La
France du football renaît dans les années 70 en sombrant dans
la folie verte. Pendant ce temps, l'Equipe de France se forge un destin.
Entre esthètes et hommes de labeur, les joueurs défensifs
de l'époque sont les premiers à mettre la France sur les
rails de la victoire.
Jean-Paul
BERTRAND-DEMANES - Gardien |
Né en
1952
Club :
FC Nantes
Palmarès
: Ch. Fr. 1973, 1977, 1980, 1983, CdF 1979
11 sélections
en Equipe de France (1973-1978)
En novembre
1969, un tout jeune gardien fait son apparition dans les buts du FC Nantes
pour un match contre l'OM. Personne ne connaît ce lycéen de
17 ans, grand par la taille (1,92m) mais aussi par le sang-froid qu'il
affiche. Il s'interpose à plusieurs reprises devant Magnusson, le
goleador olympien. Sa carrière ne pouvait mieux débuter.
Elle s'effectue pendant près de 18 ans au plus haut niveau sous
une seule tunique, celle du FC Nantes. Jean-Paul Bertrand-Demanes est rapidement
surnommé le "grand" car sa taille est en rapport avec son talent.
JPBD possède la vista et l'anticipation des meilleurs hommes à
son poste. Il se pare de bleu dès 1973 mais son parcours en Equipe
de France ne sera jamais à la hauteur de ses aptitudes. Malgré
une participation à la Coupe du Monde 1978, lui, ainsi que tous
les gardiens français de son époque ne réussissent
pas à s'imposer dans les rangs tricolores. Il peut se consoler d'avoir
évolué dans un club de gagneurs avec lequel il décroche
4 titres de champions en 531 matches de D1 et 1 Coupe. Il tire définitivement
sa révérence au football durant l'été 1987
pour se consacrer à sa reconversion dans le domaine de l'immobilier.
Gérard
JANVION - Défenseur |
Né en
1953
Clubs :
AS Saint-Etienne, Paris SG, Béziers
Palmarès
: Ch. Fr. 1974, 1975, 1976, 1981, CdF 1974, 1975, 1977, Finaliste C1 1976,
4ème CdM 1982
40 sélections
en Equipe de France (1975-1982)
Même
s'il est né en Martinique, Gérard Janvion a tout des grands
défenseurs allemands et hollandais qui dominent l'Europe du football
à son époque. Il sait se sacrifier à un marquage individuel
strict sur les plus grands attaquants du continent pour le bien de l'équipe.
Véloce, athlétique, souple, doté d'une bonne détente,
Janvion est un véritable poison défensif. Se cantonner à
cette vision serait une erreur. Doté d'un tempérament de
feu tourné vers l'offensive, il est capable d'apporter à
bon escient le surnombre en attaque. En effet, en 1972, Pierre Garonnaire,
le recruteur de l'ASSE, avait fait venir ce joueur du CS Case-Pilote pour
évoluer en attaque à la place de Keita, parti à Marseille.
Ce pari tenté par Garonnaire semble être un flop, il recule
en défense et travaille pour devenir l'un des hommes clé
de la défense du grand Saint-Etienne et d'une Equipe de France en
énorme progression. Après un premier temps fort au milieu
des années 70 avec l'aventure européenne des Verts, il vit
les exploits pathétiques et tragiques des Bleus à la Coupe
du Monde 1982 en Espagne. Cette épreuve est le chant du cygne pour
Janvion. Saint-Etienne plonge, il est transféré au PSG puis
à Béziers. On perd alors sa trace pour le retrouver quelques
années plus tard comme entraîneur bénévole de
jeunes footballeurs.
Christian
LOPEZ - Défenseur |
Né en
1953
Clubs :
AS Saint-Etienne, Toulouse FC, La Paillade de Montpellier
Palmarès
: Ch. Fr. 1974, 1975, 1976, 1981, CdF 1974, 1975, 1977, Finaliste C1 1976,
4ème CdM 1982
39 sélections
en Equipe de France (1975-1982) 1 but
Si les parcours
de Gérard Janvion et Christian Lopez se ressemblent, l'aura de ce
dernier est sans égale. Repéré par Garonnaire au Canet-Rocheville
en 1969, Lopez rejoint les rangs stéphanois, remporte la Coupe Gambardella
1970 avec une nouvelle belle génération de joueurs de l'ASSE
appelée à remplacer les quadruples champions de France de
la fin des années 60. Les choses ne sont pourtant pas si simples.
Lopez, surnommé "Jeannot" pour sa ressemblance avec Jean Baeza,
un joueur français de l'époque, travaille d'arrache pied
pour se propulser au rang de pivot de la défense des Verts. Ce pied-noir
possède les véritables qualités des défenseurs
anglais : jeu de tête et tacle glissé impeccables. Il est
alors incontournable dans la défense de l'ASSE mais aussi de l'Equipe
de France. Son palmarès est identique à celui de Gérard
Janvion. Il atteint son apogée à Glasgow pour la finale de
la Coupe d'Europe en 1976 puis à Séville, un soir de demi-finale
de Coupe du Monde 1982. Comme Janvion, il quitte le navire stéphanois
en pleine déperdition pour Toulouse, Montpellier puis Montélimar.
Il se reconvertit comme entraîneur et permet à Cugnaux, petit
club du Sud-Ouest, de monter jusqu'en D3, avant de devenir assureur.
