublie parfois de me comptabiliser une passe, comme si mes efforts passaient totalement inaperçus.» Mis dans de bonnes dispositions par ses bons matchs et sa réussite, Akalé s'épanouit et ne cache pas sa satisfaction : «Aujourd'hui je me sens vraiment bien. J'ai désormais la confiance de mon entraîneur et de mes coéquipiers, qui savent qu'à tout moment je suis capable de leur donner une bonne passe ou de créer des brèches dans les défenses.» Titulaire 21 fois en championnat, Akalé est devenu l'un des joueurs clé du dispositif de Guy Roux, qui lui sera bien utile dans le mois d'avril très chargé qui attend l'AJ Auxerre.

A tout juste 24 ans, Kanga Akalé a su profiter du départ d'Olivier Kapo pour prendre avec brio une place de titulaire dans le onze type de Guy Roux. Mieux encore, il est l'un des meilleurs passeurs de la L1. Une récompense pour ce joueur, qui a su se remettre en question, et son entraîneur, qui l'a protégé et lui a fait confiance.

Nom : Akalé
Prénom : Kanga
Né le 7 mars 1981 à Abidjan (Côte d'Ivoire)
Taille : 1,79 m
Poids : 69 kg
Clubs : Sion, FC Zurich, Auxerre (depuis janvier 2003).

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