Turquie : un scandale qui secoue tout l'arbitrage !
Miné par des problèmes de gouvernance, de crédibilité et de violence, le football turc traverse une nouvelle crise d'ampleur. Cette fois, c'est son corps arbitral qui vacille, rattrapé par un scandale de paris truquant l'un des derniers symboles d'équité du jeu.

Énième polémique en Turquie. En révélant que plus de 150 arbitres pariaient activement sur des matchs, le président de la Fédération (TFF), Ibrahim Hacosmanoglu, a déclenché une déflagration sans précédent. Une affaire qui met à nu un système déjà fragilisé par la défiance et les soupçons de manipulation.
Un système sous influence
Selon les révélations de L'Équipe, confirmées par plusieurs médias turcs, les chiffres donnent la mesure du désastre : sur 571 arbitres enregistrés, 371 possédaient des comptes de paris, dont 152 encore actifs. Un constat accablant, confirmé après une enquête interne de la Fédération. Dans un pays où les paris sportifs légaux ont généré plus de six milliards de dollars en 2023, l'arbitrage local semble happé par la tentation d'un marché incontrôlable. Et la révélation tombe dans un climat déjà saturé par les accusations de partialité et les violences contre les officiels.
Symbole du scandale, Zorbay Küçük concentre toutes les critiques. Troisième arbitre le mieux rémunéré du pays la saison passée, il a officié cinq fois en Süper Lig depuis août, tout en étant lui-même parieur actif. Ses décisions litigieuses – penalties oubliés, hors-jeu inexistants, cartons discutables – circulent désormais en boucle sur les réseaux sociaux. Plusieurs clubs ont demandé à rejouer leurs rencontres, convaincus d'avoir été lésés. «La confiance dans l'arbitrage était proche de zéro, elle est désormais négative» , a résumé le journaliste Yusuf Kenan Çalk.
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Une crise qui dépasse l'arbitrage
Le scandale éclate dans un timing saisissant : la veille de la révélation, la Fédération annonçait une revalorisation des salaires pour tenter d'apaiser la colère du corps arbitral. Un match de Süper Lig passe désormais de 53 500 à 80 000 livres turques (environ 1 600 euros). Un geste mal perçu, jugé trop tardif pour enrayer un système déjà gangrené. «Les arbitres ne représentent qu'une partie du problème» , a rappelé Eren Tutel, journaliste pour BirGün. «C'est tout le réseau des paris qu'il faut interroger.»
Au-delà du choc, c'est la crédibilité même du football turc qui est menacée. Le parquet d'Istanbul enquête sur un réseau plus large qui impliquerait aussi des joueurs et des intermédiaires. Les arbitres fautifs risquent l'exclusion, voire des poursuites pour paris illégaux, mais le mal est encore plus profond. Le sifflet n'incarne plus l'autorité, il symbolise désormais la défiance. Et pour un football turc déjà fragilisé – Fenerbahçe a même menacé de quitter le championnat – c'est bien plus qu'un scandale : c'est une perte totale de repères.
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