Né en
1947
Club :
FC Nantes
Palmarès
: Ch. Fr. 1973, 1977, 1980, CdF 1979
58 sélections
en Equipe de France (1967-1980) 4 buts
Tous les admirateurs
du beau jeu nantais des années 70, et ils sont nombreux, n'ont qu'un
nom à la bouche, celui d'Henri Michel. Il est sans aucun doute le
symbole de l'école nantaise de l'époque. Venu d'Aix-en-Provence
à 16 ans pour la somme colossale de 25 millions de F, le talent
d'Henri Michel est façonné par deux grands entraîneurs,
José Arribas et Jean Vincent. Une extraordinaire technique lui aurait
permis de réussir à n'importe quel poste mais c'est en défense,
dans le rôle de libero qu'il exprime le mieux sa classe. Grand relanceur,
il est un surtout un patron sur le terrain. Son palmarès, riche
avec le FC Nantes, aurait pu être plus conséquent s'il était
né un peu plus tard. Son charisme, il l'emploie, après sa
carrière à la Direction technique nationale, en conduisant
juste après sa retraite les Bleus au titre olympique et à
la troisième place du Mundial 1986. La France digère alors
mal l'après-Platini et Henri Michel est alors lynché médiatiquement.
Son aventure française se termine au PSG en 1991, il devient un
globe-trotter, un missionnaire du football en entraînant le Cameroun
au Mondial 1994, l'Arabie Saoudite, le Maroc au Mondial 1998 et dernièrement
les Emirats Arabes Unis.
Marius
TRESOR - Défenseur |
Né en
1950
Clubs :
AC Ajaccio, Olympique de Marseille, Girondins de Bordeaux
Palmarès
: Ch. Fr. 1984, CdF 1976, 4ème CdM 1982
65 sélections
en Equipe de France (1971-1983) 4 buts
Marius Trèsor,
c'est avant tout l'Equipe de France et 2 buts totalement inoubliables :
un formidable coup de tête dans le Maracana en 1977 pour un match
nul (2-2) contre le Brésil et surtout une reprise de volée
magique, digne des plus grands attaquants du monde, un 8 juillet 1982,
pour donner l'avantage à la France en demi-finale de Coupe du Monde.
Marius Trésor est bien une perle rare décelée aux
Antilles au début des années 70. Ce gentlemen des défenses,
doté de qualités physiques et athlétiques impressionnantes,
est un homme d'une grande gentillesse et d'un grand professionnalisme qui
le conduiront à la quatrième place de la Coupe du Monde 1982
et au record de sélections en Equipe de France (65). Son palmarès
n'est pourtant pas aussi fourni qu'on pourrait le croire. Arrivé
en Corse au AC Ajaccio, il croit faire le bon choix en passant à
l'Olympique de Marseille. A l'exception d'une Coupe de France remportée
en 1976, il vit surtout les heures sombres du club phocéen. La consécration
intervient pour sa dernière année de carrière à
Bordeaux avec un titre de champion de France après quatre années
de bons et loyaux services chez les Girondins. Il ne quitte d'ailleurs
pas ce club puisqu'à l'heure de la retraite, il reste dans l'entourage
bordelais pour s'occuper de la formation.
Dominique
BATHENAY - Milieu |
Né en
1954
Clubs :
AS Saint-Etienne, Paris SG, FC Sète
Palmarès
: Ch. Fr. 1974, 1975, 1976, CdF 1974, 1975, 1977, 1982, 1983, Finaliste
C1 1976
20 sélections
en Equipe de France (1975-1982) 5 buts
Dominique Bathenay
est sans conteste "Monsieur Coupe de France" puisqu'il détient le
record de succès dans cette épreuve (5 en compagnie Sommerlynck
et Roche) et il préside aux destinées de la compétition
fédérale de 1996 à 2000. Natif de l'Ain, il se forge
tout d'abord un palmarès avec l'AS Saint-Etienne. Il a, pour ses
débuts pros en 1973, le profil des joueurs de l'Ajax, maîtres
de l'Europe. Il est un footballeur total, capable aussi bien de défendre,
de ratisser des ballons en milieu de terrain et de les transformer en but
grâce à une frappe du gauche phénoménale. Deux
d'entre elles sont restées dans la légende. Pour la finale
de la Coupe d'Europe 1976, sa frappe heurte la transversale et le maudit
montant carré renvoie la balle. En 1977, il décroche une
frappe inouïe de 35 mètres en pleine lucarne des buts de Liverpool.
En 1978, il se laisse séduire par les offres parisiennes. Avec Bathenay
dans l'entre-jeu, le PSG devient un grand club et remporte ses 2 premiers
trophées : la Coupe de France en 1982 et 1983. A l'inverse de Trésor,
Bathenay est plus un joueur de club que d'équipe nationale. Il ne
réussit jamais à s'imposer en Equipe de France face à
la rude concurrence au milieu de terrain. Après 2 ultimes saisons
à Sète, il franchit la barrière et devient entraîneur
de ce club. Son parcours assez curieux le conduit à Reims et Saint-Etienne
en pleine débandade et dans les clubs amateurs de Monastir et Choisy-le-Roi.
Il est aujourd'hui à Nîmes.
Dans le
même temps, les milieux offensifs et attaquants portent encore plus
le sceau stéphanois que les défenseurs et perforent les défenses
européennes...
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à cet article - Par Vivian MASSIAUX