L'Allemagne dans le rétroviseur
Par Julien Demets - Analyses Cdm 2006, Mise en ligne: le 22/07/2006 à 00h15
Taille du texte: Email Imprimer Partager:

Voilà deux semaines que la Coupe du monde 2006 a pris fin : quel souvenir laisseront ces quatre semaines en Allemagne ? L'heure est venue de dresser le bilan de la dix-huitième édition de la plus grande compétition de football internationale.

L'Allemagne dans le rétroviseur

Une Coupe du monde d'un faible niveau ?

Quand Sepp Blatter déclare que le Mondial 2006 a été «le plus beau de l'histoire» , il faut surtout y voir la volonté de la FIFA de vendre son produit. Le spectacle était surtout dans les stades et les rues d'Allemagne : des olas lancées dès l'entame des matches, des supporters de tous les pays réunis au pied de la Porte de Brandebourg, des hooligans plutôt rares et pas trop saouls… Hélas, les attaquants, eux, n'ont pas connu pareille fête : 147 buts ont été marqués au cours des 64 rencontres de la compétition, ce qui équivaut à une moyenne de 2,3 par match. Un chiffre en déclin constant depuis 1994 : à l'époque, à l'occasion de la World Cup aux Etats-Unis, il s'élevait à 2,71. En 1998, en France, il n'était déjà plus que de 2,67, mais la baisse la plus brutale a été observée en 2002 avec 2,52 buts par match. Avant une nouvelle chute, donc, cette année. Miroslav Klose, le meilleur buteur de l'édition 2006, n'a inscrit "que" 5 buts, le plus faible total depuis 1962 ! A l'heure où l'Europe couronne le spectaculaire FC Barcelone, on pouvait espérer mieux…


emplacement publicitaire

Ce critère ne détermine pas à lui seul la qualité du spectacle. A l'exception par exemple d'Argentine-Serbie-Monténégro (6-0), les matches les plus plaisants du Mondial se sont conclus par des scores peu élevés : Ghana-République tchèque (2-0), France-Brésil (1-0), Allemagne-Italie (0-2 a.p.)… Quant aux buts en eux-mêmes, ils étaient souvent beaux. On ne compte plus les tirs lointains qui ont fait mouche. Les Allemands Lahm et Frings avaient montré la voix dès le match d'ouverture, Kaka, Gerrard, Deco ou Maxi Rodriguez les ont imités. Selon les principales victimes, les gardiens, le ballon serait trop léger, sa trajectoire pas assez lisible. Ils sont bien les seuls à s'en plaindre… Enfin, jamais une Coupe du monde n'avait réuni autant d'anciens vainqueurs au stade des quarts de finale : Brésil, Argentine, Italie, Allemagne, France et Angleterre étaient tous là, accompagnés par l'Ukraine et le Portugal. De fait, les spectateurs ont eu droit très tôt à des «finales avant la lettre» . Des matches équilibrés, à défaut de donner lieu à de véritables envolées offensives.

Des confirmations…

Les demi-finalistes ont beau être des habitués des premières places, ils ont tous fait mieux, finalement, que ce qu'on leur prédisait : l'Allemagne, médiocre lors de sa préparation, a conquis son public en proposant un jeu très offensif. Jusqu'à la fin du premier tour, les Bleus semblaient promis à une élimination précoce. En jouant la finale, ils ont pourtant obtenu leur meilleur résultat en Coupe du monde (en dehors, bien sûr, du titre de 1998) aux dépens de l'Espagne, du Brésil puis du Portugal. Des Portugais qui ont confirmé après leur finale de l'Euro 2004 qu'ils faisaient dorénavant partie des leaders du football mondial. Que dire de l'Italie, vainqueur de son quatrième Mondial alors que la plupart de ses joueurs sont impliqués, via leurs clubs de la Juve, du Milan AC ou de la Fiorentina, dans les affaires de matches truqués ? Porter le maillot de la Squadra Azzurra aura été pour eux une bouffée d'oxygène. Auteur d'un premier tour étincelant, l'Argentine, battue en quarts, ne peut pas se reprocher grand-chose, sinon d'avoir croisé le pays hôte un peu trop tôt.

