Depuis l'entame de cette nouvelle saison de Ligue 1, il y a deux RC Lens. Le premier, solide et réaliste, a aligné trois victoires d'affilé alors que le second ne marque pas et encaisse des buts évitables. Si cette dernière description résume bien le dernier match face à Rennes, l'embellie entrevue lors des rencontres précédentes est encourageante. Analyse.

Coup d'arrêt à Rennes

Après un début de championnat poussif (un nul et une défaite) et un réveil tonitruant (cinq victoires consécutives, trois en L1 et deux en coupe d'Europe contre Kutaïsi), le Racing Club de Lens espérait bien passer l'obstacle rennais lors de cette sixième journée de L1. Mais au stade de la Route-de-Lorient, les hommes de Joël Muller sont retombés dans leurs travers, ceux d'une équipe solide capable d'être maître du ballon mais ne concrétisant pas. Au lieu de profiter de l'un des onze (!) corners obtenus ou d'égaliser grâce au joker Bakari, les coéquipiers de Daniel Moreira ont encaissé deux buts "stupides" de l'aveu même de leur coach. Aucun but marqué et une défense moins intraitable qu'à l'accoutumée : voilà de quoi causer à nouveau quelques soucis à l'ancien entraîneur de Metz. Ce dernier s'attendait d'ailleurs à "une autre prestation" et comparait cette défaite à la première des Sang et Or face Nantes (2-0) dans La Voix du Nord :

"On a manqué de dimension dans le jeu. [...] Face à une équipe bien organisée sur le plan défensif, et malgré notre maîtrise, nous n'avons pas su accélérer pour désorienter et déséquilibrer la défense". Mais si ce revers n'a en soi rien de catastrophique, il permet de cerner les problèmes auxquels font face les Lensois en ce début de saison. 

Un objectif : marquer !

C'est d'abord sur le plan offensif qu'une réaction est nécessaire car quatre buts en six matches (dix-huitième attaque de L1), ce n'est évidemment pas assez pour espérer jouer les tous premiers rôles. Le réveil inespéré de Dagui Bakari (trois buts et trois passes décisives toutes compétitions confondues) sera peut-être la solution si celui-ci est bien épaulé par ses deux talentueux compères de l'attaque, l'international Daniel Moreira et le Nigérian John Utaka.  Ensuite, l'absence de certains cadres, comme par exemple Rigobert Song et Bouba Diop à Rennes, coûte parfois cher. Si la qualité des remplaçants (Diagne-Faye, très solide, et Pape Sarr) n'est pas remise en cause, c'est certainement de leaders que manque le Racing lorsque qu'un joueur tel que "Rigo" est absent. Le Camerounais, qui a récupéré le brassard après le départ de Sibierski, est désormais l'homme fort sur et en dehors du terrain dans l'effectif lensois. Song est difficilement remplaçable dans ce rôle de meneur d'hommes mais un joueur comme Moreira ("deuxième capitaine"), fort de son statut d'international, est décidé à prendre ses responsabilités et haussera le ton en cas de besoin : "Vu la composition et la jeunesse de l'effectif, aujourd'hui je parle davantage pour nous pousser un peu plus haut. Nous devons être plusieurs leaders", a t-il déclaré à nos confrères de France Football. Le départ de neuf joueurs (!) au maximum, dont Rigobert Song, pour la Coupe d'Afrique des Nations en janvier devrait lui en donner l'occasion…

Solidité et solidarité

Malgré ces quelques imperfections, il n'y a évidemment pas le feu à la maison sang et or, bien au contraire. Joël Muller peut en effet s'appuyer sur les qualités observées lors de cette série de match victorieuse qui a pris fin face aux joueurs de Lazlo Böloni. Hormis contre Nantes (deuxième journée) et Rennes (deux buts encaissés à chaque fois), les Lensois ont fait preuve d'une solidité (cinquième défense de L1 avec cinq buts encaissés) digne de leur statut d'équipe "la plus physique de L1".  Ils ont aussi retrouvé la solidarité qui leur faisait parfois défaut la saison dernière et ont arraché deux victoires dans les dernières minutes (contre Marseille et Nice à domicile). Mais ce qui doit satisfaire avant tout Gervais Martel (qui vient de fêter ses quinze ans de présidence) et le staff artésien, c'est la jeunesse des joueurs qui forment aujourd'hui l'ossature du RC Lens. Avec des éléments aussi talentueux que Charles Itandje (20 ans), Olivier Thomert (23 ans) ou la révélation marocaine issue du centre de formation Mounir Diane (21 ans), le club prépare l'avenir et pourrait réserver de belles surprises à son inimitable public du stade Bollaert. A commencer par samedi face à des Girondins de Bordeaux dans le doute après leur défaite à domicile contre Sochaux (1-3). Pour Seydou Keita, ce sera d'ailleurs "un match très important qu'il faudra gagner pour rebondir". 

Le périple macédonien

C'est vrai que cela pourrait servir avant d'aller en Macédoine, jouer un match piège face au Cementarnica Skopje pour le premier tour de la Coupe de l'UEFA. Petite présentation de ce club pour le moins méconnu : crée en 1955, le FKC 55 dispose d'un stade d'une capacité de 2500 places. Huitième de son championnat national la saison dernière à trente longueurs du champion, le Vardar Skopje, le Cementarnica a obtenu son billet pour la coupe de l'UEFA (pour la première fois de son histoire) grâce à une victoire en Coupe face au Sloga Jugomagnat…Skopje (4-4 après prolongations, 3-2 aux tirs au but). Un adversaire qui semble donc plutôt modeste sur le papier, et qui est en tous cas largement dans les cordes des coéquipiers de Rigobert Song. Mais attention au côté imprévisible des équipes de l'ex-Yougoslavie…

Le joueur : Charles Itandje

Le coéquipier du Bastiais Nicolas Penneteau en équipe de France espoirs est, de l'avis de tous, LE gardien de ce début de saison en L1. Successeur de Guillaume Warmuz au pied levé la saison dernière, ce joueur formé au Red Star a confirmé les espoirs placés en lui, en particulier par l'adjoint de Joël Muller et entraîneur des gardiens Michel Ettore (ancien pro du FC Metz). Deux matches ont placé Itandje sous le feu des projecteurs : le premier à Bollaert face à l'OM en remportant plusieurs duels face à Drogba (qui a tout de même marqué), et le second à Strasbourg, où il a tout simplement été exceptionnel, préservant l'avantage des siens tout au long du match et jusqu'à la dernière minute en sortant une frappe à bout sortant de Bassila. Et dire qu'il n'a que 20 ans…

La stat : 4 buts

Quatre buts en six matches, dix-huitième attaque de Ligue 1 : voilà le gros problème des Lensois. Et s'ils ont déjà touché les poteaux à trois reprises cette saison, ceci n'explique pas tout. Il leur faudra améliorer la dernière passe et évidemment être plus précis dans la finition pour ne pas devoir se reposer trop longtemps sur leur défense.

La décla : Daniel Moreira

"Le président vise une place dans les cinq premiers en mai prochain et une qualification européenne. […] Vu l'effectif, si nous restons mobilisés, nous atteindrons notre but car, sur le terrain, nous pouvons battre tout le monde. J'en suis persuadé […]"

Merci, et à la semaine prochaine !