PSG : harcèlement, proposition des agents, peur... Le supporter giflé par Neymar en 2019 sort du silence après sa plainte
Après les révélations de Mediapart sur la supposée «armée numérique» du Paris Saint-Germain, le supporter rennais giflé par Neymar en 2019 a décidé de porter plainte. Pour L'Equipe, il est revenu sur cette affaire et son choix.
Une semaine après les révélations de Mediapart, l'une des cibles de la supposée «armée numérique» commandée par le Paris Saint-Germain a porté plainte ce mardi. Il s'agit de Nelson, le supporter giflé par Neymar en 2019 après la finale de la Coupe de France remportée par le Stade Rennais.
A l'issue de cette finale, ce supporter avait «chambré» plusieurs joueurs parisiens avant de lancer une ultime moquerie en direction du Brésilien : «Toi, va apprendre à jouer au foot !» Une phrase guère appréciée par le joueur qui s'était alors arrêté à sa hauteur avant de lui porter un léger coup au visage. Durant les mois qui ont suivi cet incident, Nelson a été victime de harcèlement après la divulgation de son identité sur Twitter.
Une plainte pour différents motifs
Selon Mediapart, le club de la capitale a chargé entre 2018 et 2020 une agence de communication de créer de faux comptes Twitter pour mener des campagnes hostiles contre des cibles du Paris SG. L'un de ces comptes, Panama Squad, avait notamment pris pour cible ce supporter du Stade Rennais, révélant son identité sur le réseau social. D'après le quotidien Le Parisien, le club aurait obtenu son identité auprès d'un ancien agent de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) qui avait été engagé en 2018 comme référent-supporters au PSG.
Comme annoncé par l'AFP ce mardi, Nelson a déposé une plainte pour «collecte de données à caractère personnel par moyen frauduleux ou déloyal» , «violation du secret professionnel» , «violences psychologiques en réunion sur une victime» et «harcèlement moral» . «Le harcèlement, je l'ai vécu, ce n'était pas une surprise. Entre les messages, les appels, les commentaires à tout-va... C'était quelque chose d'assez blessant» , explique-t-il à L'Equipe.
Klaxons, cris, crachats…
Pour le quotidien sportif, il est revenu sur les effets de cette affaire sur son quotidien. «À l'époque du match, j'étais en pleine période de travaux de mon futur établissement. Des gens passaient et se foutaient de ma gueule, car le nom de mon restaurant tournait sur les réseaux sociaux. Certains klaxonnaient, d'autres criaient "Neymar". Cela a été humiliant. Quand mon prénom, mon nom et mon adresse sont sortis, j'ai paniqué. Je me suis demandé comment ils savaient tout cela» , raconte-t-il.
Ce supporter a depuis vendu son restaurant. «J'avais fait plusieurs mois de travaux pour arriver le matin et voir des crachats sur les vitres. Quand j'ai vendu, j'ai été soulagé» , confie-t-il. Mais il avoue être encore très perturbé : «Dans les médias, quand je vois le PSG ou la tête de Neymar... Cela me fait cogiter pendant deux ou trois heures. Je peux ne pas dormir après l'avoir vu à la télé ou sur Facebook. Cela m'y fait penser. (…) J'ai aussi déménagé. Et j'en fais encore des cauchemars.»
La proposition des agents de Neymar
Au départ, Nelson pensait que tout était «orchestré par Neymar» . Il raconte d'ailleurs que deux agents du Brésilien sont venus le voir après l'épisode de la gifle. Le but de leur visite ? «C'était de faire un direct (à la télévision), que Neymar vienne, que je sois assis à sa table, qu'on me fasse passer pour le méchant et que tout soit oublié. Ils m'avaient dit : "Ne vous inquiétez pas, vous allez passer à la TV, vous aurez de l'argent. Vous allez continuer votre vie comme ça". Et l'image de Neymar serait nettoyée.»
Cette proposition ne l'a pas convaincu, tout comme «l'arrangement financier» proposé ensuite. «Si c'est pour repasser à la TV et refaire la une des médias pour me faire insulter, c'est encore pire. Mais des excuses sans caméra ne les intéressaient pas. Je leur ai dit : "Vous ne comprenez pas. Tout le monde se fout de ma gueule et vous me proposez de l'argent ? Je vais en faire quoi ? Je vais le dépenser, et ensuite ?"»
«on m'a démoli, détruit, pour restaurer l'image de Neymar»
Et puis les révélations de Mediapart sont apparues. «Là, quand on me dit qu'une armée numérique a été mise en place, je comprends mieux. En fait, on m'a démoli, détruit, pour restaurer l'image de Neymar» , poursuit celui qui a décidé de porter plainte pour «passer du côté des victimes» . «Si, demain, il m'arrivait quelque chose, cela pourrait me couvrir. On pourrait savoir d'où cela vient» , glisse-t-il.
«S'ils ont été capables, pour protéger leur joueur, de m'envoyer une armée de pirates (sic) et salir mon image, que pourraient-ils faire pour sauver l'image du club, et non plus seulement d'un joueur ?» , interroge Nelson. Pour rappel, le Paris SG a démenti les révélations de Mediapart, dénonçant «un tas d'absurdités complètes» .
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