Champion de France en titre, l'Olympique Lyonnais, après 19 matches disputés cette saison, s'impose légitimement comme le favori à sa propre succession. Leader de L1, invaincu cette saison en championnat, le Roi Lyon impose le respect par sa force et sa régularité et s'annonce comme le club à battre.

A mi-parcours, l'Olympique Lyonnais a rendu copie presque parfaite, fort d'un parcours sans véritables accrocs. Leaders du championnat de L1 avec 39 points, avec trois points d'avance sur les Lillois mais surtout sept sur les Auxerrois et neuf et dix points sur l'AS Monaco et l'OM , les hommes de Paul Le Guen n'ont connu la défaite qu'à deux reprises en 27 matches (19 de championnat, 6 de Ligue des Champions, 1 en Coupe de La Ligue et le Trophée des Champions) et sont montés progressivement en régime pour trouver leur rythme de croisière en cette fin d'année et glaner au passage un titre honorifique de Champion d'automne, le premier de leur histoire. Ajoutez à cela une place en huitième de finale de Ligue des Champions acquise avec brio et vous obtenez l'Olympique Lyonnais version 2004-2005, promis à un quatrième titre de Champion de France consécutif. Un exploit qui permettrait à l'OL, qu'on dit parfois en déficit de popularité, de rejoindre deux clubs de légende qui, seuls, ont réussi cet exploit, l'AS Saint-Etienne (de 1966 à 1970) puis l'Olympique de Marseille (de 1988 à 1992).

Un parcours quasi idéal, des joueurs reconnus comme parmi les meilleurs de France (7 joueurs font en effet partie du onze idéal désigné par nos confrères du journal L'Equipe, virtuellement entraîné par... Paul Le Guen), de quoi satisfaire dirigeants et entraîneur rhodaniens. «Il y avait un titre virtuel de champion d'automne, il est maintenant dans l'armoire. Le parcours en Champions League a également été extraordinaire. Enfin, c'est la première partie de saison que nous réalisons de manière aussi réussie» confiait ainsi Jean-Michel Aulas, pas peu fier de son équipe, sur le site officiel du club, aussitôt relayé par Paul Le Guen, satisfait de ses hommes. «Nous avons jusque-là réalisé un très beau parcours. Je suis, dans l'ensemble, très satisfait de la manière et des résultats» . On le serait à moins…

Une lente mise en route

La première sortie lyonnaise va être à l'image de son parcours de début de saison. C'est en effet par une victoire face aux Aiglons de Gernot Rohr, à Nice, que les Gones vont entamer leur saison (1-0). Une victoire à l'extérieur qui en appellera bien d'autres, les hommes de Paul Le Guen totalisant ainsi cinq victoires hors de leurs bases. Souvent efficaces à l'extérieur, les Lyonnais vont pourtant avoir du mal à se lancer à Gerland, où il leur faudra attendre la venue de Caen lors de la 10ème journée (4-0) pour les voir enfin entamer une série de quatre victoires consécutives sur leurs terres eux qui n'avaient emporté les trois points de la victoire qu'à une seule reprise à domicile en neuf journées, alors que dans le même temps, il faisait figure d'épouvantail à l'extérieur avec quatre rencontres remportées sur cinq disputées. Depuis, le bilan s'est heureusement rééquilibré (19 points obtenus à domicile contre 20 à l'extérieur), même si la dernière sortie de Lyon à domicile s'est traduite par un nul face à Marseille (1-1).

Sur le podium de L1 depuis la 7ème journée et en tête de l'élite sans discontinuer depuis la 10ème journée, l'olympique Lyonnais a construit son succès sur des bases solides. S'il fait partie des meilleures attaques de Ligue 1 (6ème rang avec 23 buts) c'est avant tout au niveau de la défense que les Rhodaniens semblent faire la différence. Huit buts seulement encaissés en 19 journées, dont seulement trois à domicile ! Un bilan époustouflant pour une équipe qui a pourtant subi, successivement, les blessures d'Eric Abidal, Anthony Réveillère, Jérémy Berthod mais surtout Claudio Caçapa (ce dernier ayant à peine repris l'entraînement). La muraille lyonnaise est en place et seuls ses voisins stéphanois ont su la percer à deux reprises, concédant toutefois la défaite (2-3). Reste que si les hommes de Paul Le Guen sont brillants en défense, leur attaque semble parfois manquer de peps et ont peut le reprocher de se contenter de succès sur la plus petite des marges. C'est ainsi que sur 10 victoires, six ont été obtenues avec un seul but d'avance, le carton face à Caen lors de la 10ème journée faisant figure d'exception (4-0).

Les attaquants lyonnais n'ont pourtant pas complètement démérité lors de cette première moitié de saison, Juninho, meilleur buteur du club marquant cinq buts, talonnés par Pierre-Alain Frau avec quatre réalisations. Mais le faible rendement de Sidney Govou (3 buts) ou de Florent Malouda (2 buts),notamment, grèvent l'attaque lyonnaise qui n'apparaît pas encore comme un bulldozer prêt à tout écraser sur son passage. On peut toutefois mettre en lumière les performances du Brésilien Nilmar dont les apparitions dynamisent le jeu lyonnais. La plupart du temps remplaçant (12 matches sur 15 disputés), il parvient à se créer bon nombre de situations favorables, lui permettant de se montrer dangereux ou de placer ses coéquipiers en bonne position. A l'image de ce jeune attaquant, c'est le recrutement lyonnais qui a été réussi. Bien que privé de Luyindula en attaque mais surtout orphelins de Dhorasoo et Carrière au milieu de terrain, les Champions de France ont su recruter intelligemment, l'arrivée de Frau, Wiltord, mais aussi de Cris et Abidal et donc Nilmar s'inscrivant dans une volonté de construire une équipe solide, une équipe pour l'avenir…

