Equipe de France (f) : l'incassable plafond de verre

Pour la huitième fois sur les neuf derniers tournois majeurs, l'équipe de France féminine a buté en quarts de finale, samedi contre l'Allemagne (1-1, 5-6 tab) à l'Euro. Un cap qui interpelle.

Les Bleues enchaînent les désillusions.

Les Bleues, leur sélectionneur en tête, répétaient à l'envi leur immense confiance. Pour elles, cet été 2025 devait être celui qui leur aurait fait franchir ce fameux cap dont tout le monde parlait, puisqu'avant cet Euro, elles avaient perdu sept de leurs huit derniers quarts de finale (spoiler : ça a augmenté).

L'équipe de France féminine pouvait faire d'une pierre deux coups samedi, mais la pierre lui est repartie tel un boomerang en pleine figure. Non seulement elle pouvait atteindre le dernier carré d'une grande compétition - une rareté absolue -, mais elle pouvait aussi battre l'Allemagne pour la première fois dans un tournoi majeur. Raté plus raté, égal très gros raté.

Manque de panache

On ne s'éternisera pas sur les faits de jeu qui relevaient d'un don du ciel et avaient tout pour offrir aux Bleues une qualification sereine ; à savoir un avantage au score et une supériorité numérique dès les premiers instants. Un gros cadeau qu'elles ont savamment gâché en n'en faisant absolument rien du tout. Et face à une équipe allemande valeureuse et accrocheuse, les Tricolores ont, de ce point de vue là, entièrement mérité leur élimination. Elles ne peuvent s'en prendre qu'à elles-mêmes. On pourra parler des choix de Laurent Bonadei, bien sûr.

Personne ne saura si le leadership et les centimètres de Wendie Renard que les autres n'ont pas auraient fait la différence. Personne non plus ne saura si l'instinct de buteuse de Eugénie Le Sommer, même sur le déclin, aurait sorti les Bleues de la torpeur. Ce qu'on sait en revanche, c'est que cela n'aurait pas pu être pire face aux Allemandes si le sélectionneur tricolore avait pris plus de risques. Dans ces 124 minutes - temps additionnel inclus - en supériorité numérique, Bonadei ne s'est pas montré plus inspiré que ses joueuses. Les changements ? Zéro panache. Du poste pour poste.

On aurait pu espérer voir Clara Matéo, la meilleure buteuse de Première Ligue, enfin associée à Marie-Antoinette Katoto dans un système un poil plus offensif alors qu'il fallait absolument emballer la rencontre, ça n'a pas été le cas. L'élimination peut paraître cruelle dans la mesure où personne ne voyait un autre scénario qu'une victoire après 15 minutes de jeu. Mais d'un autre côté, il est parfaitement juste qu'une équipe qui ne propose rien soit punie. Et ça n'a pas toujours été le cas dans les nombreuses désillusions des Bleues, qui ont donc perdu huit de leurs neuf derniers quarts de finale en compétitions majeures, celui contre les Pays-Bas (1-0 ap) à l'Euro 2022 faisant office d'exception.

Avant l'Allemagne, des scénarios plus cruels que les autres

C'est très souvent un incroyable manque d'efficacité qui a coûté à l'équipe de France une épopée, que ce soit aux Jeux Olympiques, en Coupe du monde, ou dans un Euro. Depuis leur médaille en chocolat au Mondial 2011, les circonstances de leurs éliminations prématurées sont invraisemblables. JO 2012 : élimination en demi-finales face au Japon (1-2), avec un penalty manqué dans les dernières minutes. Quelques jours plus tard, beaucoup plus cruel : les Bleues surdominent le Canada comme pas possible, tentent 25 tirs, attaquent à tout-va, mais se font arracher la médaille de bronze à cause d'un but dans le temps additionnel totalement contre le cours du jeu. Sur le troisième tir (le seul cadré) des Canadiennes. Hold up monumental.

Euro 2013 : première séance de tirs au but fatale de l'ère moderne en quarts de finale contre le Danemark. Comme Ann-Katrin Berger samedi, la portière danoise avait écoeuré les Bleues, qui sortaient d'une phase de poules parfaite, avant de se montrer décisive aux tirs au but. Coupe du monde 2015 : les Françaises réalisent un match sensationnel face à l'Allemagne, encore en quarts. Elles concèdent un penalty en fin de match et sont éliminées aux tirs au but, encore une fois, alors que Gaëtane Thiney avait raté le but vide en fin de prolongation. JO 2016 : rebelote, nouveau braquage du Canada en quarts. Coupe du monde 2019 : la France domine les championnes en titre américaines dans les grandes largeurs mais paie son manque d'efficacité dans les deux surfaces.

Coupe du monde 2023 : toujours en quarts, les Tricolores laissent là encore la meilleure impression face à l'Australie, le pays hôte, mais perdent une séance de tirs au but à rallonge. Ce qui permet de souligner que depuis 2013, la France s'est fait sortir du Mondial ou de l'Euro à quatre reprises (sur huit tournois) à l'issue des tirs au but. Une édition sur deux ! Et enfin, JO 2024 : à domicile, le rêve de médaille prend fin dès les quarts également. Les Bleues ratent un penalty en début de match, encaissent un but contre le cours du jeu à la fin. Tant de frustrations immenses, tant le contenu de beaucoup de ces matchs méritait mieux. Alors oui, la France a livré un match indigne contre l'Allemagne samedi. Impossible de ne pas y voir une réminiscence des souvenirs déchirants.

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