Atletico : Griezmann, l'obsession jusqu'à l'usure
Malgré la possibilité de rejoindre le Los Angeles FC dès cet été, Antoine Griezmann a finalement décidé de prolonger l'aventure avec l'Atletico Madrid. Un choix qui interroge après son retrait de l'équipe de France et au terme d'une saison difficile.

Claude Makelele n'est pas du genre à tourner autour du pot. Son honnêteté ? Légendaire… et très appréciée. Tout le monde se souvient de ses paroles au sujet du quart de finale de la Coupe du monde 2006 face au Brésil. «Brésil ou pas, m'en bats les couilles. Ronaldinho, machin, chouette… Rien à foutre !» Un discours franc qui tranchait alors avec ceux de Zinedine Zidane et Thierry Henry, plus consensuels.
Alors, lorsqu'il doit demander à Antoine Griezmann s'il se plaît toujours à l'Atletico Madrid en 2025, le consultant de DAZN ne prend pas de gants. «Pourquoi tu continues à jouer à ton âge ? J'adore ton jeu, ta simplicité, mais tu n'es pas frustré parfois de défendre souvent dans le système où vous jouez ? Je dirais à Simeone de te laisser un peu jouer (rires). Ça doit être pesant physiquement.»
Griezmann sur les rotules
Depuis son retour dans la capitale espagnole en 2021, l'attaquant français incarne mieux que quiconque l'abnégation à la mode Diego Simeone. Positionné entre deux lignes, inlassablement envoyé presser, tacler, bloquer, le champion du monde 2018 s'est fondu dans un rôle de soldat hybride, entre 10, relayeur et latéral intérieur. Ce n'est pas un choix subi, selon lui, puisqu'il n'a cessé d'affirmer qu'il y prend du plaisir. Mais à 34 ans, son corps ne suit plus autant. Et ce que le match contre le Paris Saint-Germain (0-4) a montré — un Atletico broyé sans aucune transition — c'est qu'il paie aujourd'hui les années de surmenage à courir pour les autres.
emplacement publicitaire
Statistiquement, la dégringolade est nette. Aucun but en Liga depuis le 1er février contre Majorque (2-0), et seulement trois passes décisives sur ces 16 matchs sans marquer. En 2025, son bilan tombe à 5 buts en 29 apparitions. Sur l'ensemble de la saison : 16 buts en 53 matchs (42 titularisations), soit un but toutes les 221 minutes. Correct, mais désormais insuffisant. La comparaison est toutefois cruelle puisque Julian Alvarez (29 buts, 127 minutes), Alexander Sørloth (24 buts, 89 minutes), voire Angel Correa (8 buts, 169 minutes) sont bien plus efficaces. Griezmann est devenu un joueur de volume… mais plus de différence. Et c'est tout le paradoxe : plus il donne, moins il pèse.
La Liga, une lubie
La baisse de niveau significative ne semble pas être le seul problème de Griezmann. Il donne surtout l'impression de ne pas vouloir décrocher. Alors que son départ de l'équipe de France, l'automne dernier, lui offrait l'opportunité rêvée d'un exil californien, le Macônnais a choisi de prolonger à l'Atletico jusqu'en juin 2027. Un club avec lequel il a tout vécu… sauf l'essentiel. En Liga, son palmarès est un grand vide. Il est arrivé juste après le titre de 2014, parti avant et revenu après celui de 2021. Et lorsqu'il a tenté de combler ce manque en signant au FC Barcelone, l'expérience a tourné à l'échec. Un jeu du chat et de la souris devenu routine.
Ce choix de rester ne relève donc plus du sportif pur, mais de quelque chose de plus profond : une forme de dette émotionnelle envers l'Atletico. Avec 197 buts en 443 matchs, Griezmann est entré dans la légende du club. Il est celui qui incarne l'après-Diego Forlan, l'après-Sergio Agüero, le visage d'une ère entière. Et il sait que s'il ne gagne pas la Liga, son histoire restera incomplète. C'est peut-être pour cela qu'il s'obstine, au lieu de s'envoler vers Los Angeles. Il ne veut pas une sortie dorée, mais une fin réparée. Même si cela signifie courir encore deux ans dans un schéma dont l'intensité le consume un peu plus chaque semaine.
La MLS attendra...
Le contexte était pourtant idéal pour partir. Le Los Angeles FC lui proposait tout : du soleil, un vestiaire francophone avec Hugo Lloris et Olivier Giroud, un rôle central, un public acquis d'avance et surtout… du relâchement. Griezmann avait déjà exprimé son envie de terminer en MLS. Il l'avait dit, répété, et c'était une trajectoire qui avait du sens. À l'instar d'un Lionel Messi qui y a fui la pression, le Français aurait pu s'y installer comme un joueur-icône, showman technique, sans avoir à s'éteindre à petit feu dans une Liga où son influence décline. Néanmoins, il a une fois de plus repoussé l'échéance, comme s'il s'interdisait d'en finir avec l'Atletico.
Il faut croire que Griezmann ne sait pas lâcher. Pas encore. Ou qu'il ne veut pas être celui qui part sans avoir vaincu ses fantômes, pas sans avoir mis ses mains sur ce trophée qui ne veut pas de son contact. À force de prolonger une quête qui ressemble de plus en plus à une chimère, il risque de voir sa dernière image ternie, brouillée par la fatigue, l'usure et l'inefficacité. Non plus comme le joueur flamboyant qu'il a été, mais comme celui qui est resté un peu trop longtemps. Et quand il atterrira enfin à Los Angeles — s'il y va — ce ne sera plus pour conclure un cycle en apothéose. Ce sera peut-être trop tard.
Antoine Griezmann a-t-il bien fait de prolonger avec l'Atletico Madrid ? N'hésitez pas à réagir et débattre dans la zone «Ajouter un commentaire» ...