Reconnaissance !!! Voilà un mot dont la signification semble dénuée de tout sens aux yeux de nombreux supporters Parisiens. Frédéric Déhu a la trempe d'un capitaine au grand coeur. Tout au long de ses années parisiennes, il a su porter fièrement les couleurs de son club de prédilection. La rédaction de Maxifoot tient à le féliciter chaleureusement pour la qualité de ses prestations et l'amour qu'il portait à ses couleurs. Retour sur un voyage au bout de l'enfer.

Le PSG achève une saison difficile, courageuse, où les troupes de Vahid Halilhodzic ont mis beaucoup d'ardeur au travail en permanence au service du collectif. Depuis la présidence de Denisot, le club de la Capitale a traversé bien des travers. Loin de briller en Championnat ou en Coupe d'Europe, les Parisiens pouvaient espérer se rabattre sur des victoires en Coupe de la Ligue et en Coupe de France qui semblaient largement à portée de main. L'esprit club au PSG se dénote avant tout par une formidable motivation pour les trophées. Samedi soir au Stade de France, après avoir échoué en mai 2003 contre Auxerre (2-1), le PSG a mis fin à la période de disette. Il remporte une sixième coupe nationale, acquise de haute lutte face à la vaillante équipe de Châteauroux. Devant plus de 20 000 de ses supporters, la fête aurait du être belle après une telle victoire, auréolée de la présence symbolique de Miche Denisot. Oui, mais celle-ci a été complètement gâché et ternie, suite aux sifflets innombrables et ininterrompus de supporters peu indulgents et absolument pas reconnaissants à l'égard d'un pauvre capitaine. Complètement effondré et esseulé, il a pourtant tout donné pour conduire son équipe au plus haut niveau cette année. Ce capitaine courage auquel il convient plutôt de rendre un vibrant hommage, se nomme Frédéric Déhu.

Une carrière talentueuse

Déhu se montre un valeureux capitaine exemplaire et combatif au sein du PSG. Il atteint régulièrement des sommets lors des matches de haut niveau. Pour étoffer son palmarès, il ne lui manque que la reconnaissance internationale, avec une nouvelle titularisation en équipe de France qu'il mérite amplement. Seule la concurrence s'avère trop forte. Natif de la région parisienne à Villeparisis, il entame une très belle carrière en Ligue 1 avec les Sang et Or en 1991. Fidèle à ses couleurs, il y remporte en 1998 avec ses coéquipiers, le titre de Champion de France. Il acquiert une si belle renommée de libero, qu'on l'annonce comme un futur Laurent Blanc. L'année suivante, en 1999, il remporte cette fois la Coupe de la Ligue. Tenté par une expérience étrangère, il rejoint sous les ordres du hollandais Van Gaal, les rangs du grand Barcelone et participe à la Ligue des Champions. Trop peu titularisé, il rejoint dès la saison suivante, en 2000, le PSG. Au sein de l'une des plus grandes formations de France, il désire s'investir et contribuer au renouveau de Paris. Avec ses coéquipiers, il escompte glaner les victoires. Il conserve une place méritée de titulaire au plus haut niveau. Sa motivation le conduit ensuite rapidement à devenir un pilier de cette équipe. Logiquement, il écope du brassard de capitaine. Y compris dans les moments de doutes et d'incertitudes, au plus fort de la défaite comme dans la victoire, il trouve toujours les mots justes pour relancer les troupes. Son apport indispensable apportera énormément tout au long de cette ultime saison. A son palmarès, il ajoute cette fameuse et déjà tristement célèbre Coupe de France, un soir du 29 mai 2004. Malheureusement plus en fin de carrière, Déhu souhaite poursuivre encore une ou deux saisons. Il est en fin de contrat avec le PSG. Fidèle parmi les fidèles, son coeur le porte à tout donner pour ce club. Il déclare son attachement et son désir sincère d'y poursuivre l'aventure. Malgré les tourmentes des entraîneurs, des dirigeants, de la DNCG, il a toujours su faire front. Qui plus est, grâce à son solide rôle de défenseur intraitable qui ne s'avoue jamais vaincu, il parvient à hisser le PSG en Ligue des Champions. Tout porte à croire que Déhu vit un véritable conte de fées. Et pourtant !