Attention au coup de fatigue…

Si, comme la saison dernière à même époque pour Monaco, les observateurs prédisent aux Lyonnais un brillant avenir, auréolé d'un quatrième titre de champion de France, la route est encore longue jusqu'au sacre ultime. Car si l'Olympique Lyonnais semble dominer sans partager le football hexagonal, il est difficile de prévoir ce qui pourrait se passer au cours de 19 prochains matches. Car qui aurait dit, la saison dernière que les hommes de Didier Deschamps, disposant pourtant d'une confortable avance de dix points sur leurs rivaux rhodaniens, seraient dépassés et verraient leur passer sous le nez un titre qui leur tendait les bras ? L'heure est donc à la prudence et au travail, il n'est en aucun cas question ni de pavoiser, ni de croire que tout est acquis. Les Champions de France sont certes en position favorable mais loin d'être à l'abri du retour de ses adversaires les plus féroces au premier rang desquels les Lillois. Seuls à suivre le rythme effréné des Gones, les Dogues, à seulement trois longueurs restent accrochés et ne lâchent rien. Les Lyonnais, restant sur trois matches nuls lors des trois dernières journées ne sont pas parvenus à les lâcher et pourraient éventuellement le regretter même si les hommes de Claude Puel, qui ont disputé la Coupe Intertoto et qui seront encore handicapés par la fatigue de la Coupe d'Europe pourraient, à un moment ou à un autre, payer le prix des efforts consentis. Loin des deux clubs de tête, Auxerre, Monaco et Marseille peuvent également faire figure d'épouvantails dont doivent se méfier les Lyonnais. Attention notamment au retour des hommes de Didier Deschamps qui aimeraient, pourquoi pas, rendre la pareille à leurs amis lyonnais et forts d'un dynamisme et d'une forme retrouvée pourraient fondre à nouveau sur les Champions de France.

Mais le principal source de fatigue qui pourrait atténuer la domination lyonnaise sur le championnat est bien entendu la Ligue des Champions. Encore plus que le championnat, le parcours lyonnais en Europe apparaît cette saison comme des plus prometteurs. Sortis premiers de leur groupe devant Manchester United (seule équipe, avec Lille à avoir battu les hommes de Paul Le Guen depuis 27 rencontres), les Lyonnais ont convaincus la scène européenne de leur force et de leur talent (notamment par leurs matches face à Manchester United à Gerland, 2-2 mais aussi grâce à leur victoire à l'extérieur sur les Turcs de Fenerbahce, 3-1) et ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin. «On peut se mettre à rêver. L'an passé, nous avons été en quarts de finale. Il faudra essayer de faire aussi bien» assurait, confiant, Florent Malouda au sortir de la qualification pour les huitièmes de finale. Opposés au Werder de Brême en mars, l'OL peut légitimement espérer aller plus loin mais devra, pour cela gérer de la meilleure des manières ses efforts s'il ne veut pas, à l'image d'un certain club du Rocher, perdre sur tous les tableaux et se retrouver, en fin de saison, sans titre ni couronnes…

Loin d'être épargnés par les blessures depuis le début de saison et même si l'effectif lyonnais riche et talentueux semble assez étoffé pour affronter les affres de toutes les compétitions, les Champions de France ne doivent pas se reposer sur leur laurier et continuer à travailler après une trêve bien méritée et qui aura été mise à profit par les joueurs pour goûter à un repos bien mérité. «Les joueurs ont montré beaucoup de lassitude depuis quelques matches. Nous avons disputé beaucoup de rencontres avec enjeu depuis le début de saison et cela s'est ressenti. Je suis convaincu que la trêve va faire un bien énorme. Les joueurs vont se ressourcer» expliquait ainsi l'entraîneur lyonnais avant la trêve. Espérons pour les Gones qu'ils auront suivi les consignes de leur coach…

Le début d'année lyonnais ne devrait pas connaître de changements bouleversants. Hormis Giovane Elber, toujours blessé et qui pourrait quitter ses coéquipiers, les mouvements du mercato ne devraient pas se faire sentir côté lyonnais. Forts d'une stabilité à toute épreuve, les dirigeants lyonnais ne semblent pas se montrer très actifs sur le marché des transferts et ne devraient pas retoucher un effectif déjà bien en place et qui tourne bien. D'autant plus que nombre de joueurs clés de l'équipe, blessés de longue date devrait, progressivement faire leur retour dans le groupe. Grégory Coupet, remis de sa blessure devrait ainsi pouvoir reprendre la compétition au plus vite et retrouver les cages que Nicolas Puydebois a très bien gardées en son absence. Bonne nouvelle également en défense où Claudio Caçapa devrait faire son retour très prochainement, se donnant toutefois le temps de se remettre totalement de sa blessure au genou, Hatem Ben Arfa, continuant, de son côté son programme de soins.

Beaucoup de clubs de Ligue 1 auront une résolution identique pour 2005 : être le premier à faire tomber l'Olympique Lyonnais. Attendus à chaque sortie, la tâche des Rhodaniens ne risquent pas d'être facilitée lors de la seconde partie de la saison. Mais là est le sort des grandes équipes car à vaincre sans péril on triomphe sans gloire ! L'année 2005 sera-t-elle une nouvelle fois l'année lyonnaise ? Réponse en mai prochain !

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