L'Italien Buffon et l'Allemand Lehmann ont été les meilleurs gardiens du Mondial. Cannavaro (Italie), Thuram (France), Ayala (Argentine), Carvalho (Portugal), Lucio (Brésil) et Senderos (Suisse) ont opposé la plus belle résistance aux avants adverses. Le titre de meilleur latéral se joue entre Zambrotta (Italie), Sagnol (France), Lahm (Allemagne), Miguel (Portugal), Sorin (Argentine) et A. Cole (Angleterre). A la récupération, les finalistes Vieira et Pirlo ont été au-dessus du lot mais l'Argentin Mascherano, le Ghanéen Essien, l'Allemand Frings, le Portugais Maniche, le Brésilien Zé Roberto ou le Suisse Vogel n'ont pas non plus démérité. Robben (Pays-Bas), J. Cole (Angleterre), Maxi Rodriguez (Argentine), Bravo (Mexique), Schneider (Allemagne), Cristiano Ronaldo et Figo (Portugal) ont dévoré leur couloir. Zidane a régné sur la caste des numéro 10 ; le Tchèque Rosicky, l'Argentin Riquelme, le Ghanéen Appiah et le Portugais Deco ont également brillé, tout comme les attaquants Klose (Allemagne), Henry (France), Saviola (Argentine), Torres (Espagne) et Ronaldo (Brésil).

Des bides…

Favori de la compétition, le Brésil a été sorti sans gloire en quarts de finale. Le monde entier s'est alors rendu compte qu'il avait fantasmé sur une équipe plus efficace que spectaculaire, et que personne n'avait encore vue à l'oeuvre (le quatuor Ronaldo-Adriano-Kaka-Ronaldinho faisait ses premiers pas). Autre quart de finaliste, l'Angleterre n'a rien montré offensivement sinon son manque de percussion et d'imagination. Une fois de plus, l'Espagne a quitté très tôt la compétition. La jeunesse de son effectif et le beau jeu qu'elle a proposé lui laissent toutefois espérer un avenir meilleur. Les Pays-Bas, habituels esthètes, se sont surtout distingués par la violence de leurs défenseurs. La République tchèque ne s'est pas remise de la blessure de ses deux attaquants Koller et Baros. Depuis 1998, la Croatie est rentrée dans le rang. Enfin la Suède, le Paraguay, le Japon, la Tunisie, la Corée du sud et les USA ont stagné voire décliné par rapport à 2002, la Serbie-Monténégro sombrant quant à elle dans le ridicule après le 6-0 encaissé face à l'Argentine.

C'est un peu cruel, mais voici à quoi ressemblerait l'équipe-type des joueurs qui ont déçu en Allemagne. Dans les buts anglais, Robinson est un digne successeur de James. Le Ghanéen Kuffour et le Néerlandais Mathijsen n'ont pas brillé par la justesse de leurs interventions. Dommage que Roberto Carlos et Cafu soient intouchables, Cicinho ou Zé Roberto arrière gauche auraient sûrement apporté plus. Lampard (Angleterre) ressemblait à n'importe quel milieu besogneux. Aussi étonnant que ce soit, Ronaldinho n'a jamais pesé sur le jeu du Brésil. Totti (Italie) n'était pas tout à fait remis de sa blessure. Le Tchèque Poborsky (34 ans) a pris un sacré coup de vieux, le buteur croate Klasnic n'était pas celui du Werder Brême. Quant au Brésilien Adriano, lent et maladroit, il semblait peser deux Ronaldo. D'autres attaquants comme le Serbo-Monténégrin Kezman, le Polonais Zurawski, le Suédois Larsson, l'Ukrainien Voronin ou le Hollandais Kuyt étaient eux aussi brouillons. Le capitaine allemand Ballack a réussi un Mondial honnête mais sa présence parmi les 23 de la FIFA est usurpée.