Un capitaine exemplaire

Alors que l'on aborde la dernière ligne droite de la saison, les rumeurs de transferts se multiplient. Monaco, Marseille, Lyon et bien entendu le PSG ne faillissent pas à cette règle. Les feuilletons Pedretti, Frau, Drogba, Rothen ou encore Morientes et tous les autres héros européens de la saison, vont bon train. Lorsque survient l'incident de parcours. Toujours bien trop médiatisé et alors que la saison n'a pas rendu son verdict, le PSG est assailli par les détracteurs. L'équipe à l'esprit collectif le plus souligné de l'année semble rattrapée par un vent de panique. On annonce de ci de là, les départs des atouts clés du groupe. Les argentins Heinze et Sorin ne seraient plus de la partie. Pour ce dernier, élu joueur du mois à plusieurs reprises, le club possèdait pourtant une sérieuse option d'achat très prometteuse. Dans la tumulte, la prolongation de contrat de Déhu semble également au coeur des débats. Mais le joueur, toujours étincelant, ne se préoccupe guère de cela. Ce qui compte pour le capitaine, c'est bien de décrocher la qualification directe en Ligue des Champions. Lors de l'avant-dernière soirée, pour les adieux de la saison au Parc des Princes, le PSG reçoit le futur Champion de France. Les Gones sont menés au score et Déhu, héroïque, vient sauver son camp par trois fois sur sa ligne. Dans les tribunes, alors que le Parc affiche complet et célèbre une grande fête, les noms de Déhu et de Sorin sont scandés haut et fort. «Déhu à Paris, Déhu à Paris.» «Merci Déhu.» Tout le monde s'accorde à dire que Déhu est l'un des meilleurs capitaine de toute l'histoire du PSG, de la trempe des Rai. Il rentre dans la légende du club. Le coeur de Déhu semble définitivement ancré à celui de la capitale et à son destin. Il n'y a qu'à observer sa joie lors de la victoire contre l'Olympique de Marseille, sa solidarité exemplaire avec ses coéquipiers. Il se veut un véritable exemple. Tous les supporters que nous interrogeons dans les travées du Parc où aux abords de celui-ci, espéraient que les dirigeants le renouvelleraient dans son contrat, sans certitudes. Impossible semble-til qu'il puisse s'en aller. D'ailleurs où irait-il ? Le temps semble loin où Capitaine Déhu s'apprête à passer du Paradis à l'enfer.

Le paradoxe des dirigeants

A l'issue de la rencontre contre Bastia, Francis Graille annonce clairement à ses supporters que «le PSG possédera une grande équipe» . Les supporters s'inquiètent, tout comme certains joueurs, comme Fiorèse, Mendy ou encore Alonzo. Ils craignent la rupture d'un collectif et que tout le travail soit à refaire. Déhu compterait parmi les départs probables. Il s'apprêterait à signer un contrat de deux ans avec Marseille, au lieu d'accepter une prolongation d'un an seulement et ainsi demeurer avec ses coéquipiers. Lui reste humble et secret. Il ne désire pas s'exprimer sur le sujet, du moins tant qu'il n'aura pas rapporté la Coupe de France dans la Capitale. Déhu, toujours aussi exemplaire, ne manifeste aucun signe significatif d'intention de départ. Il ne confirme, ni ne juge les rumeurs à son encontre. Alors les portes sont-elles définitivement fermés ? Chez les supporters, on cogite déjà. Serait-il possible que la goutte déborde ? Déhu se consacre à sa mission. Il prépare la finale de Coupe de France. Le sport compte avant tout autre chose dans son esprit. Le respect du maillot conserve toute son importance. Il se livre à fond avec le PSG. Nul ne doute qu'il aime ce groupe et du plus profond de son coeur le respecte. Les supporters ne l'ignorent pas et apprécient ce capitaine hors du commun. Lors de la rencontre contre Lyon, certains d'entre eux s'acharnaient à ne pas comprendre pourquoi il ne lui était pas offert de proposition ferme. Que se passe t-il donc dans les coulisses du club qui risque de modifier profondément cet état d'esprit.

