Liverpool : Salah pète un câble

Sorti du onze depuis trois matchs de Premier League, Mohamed Salah a explosé médiatiquement après le nul à Leeds (3-3). Entre accusations, incompréhension et allusions à un possible adieu, l'ailier égyptien a secoué Liverpool comme jamais depuis son arrivée.

Mohamed Salah a craqué après le match à Leeds.

Remonté, désabusé, incompris : Mohamed Salah n'avait jamais affiché un tel visage depuis son arrivée en 2017. À 33 ans, après une première moitié de saison en net déclin, l'ailier égyptien a dit tout haut ce qu'il semblait retenir depuis plusieurs semaines.

Un craquage total

«Ce n'est pas acceptable pour moi, honnêtement. Je ne sais pas pourquoi ça m'arrive» , a lâché le Pharaon, d'entrée, après avoir débuté une troisième rencontre consécutive sur le banc en Premier League. Très vite, le ton est monté : «On me balance sous le bus... parce que c'est moi le problème. Je ne pense pas être le problème.» Le joueur passé par la Roma a ensuite évoqué sa relation avec Arne Slot, décrivant une fracture aussi soudaine qu'incompréhensible à ses yeux : «J'avais une bonne relation avec le manager. Et soudain, on n'a plus aucune relation. Je ne sais pas pourquoi.» Un trio de phrases courtes, sèches, qui en dit long sur son état d'esprit.

La suite a confirmé une rupture bien plus profonde que la simple frustration sportive. Le triple meilleur joueur de Premier League a affirmé : «J'ai l'impression que quelqu'un ne veut plus de moi au club» , avant d'enchaîner sur une perspective inattendue : «Je veux juste profiter du jeu, même quand je ne joue pas. On verra bien.» Il a également confié avoir dit à sa mère : «Viens au match contre Brighton (le dernier avant son départ à la CAN, ndlr), peut-être mon adieu à Anfield.» Entre amertume et résignation, le troisième meilleur buteur de l'histoire des Reds (250 buts) dévoilait un sentiment d'abandon et une perte totale de repères, loin de l'image d'un leader serein.

M. Salah – «les promesses n'ont pas été tenues»

Salah n'a pas seulement exprimé son mal-être. Celui qui a également porté les couleurs de Chelsea, prolongé pour deux années la saison passée, a pointé des engagements non respectés : «Les promesses n'ont pas été tenues» , a dénoncé le numéro 11 des Scousers, tout en rappelant son exigence première : «Je veux du respect.» Blessé dans son statut, Salah a aussi comparé son traitement médiatique à celui d'autres stars : «Quand Harry Kane reste dix matchs sans marquer, on dit qu'il va se relancer. Pour Mo, c'est : sur le banc.» Une phrase lourde de sens, qui résume le sentiment d'injustice qui le mine depuis plusieurs semaines.

Le contexte autour du joueur a également pesé, au point qu'il anticipe déjà les réactions : «Demain, Carragher va encore me tomber dessus.» Interrogé sur un éventuel départ, Salah a préféré se murer dans la prudence : «Je ne veux pas répondre, parce que le club utiliserait mes mots contre moi.» Il a finalement conclu avec un aveu désarmant : «Pourquoi ça devrait finir de cette façon ? Ça fait mal.» Une confession rare pour un joueur habitué à maîtriser sa communication, mais qui illustre l'ampleur du fossé désormais visible entre celui qui a incarné l'image du club durant près d'une décennie et Liverpool.

Un rendement en chute libre

Si l'explosion de Salah a surpris, ses chiffres montrent clairement un déclin. Cette saison, le Red n'affiche que 5 buts en 19 matchs toutes compétitions confondues, soit 0,26 but/match, sa plus faible moyenne depuis son arrivée à Liverpool. En Premier League, le principal intéressé tourne à 4 buts et 2 passes en 13 matchs, très loin de ses standards. À la même période la saison dernière, l'ex-joueur de la Fiorentina culminait à 15 buts et 12 passes décisives en 21 matchs toutes compétitions confondues, preuve d'une chute d'influence nette dans la zone décisive. Une courbe qui s'est brutalement inversée.

Cette perte d'impact a directement modifié sa place dans la hiérarchie. Lors des trois dernières journées, Salah n'a joué que 45 minutes, avec deux matchs entièrement passés sur le banc. Dans le même temps, Liverpool a trouvé davantage de dynamisme offensif avec Cody Gakpo ou Dominik Szoboszlai repositionné à droite. Un indicateur résume tout : lors de ses cinq dernières titularisations, Liverpool n'a inscrit que quatre buts. Le clash verbal de Leeds est donc autant la conséquence d'un malaise relationnel que d'un rendement devenu trop éloigné de ce que Salah représente dans son imaginaire personnel.

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