Le meilleur
joueur de la dernière saison de D1 reste à Nantes ! Le milieu
de terrain international français Eric Carrière, annoncé
partant certain par son président Kléber Bobin voici un mois,
a décidé d'interrompre de bien trop longues négociations
avec l'Olympique Lyonnais, visiblement prisonnier du peu d'offres faites
à son meneur de jeu Vikash Dhorasoo...
Lundi après-midi, Carrière
a vu son directeur sportif Robert Budzynski pendant une heure. Il a passé
ensuite un coup de téléphone à son président
Kléber Bobin. L'objet de ces entretiens était simple : contrairement
à ce qu'avait annoncé de façon péremptoire
Bobin lui-même, décidément très maladroit en
matière de communication sur les transferts, le meilleur passeur
de la dernière édition du championnat va rester à
Nantes. Il n'avait qu'un seul contact sérieux, Lyon, mais le vainqueur
de la récente Coupe de la Ligue a trop tardé à convaincre
et le club et le joueur. Les tergiversations lyonnaises concernant Carrière
sont très certainement la conséquence de celles entourant
Dhorasoo, annoncé en Italie (Bologne, Milan AC) dès la fin
de la saison passée et qui s'entraîne toujours, à l'écart
avec Tony Vairelles, du côté de Tola Vologe.
Le temps pressait
C'est sur son site personnel que
Carrière a annoncé la nouvelle au public : "J'ai décidé
de rester à Nantes et de mettre un terme aux négociations
avec Lyon. [...] A la fin de la saison, j'avais indiqué aux
dirigeants que si une proposition intéressante me parvenait, je
ne serais pas contre un départ. L'Olympique Lyonnais s'est alors
manifesté très tôt, ils ont contacté directement
le président et à ce moment, dans mon esprit, un départ
était vraiment d'actualité ; mon agent s'était mis
d'accord sur les conditions de mon arrivée à Lyon. Nantes
n'était pas contre non plus. Mais petit à petit, les choses
se sont compliquées et on en est arrivé à une situation
très indécise qui me mettait un peu en porte-à-faux
par rapport aux supporters, au groupe... [...] Depuis six ans que
je suis à Nantes, tout s'est toujours super bien passé, les
supporters m'aiment bien et je me suis toujours plus ici."
"A un moment, j'ai été
tenté par un nouveau challenge, en l'occurence par celui de l'OL,
mais ce n'est absolument pas parce que je ne me plaisais pas à Nantes,
mais davantage parce qu'une carrière est somme toute assez courte,
surtout pour moi qui ai démarré tard dans le métier,
et que j'avais envie de connaître autre chose. Mais je ne voulais
pas faire n'importe quoi non plus et au bout d'un certain temps, j'ai estimé
que je devais prendre une décision. [...] Par respect pour
le club, pour les supporters, je me voyais mal attendre le début
du championnat pour me déterminer. [...] Je n'éprouve
pas le moindre regret de rester. Plein de challenges passionnats m'attendent
cette saison : en premier lieu, conserver le titre de champion ; ensuite,
disputer pour la première fois la Ligue des Champions. Et je n'oublie
pas l'objectif d'intégrer durablement l'équipe de France."
Un événement qui
ne va pas sans difficultés
Le fait que Carrière reste
à Nantes va causer quelques petits problèmes. Tout d'abord,
le joueur est actuellement blessé (tendinite au talon d'Achille)
et se demande s'il doit couper complètement pour mieux reprendre
par la suite. Très sollicité toute la saison passée,
avec en point d'orgue la Coupe des Confédérations en Extrême-Orient,
il a ressenti une douleur dès ses premiers jours en stage en Autriche,
où il n'est pourtant arrivé que tardivement après
deux semaines de vacances supplémentaires.
Ensuite, si le FCNA ne comptait plus
sur lui, il est probable que l'entraîneur Raynald Denoueix non plus.
Si le début du championnat se fera peut-être sans Carrière
blessé, comment le réintégrer par la suite ? La question
mérite d'être posée, car avec Olivier Quint, Nantes
a engagé un spécialiste du côté offensif gauche
pour permettre à Stéphane Ziani d'évoluer dans l'axe,
tandis que Frédéric Da Rocha sera à droite. Mathieu
Berson étant indiscutable dans l'entrejeu défensif, il n'y
a plus de place au milieu de terrain... à moins de sacrifier un
attaquant en jouant plus souvent en 4-5-1, ou Da Rocha, ou Ziani (en le
recollant sur une aile, la droite, ou en ne le faisant pas jouer du tout).
Beaucoup de clubs aimeraient sans
doute se poser ce genre de questions, et la saison est encore longue. Le
milieu de terrain international camerounais Salomon Olembe estime sans
doute qu'il y a trop de monde dans son secteur, et lui veut absolument
partir, à l'inverse de Carrière.
Beaucoup de bruit pour rien ?
Pas sûr. Observer que le meilleur joueur du championnat a tellement
peu d'offres intéressantes qu'il doit rester ne peut que mener la
réflexion sur la médiocre qualité de la première
division, ou beaucoup plus sûrement sur la piètre image que
s'en font beaucoup de dirigeants de clubs en Europe - et d'observateurs
en France même.
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à cet article - Par Yann Peltier à Nantes
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