Bilan CdM - la France
Par Julien Demets - Analyses Cdm 2006, Mise en ligne: le 18/07/2006 à 22h18
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L'équipe de France a peut-être perdu la finale de la Coupe du monde, mais elle a gagné une confiance nouvelle et un soutien populaire plus revu depuis 1998. Et dire que Zinédine Zidane et les siens ont failli ne pas passer le premier tour…

Médiocres puis brillants

Une place en phase finale acquise difficilement, des matches amicaux moyens, un sélectionneur contesté… Les Bleus n'attaquaient pas cette Coupe du monde dans la peau de favoris. Le premier tour a confirmé les inquiétudes de leurs supporters : pour leur entrée en lice, Henry et sa bande ont concédé le match nul (0-0) contre une équipe de Suisse en bien meilleure forme. Alors qu'ils avaient fait le plus dur en ouvrant le score face aux Sud-Coréens, ils ont encore reculé en deuxième période et finalement encaissé un but assassin à dix minutes du terme de la rencontre. Avec deux points en deux matches, et au vu des autres résultats du groupe H, l'équipe de France s'est alors trouvée face au même défi qu'en 2002 : battre son dernier adversaire par deux buts d'écart. Elle y est parvenue face au Togo, mais de justesse (2-0). Après la phase de poule, la France est le seule tête de série à ne pas avoir terminé en tête de son groupe. Patrick Vieira en vient même à se demander si son équipe n'est pas tout simplement «bidon» …


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Plusieurs raisons peuvent expliquer le visage enfin conquérant que l'équipe de Raymond Domenech a montré lors des matches à élimination directe : une confiance retrouvée, le souvenir de 2002 effacé, une préparation physique prévue pour porter ses fruits à partir des huitièmes de finale… Son tableau de chasse est prestigieux : l'Espagne (3-1), le Brésil (1-0) et le Portugal (1-0) sont tour à tour éliminés avec, au moins pour les deux premiers, une facilité surprenante. La défense devient infranchissable et Thierry Henry se procure enfin des occasions. Mais surtout, Zinédine Zidane, dont on doutait qu'il soit toujours indispensable après que les Bleus ont battu le Togo sans lui, redevient le génial technicien qu'il était quelques années plus tôt. Hélas, l'état de grâce ne se prolonge pas en finale : dominateurs, les Français ne parviennent pas à inscrire un second but à l'Italie et échouent finalement lors de la séance de penalties (1-1, 5 tab 4). Ce résultat reste inespéré, rédempteur même pour une équipe ridiculisée quatre ans plus tôt en Asie.

Les satisfactions

En 1998 et 2000, les Bleus avaient bâti leurs succès sur une défense presque imperméable au sein de laquelle les déclins de Blanc, Desailly puis Lizarazu n'ont jamais été compensés. Jusqu'à cet été : en associant l'expérimenté Thuram à un William Gallas enfin à son poste de prédilection, Raymond Domenech a formé une arrière-garde prise à défaut trois fois seulement au cours du Mondial. Sagnol a encore pris de l'importance côté droit tandis que le flanc gauche, partagé entre Gallas, Silvestre voire Evra ces dernières années, a finalement trouvé son titulaire en la personne d'Eric Abidal. Les brillantes performances défensives doivent aussi beaucoup à l'état d'esprit qui a animé l'ensemble de l'effectif : la devise «Vivre ou mourir ensemble» , certes un peu ronflante, illustre bien le plaisir de jouer ensemble et la solidarité retrouvés d'un groupe qu'on a longtemps cru divisé. Cet esprit de sacrifice, cette volonté commune d'aller au bout, forgés sous le feu des critiques, a permis aux Français de renverser des montagnes.

