Atletico : Lemar, crash fantôme
Acheté 72 M€ à l'été 2018, Thomas Lemar n'aura jamais répondu aux attentes placées en lui par l'Atletico Madrid. Discret, rarement décisif, souvent blessé, le milieu offensif français incarne l'un des plus grands échecs de l'ère Diego Simeone. Et pourtant, son cas n'a jamais véritablement nourri le débat.

En sept saisons à l'Atletico Madrid, Thomas Lemar (29 ans) a tout connu : la hype d'un champion du monde annoncé comme pièce maîtresse, les repositionnements répétés, les blessures longues et le lent effacement. Et pourtant, personne, ou presque, ne semble s'en être offusqué.
Ni le club, ni les médias, qui n'ont que très rarement traité son cas comme celui d'un naufrage financier. Peut-être parce qu'il est discret. Peut-être parce qu'il ne clive pas. Mais à l'heure du bilan, les chiffres parlent d'eux-mêmes : il est l'un des investissements les plus lourds et les moins rentables de toute l'histoire du club espagnol.
Un pari aussi audacieux que mal cadré
Recruté à prix d'or après avoir brillé à Monaco et triomphé en Russie avec l'équipe de France, Lemar incarnait un tournant dans le projet de Diego Simeone. À travers lui, l'Atletico voulait injecter du liant technique, de la créativité, et sortir un peu du dogme défensif. Le staff le suivait depuis 2016, Antoine Griezmann militait en interne, et le profil semblait cocher toutes les cases : polyvalent, jeune, travailleur, capable d'évoluer ailier, relayeur ou meneur. La première saison a été encourageante, la troisième a même été récompensée par un titre de Liga. Mais en dehors de quelques mois réussis en 2020-2021, le Bleu n'a jamais trouvé sa place dans le système rojiblanco.
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Sa production offensive est restée famélique : 11 buts et 18 passes décisives en 186 matchs toutes compétitions confondues. Des chiffres indignes de son statut qui soulignent l'inadéquation entre le prix payé (72 M€) et l'impact réel. Certes, El Cholo a salué à maintes reprises sa discipline défensive, ses progrès dans le pressing et son sens du placement. Mais jamais Lemar n'a été un cadre, ni un leader technique, ni même un joueur régulièrement décisif. Dans un football qui valorise l'efficacité, sa trajectoire madrilène ressemble à une longue ligne plate, sans crash brutal mais sans décollage non plus. Comme une erreur de casting que le temps n'a jamais réussi à corriger.
Un gouffre financier dans l'ombre
Il aurait pourtant pu partir en 2022, au terme d'un contrat que l'Atletico semblait peu enclin à prolonger. Mais faute d'offres, et pour éviter un départ libre, le club l'a retenu et même prolongé jusqu'en juin 2027. Le deal ? Baisser son salaire de 50% dans l'espoir de relancer sa carrière avant la Coupe du monde... qu'il n'a finalement pas disputée. Depuis, les pépins physiques se sont multipliés : 18 passages à l'infirmerie, dont une rupture du tendon d'Achille en 2023. Résultat : 604 jours cumulés hors compétition, 94 matchs manqués, et une saison 2024-2025 quasi blanche. Huit matchs joués, aucun impact. Aujourd'hui, Gérone discute désormais d'un prêt sec, affirme L'Equipe. De son côté, l'Atlético n'exclut même plus un départ libre.
Au total, l'investissement brut pour le club dépasse les 108 M€ — salaire et transfert inclus — sans compter les charges ni les éventuelles primes. Chaque but inscrit a coûté environ 10 M€ aux dirigeants rojiblancos. À titre de comparaison, Lemar reste à ce jour la 3e recrue la plus chère de l'histoire du club et le 11e joueur français le plus cher de tous les temps, juste derrière Zinedine Zidane. Et pourtant, son nom n'est jamais cité dans les débats sur les grands flops de l'époque. Peut-être parce qu'il n'a jamais dérapé publiquement. Peut-être parce qu'il n'a jamais eu d'image bling-bling. Mais sur le terrain comme dans les comptes, Lemar reste un mystère coûteux, et un silence embarrassant.
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