Le salaire de la peur

Nul ne le sait vraiment, excepté les intéressés. Mais les médias les plus importants de la presse spécialisée, se livrent à communiquer l'information et insistent. Ils font leur travail, comme un peu partout en Europe concernant le marché des transferts. Déhu partirait rejoindre l'Olympique de Marseille. Voilà qui risque de peser lourd dans la balance et sur l'atmosphère du match. Une provocation de plus ? La suite on la connaît. Déhu subit les sifflets d'une grande partie de ses supporters, alors qu'il se démène sur le terrain pour offrir la victoire à son équipe. Une tête pas assez puissante et non cadrée aurait logiquement suscitée les acclamations, pas cette fois. Le moindre ballon qu'il touche et la volée de sifflets reprend. Déstabilisé, Déhu vit un cauchemar incompréhensible. Il se voit assimilé à un traître. Il aurait pu partir n'importe où aux yeux des supporters, mais difficile d'accepter l'Olympique de Marseille, le plus sérieux concurrent historique du PSG, mais pas le plus fort cette saison. Il n'y a plus d'esprit sportif, ni de Fair-play. Déhu remplit son contrat avec force et courage malgré tout. La Coupe revient à Paris. Il ne la porte que quelques infimes secondes, fuit dans les vestiaires. Pour lui, ses minutes s'avèrent les plus terribles de sa carrière. Il évite les regards; larche des larmes. Porté en triomphe pas ses coéquipiers qui l'estiment, à l'image de Fiorèse qui trouve l'attitude du public indigne, Déhu souhaite être reposé des épaules de ses partenaires. Étrangement, Halilhodzic quant à lui, qui n'est arrivé que cette saison au club, savoure sa victoire. Il ne souhaite pas intervenir sur le sujet, avant de déclarer aujourd'hui à la presse «qu'on n'achète pas le respect» . Toujours est-il que Déhu souffre dans son coeur et que cela semble inadmissible, indigne, voire pitoyable. Simplement parce que les supporters ne peuvent accepter son départ pour cet autre club. A moins que lui ne les comprennent trop bien et qu'il ait juste voulu pousser les dirigeants à le conserver, usant de la menace d'un départ vers la Cité Phocéenne? Or, des échanges entre Marseille et Paris, il y en a déjà eu, à tel point que ces derniers temps, il était souligné à juste titre que les deux clubs adversaires sur le terrain entamaient des relations plus cordiales en dehors. Et voilà que l'affaire Déhu semble annihiler tout ce travail d'esprit Fair-play. Fallait-il pour autant pousser le bouchon aussi loin ?

A qui la faute ?

Alors à qui la faute et qui blâmer ? Les dirigeants du club et un entraîneur au talent certain qui semble parfois trop obstiné par les joueurs lillois qu'il a su porter au plus haut niveau, au point de négliger les éléments internes du club pour imprégner sa patte ? Un Président à l'excellent travail de gestion, qui promet une belle équipe, mais qui contrairement à d'autres Présidents ne veut pas sortir plus de sous qu'il n'en faut pour s'attacher des Sorin ou Déhu, complètement acquis à la cause et au maillot du club ? Ou alors à un joueur qui s'est toujours consacré à son équipe et lui a permis d'aboutir à ses objectifs, offrant aux supporters une merveilleuse Ligue des champions l'an prochain, mais qui désobligé, se voit contraint de partir ailleurs et aurait sans certitudes aucune choisi Marseille ? Si tel se confirmait, la pilule serait-elle plus facile à avaler si personne n'avait laissé parler les rumeurs et si tout s'était déroulé après la Coupe de France ? Et si rien n'avait été avéré, voilà qui porterait sérieusement atteinte au jeu du chat et de la souris auquel se livrent les agents en permanence ?

