Atletico : Saúl explique ce qui a cloché avec João Félix
Transféré à Al Nassr, João Félix a pris un virage inattendu dans sa carrière sinueuse. Un tournant qui ne semble pas étonner Saúl Ñiguez, conscient du talent de l'attaquant portugais, mais aussi de ses limites.

Anciens partenaires de vestiaire à l'Atletico Madrid, Saúl Ñiguez et João Félix ont partagé bien plus que des entraînements et des matchs. Désormais à Flamengo, l'Espagnol a pris le temps de revenir, dans El Partidazo de COPE, sur ce qu'il considère comme le grand rendez-vous manqué du Portugais chez les Colchoneros. Un discours mêlé d'admiration, de lucidité et d'amertume.
Un talent évident... mais dispersé
João Félix a tout pour briller. Ce n'est pas Saúl qui dira le contraire. «João a toutes les qualités pour être un joueur incroyable. Et quand il a voulu, il l'a été» , a lancé le milieu, comme pour rappeler que le problème n'a jamais été purement technique. «Tu le voyais à l'entraînement et tu te disais ce gamin, quand il veut, quel salaud» , s'est souvenu l'Ibère, admiratif. Mais l'évidence s'arrête là. Car «avec tout ça, ça ne suffit pas» . «Le football, c'est un sport collectif. Si tu ne travailles pas, si tu n'es pas avec le groupe, peu importe ton talent, ça ne marche pas.»
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Derrière le constat froid, se cache une forme de frustration. Celle d'un aîné qui a tenté d'aider un partenaire plus jeune, en vain. «Je l'ai aidé sur beaucoup de choses pour qu'il se sente mieux, pour qu'il soit performant, mais il te dit oui à tout sans comprendre. Tu ne peux pas forcer quelqu'un qui ne veut pas» , a regretté le joueur également passé par Chelsea. Une impuissance amère face à un joueur qui, selon lui, n'a jamais vraiment trouvé sa place. Ni à l'Atletico. Ni ailleurs. Et qui vient, à 25 ans, de poser ses valises en Arabie Saoudite.
Le poids du contexte et des attentes
Comment expliquer cet échec répété ? Pour Saúl, plusieurs éléments entrent en ligne de compte. La tête, d'abord. «Peut-être que c'est le mental, ou les gens autour de lui… Peut-être aussi les clubs, qui n'ont pas su être patients» , a soutenu le Madrilène. Et puis il y a ce poids, celui des 126 M€ déboursés par l'Atletico en 2019, alors que João Félix n'avait que 19 ans. Une étiquette de crack mondial que l'intéressé n'a, selon son ancien coéquipier, jamais su assumer pleinement. «C'est énorme, à cet âge. On te dit que tu dois devenir une star mondiale. C'est trop.»
Dans ce vestiaire madrilène, il y avait pourtant des figures capables de le cadrer. Des joueurs d'expérience, des leaders, un entraîneur de renom, et Saúl lui-même, qui a essayé d'être ce relais. Mais rien n'a pris avec le Lusitanien. «Tu peux montrer la voie, tu peux parler, expliquer, essayer… Mais si le message ne passe pas, tu restes seul avec ta déception» , a soufflé l'ex-Rojiblanco, fataliste. «Le talent sans travail ne sert à rien. Et c'est ça, le vrai drame. Car João, c'était un joueur très, très, très bon.»
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