Et des surprises !

Parmi les huit dernières formations en course, l'Ukraine était le seul "petit" . C'est la surprise du Mondial, même si Shevchenko et les siens n'ont pas vraiment assuré le spectacle et se sont en fin de compte lourdement inclinés contre l'Italie (3-0). Seule équipe africaine à s'extraire de la phase de poule, le Ghana a offert un visage très offensif mais a dû céder face au réalisme brésilien en huitièmes de finale (3-0). Battu au même stade de la compétition par l'Angleterre, l'Equateur avait proposé jusque-là un jeu particulièrement léché. La Suisse est sans doute le "meilleur éliminé" de cette Coupe du monde : les hommes de Köbi Kuhn n'ont pris aucun but en quatre matches mais sont passés à côté de leur séance de penalties face aux Ukrainiens. Guus Hiddink, le coach néerlandais, transforme en or tout ce qu'il touche : après avoir mené la Corée du sud en demi-finale en 2002, il a cette fois-ci permis à l'Australie de passer le premier tour. Les Socceroos ont fait preuve d'un enthousiasme qui casse l'image de joueurs durs qui leur collait à la peau.

Peu de grandes révélations en 2006. Au contraire, la plupart des joueurs à s'être fait un nom évoluent dans des sélections mineures. Ce qui n'est pas le cas du Français Ribéry (23 ans) et de deux joueurs au profil semblable, l'Allemand Odonkor (22 ans) et l'Anglais Lennon (19 ans), moins utilisés cependant que le joueur de l'OM. Le latéral gauche italien Grosso, souvent décisif, a même inscrit le tir au but vainqueur en finale. L'arrière central portugais Fernando Meira a fait oublier l'habituel titulaire Jorge Andrade, blessé. Avec davantage de réalisme, l'attaquant ghanéen Asamoah Gyan (20 ans) serait déjà une star. L'Equatorien Valencia, les Mexicains Fonseca et Zinha, le Togolais de Guingamp Kader Touré, le Tunisien de l'ESTAC Jaziri, le Suisse Barnetta, l'Angolais Joao Ricardo, l'Ukrainien Kalinitchenko, le Croate Srna et le Trinidadien S. John ont tous eu, à un moment ou un autre, leur quart d'heure de gloire. Une question subsiste : pourquoi le sélectionneur anglais Sven Göran Eriksson a-t-il emmené le Gunner de 17 ans Theo Walcott, resté sur le banc ?

Extrêmement relevée et intense à partir des matches à élimination directe, la Coupe du monde 2006 n'a pas pour autant accouché d'un grand spectacle. Deux événements resteront : le quatrième sacre de l'Italie et l'effondrement du favori brésilien. La suite en 2010…



Taille du texte: Email Imprimer Partager:




Publiez un commentaire avec votre compte Facebook, Yahoo, Hotmail ou AOL   AIDE
Pour signaler un abus, contactez
Ajouter un commentaire ... Les insultes sont passibles d'une amende de 12.000€ et jusqu'à 45.000€ pour les injures racistes, homophobe, handiphobe ou sexiste. N'oubliez pas que vos messages ici sont publics et qu'en cas de plainte votre identité réelle peut être révélée à la justice.
Pour afficher les commentaires Facebook, vous devez être connecté à Facebook



 
 

Actu et transferts 24h/24

Les + populaires du moment


Les articles populaires du moment

Ça a fait le buzz depuis 7 jours

Les VIDEOS populaires du moment



emplacement publicitaire


 A SUIVRE
TOP 15
PEPITES
jeunes de Ligue 1
Le meilleur effectif
LIGUE 1
mi-saison
2024-25
FLOP
transferts
en Ligue1

mi-saison 2024-25
Classements des
BUTEURS

en EUROPE
Indice MF :

l'état de
FORME
des clubs en europe
Les FRANCAIS à

l'ETRANGER
Qui joue ?
Qui marque ?


emplacement publicitaire