Défenseur, passeur, buteur… Vieira a réussi sa meilleure compétition sous le maillot bleu et n'a pas eu d'égal au poste de milieu défensif. L'infatigable Makelele a constamment perturbé la construction de jeu adverse. En défense, Thuram, plus déterminé que jamais, a écoeuré tous les attaquants qui ont croisé sa route. Gallas n'a pas commis une seule erreur. Sagnol a défendu âprement et tenté quelques centres, notamment en finale (il sert Zidane sur sa tête claquée par Buffon). Abidal n'a pas toujours été rassurant mais sachant qu'il disputait sa première compétition internationale, son rendement reste positif. Même chose pour Malouda, souvent discret mais omniprésent contre l'Italie. Ribéry, éternel provocateur, a gagné en quelques matches une place de titulaire indiscutable. A défaut d'être brillant, Henry fut décisif (3 buts). On croyait avoir tout vu de Zidane mais face au Brésil, il a épaté le monde entier. Dans l'ensemble, il a offert bien plus que les passements de jambe cache-misère qu'on espérait de lui.

Les déceptions

Difficile de trouver des points faibles à une formation qui s'est hissée en finale du Mondial. Toutefois, leur manque de présence offensive a sans doute coûté aux coéquipiers de Thierry Henry un titre de champion du monde. Pour consolider son entrejeu et épargner à Zidane les tâches défensives, Raymond Domenech a dû sacrifier son deuxième attaquant. De fait, Henry s'est retrouvé un peu seul. Le front de l'attaque a même souvent paru désert, le Gunner ayant tendance à s'excentrer. Combien de centres ou de passes en profondeur avons-nous vus de pas trouver preneur ? Conséquence, les Tricolores n'ont marqué que trois fois pendant la phase de poule et n'ont pu faire mieux que le minimum requis face aux Togolais (2-0). S'ils ont su enfoncer le clou en fin de match contre l'Espagne (3-1), un seul but à chaque fois leur a permis d'éliminer le Brésil puis le Portugal. Et lorsque enfin Malouda, Henry, Zidane et Ribéry (voire Vieira) ont réussi à attaquer ensemble, comme en finale, le réalisme leur a manqué pour inscrire le but de la victoire.

Sylvain Wiltord, titulaire en début de compétition, est le grand perdant français de cette Coupe du monde : transparent et même maladroit pendant les deux premiers matches, il a dû laisser sa place à Ribéry, bien plus tranchant. Victime d'un système de jeu en 4-5-1, Trezeguet n'a été titulaire que face au Togo en l'absence de Zidane suspendu et n'a marqué aucun but. En outre, c'est lui qui rate le tir au but décisif en finale. Silvestre, qui souhaitait «mettre Eric (Abidal) sur le banc» à l'occasion de son intérim togolais, n'a pas convaincu. En deux petites apparitions, Louis Saha a reçu autant de cartons jaunes, synonymes de suspension pour l'ultime rencontre à Berlin. Barthez a fait dans l'ensemble un bon Mondial mais on ne peut s'empêcher de penser qu'il aurait pu mieux faire face aux tirs au but italiens, tous marqués. Enfin, Raymond Domenech n'étant pas un adepte du turnover et limitant ses changements à du poste pour poste, beaucoup de joueurs n'auront pas eu l'occasion de profiter de cette Coupe du monde depuis la pelouse.

Tourner la page Zidane

Ses méthodes crédibilisées par le très bon parcours des Bleus lors de la Coupe du monde, Raymond Domenech va enfin pouvoir oeuvrer dans un climat plus favorable que celui qui l'entourait ces deux dernières années. Après la défaite contre l'Italie, il n'a d'ailleurs fallu que quelques jours au président de la fédération française Jean-Pierre Escalettes pour reconduire le contrat de l'ancien joueur lyonnais. Mais si le sélectionneur est renforcé, son équipe, elle, va subir une saignée : Zidane, Makelele et Thuram ont prouvé depuis leur retour au mois d'août 2005 qu'ils étaient indispensables à leur sélection. Le départ des deux premiers est acquis, celui du défenseur de la Juventus de Turin probable. Raymond Domenech va donc tâcher, comme il y a deux ans après l'Euro, de reconstruire une équipe sans ceux qui l'ont portée au sommet. A l'époque, les résultats n'avaient pas été probants. Aux Sagnol, Gallas et Vieira, les nouveaux leaders, de faire en sorte que cela change : l'Euro 2008 est déjà en ligne de mire…

Durant cette Coupe du monde, une équipe est née. Malheureusement, les meilleurs Tricolores vont s'en aller et il va déjà falloir reconstruire. Raymond Domenech sera de nouveau le chef de chantier.



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