Question de Fair-play et d'image

En tous les cas et à nos yeux, Déhu qui a su nous éblouir et nous émouvoir tout au long de la saison, ne méritait pas une telle fausse note lors de cette fameuse finale. La rédaction de Maxifoot se veut totalement indépendante des médias ultra professionnels qui cherchent souvent la petite bête ou la polémique avant l'heure. En ce qui nous concerne, certains apprécient le PSG, d'autres l'OM, Lyon, Monaco ou encore Nantes et bien d'autres. On s'accorde tous pour dire que cet incident s'avère néfaste au football avant tout. Parmi vos nombreuses réactions tout au long de l'année, certains se plaignent que des clubs comme Paris ou Marseille soient surmédiatisés. Qu'à la moindre mauvaise série, il soit évoqué le terme de crise. Certains revendiquent le silence et le respect de leur club. Pour le PSG, l'image Capitale nuit souvent aux yeux des supporters des clubs de Province. Seulement l'incident de ce samedi n'arrangera pas les choses. Nous avons rencontré des Parisiens indignés d'une telle attitude. Ce qui compte avant tout, c'est le respect du sport, du jeu et de la beauté des gestes. Déhu, où qu'il soit l'année prochaine, demeure un des plus grands défenseurs de notre Championnat qui n'a pas trahit son équipe. Il est libre de tout contrat, libre d'aller où il veut. Certes, il a choisi l'apsect financier avec l'OM et non le côté sportif de jouer la Ligue des Champions, ce qui est dommage. Mais c'est son choix. Et de la même manière dont il n'a pas trahi Lens en 99, il n'a pas trahi le PSG en 2004. Les joueurs vont et viennent, marquent l'esprit d'un club, mais ne peuvent subir un tel déshonneur. Rappelons nous le traumatisme subi par un certain Ginola qui paye seul l'erreur d'inattention de onze joueurs présents sur une pelouse. Aucun de nous n'apprécie d'être blessé de la sorte, alors de grâce, remercions avant tout ce capitaine extraordinaire qu'a toujours été Déhu au PSG et qui a toujours tout donné. Il souhaitait rester plus que tout. Il ne le peut, c'est la vie. La déception se veut grande, mais pas insurmontable. La moindre des choses est de respecter son choix, malgré la concurrence sportive et logique d'un club comme Marseille. D'ailleurs imaginons un seul instant la venue de Drogba au PSG ou le départ de Sorin à Marseille, que croyez vous qu'il se passerait dès lors ? La désolation et la tristesse d'un départ se comprennent. Mais la haine exprimée à travers des sifflets ne s'avère pas le meilleur moyen de remercier un joueur d'une si grande qualité pour tout ce qu'il a apporté à son club cette saison. Sans lui sur la ligne de but un soir de mai 2004 contre Lyon, le PSG ne serait toujours pas assuré d'une participation en Ligue des Champions. Il convient de ne pas l'oublier ! Les coéquipiers de Déhu restent les premiers à montrer l'exemple, en ne le lachant pas.

Maxifoot ne souhaite pas provoquer de polémiques. Nous restons ouverts comme toujours à vos remarques et à votre avis, notamment grâce au débat du Jeudi. Mais il nous a paru logique et plus honnête de rendre hommage à cet énorme défenseur de talent, au coeur énorme et généreux. Les sifflets de samedi soir ont mis à mal tout un groupe et pas uniquement un seul homme blessé dans sa chair. Voilà le plus regrettable.