L'équipe de France a peiné face au Portugal mais s'est finalement imposée (1-0) grâce à un but sur penalty de Zidane avant la pause. L'aventure continue pour les Bleus qui joueront dimanche à Berlin leur deuxième finale de Coupe du Monde en huit ans.

Les coulisses de la rencontre

L'élimination en demi-finale de l'Euro (2-1 ap) est encore dans les esprits lusitaniens. Emmenés par leur sélectionneur brésilien champion du Monde en titre, Luis Felipe Scolari, le Portugal veut prendre sa revanche sur l'équipe de France et se qualifier pour sa première finale de Coupe du Monde. L'occasion est belle pour les coéquipiers de Pauleta d'écrire la plus belle page de l'histoire du football portugais et dépasser la génération d'Eusebio, troisième en 1966. «Ce match peut changer l'histoire du pays, c'est pourquoi il est si important pour nous» , a déclaré Scolari avant le match. La forme physique des Portugais sera une des clés de la rencontre. La prolongation jouée contre l'Angleterre a laissé des traces, notamment pour deux de ses meilleurs éléments, Figo et Ronaldo, ménagés depuis trois jours. Pas de véritable surprise dans la composition de Scolari. Ricardo garde le temple, Meira et Carvalho occupent la charnière, épaulés en défense par Nuno Valente et Miguel. De retour de suspension, Deco retrouve sa place de chef d'orchestre. Au milieu, Costinha et Maniche tenteront de museler Zidane. Ronaldo et Figo tiendront bien leur place dans les couloirs pour servir Pauleta seul en pointe.

Dernière étape avant l'échéance annoncée maintes fois par Raymond Domenech : le 9 juillet. Après avoir sorti le quintuple vainqueur de la Coupe du Monde en quart, l'équipe de France a oublié tous ses doutes et s'apprête à défier le Portugal avec une confiance décuplée. Bons à jeter il y a à peine dix jours, les Bleus sont désormais adulés par la France entière. Après les deux dernières prestations éblouissantes de leur équipe favorite, les Français sont prêts à vibrer de nouveau et ne comprendraient pas que l'aventure s'arrête en demi-finale. D'un extrême à l'autre. Alors qu'il n'avait pas pu aligner deux fois d'affilée la même équipe en plus de vingt rencontres, Domenech a désormais trouvé l'équilibre et reconduit sa formule magique pour la troisième fois consécutive en Coupe du Monde. Seule l'équipe de France troisième du Mondial 1958 avait réussi une telle performance. Le 4-4-1-1 victorieux de l'Espagne et du Brésil débute la demi-finale. La ligne défensive Sagnol – Thuram – Gallas – Abidal prend place devant Barthez. Le triangle en or Makélélé – Vieira – Zidane occupe le milieu. Malouda conserve le couloir gauche, tout comme Ribéry à droite. Enfin, Henry est à nouveau seul en pointe.

Les meilleurs moments et les buts

- Les Bleus sont les premiers dangereux. Sur une longue ouverture en profondeur, Malouda passe devant son vis-à-vis mais sa frappe croisée du gauche ne trouve pas le cadre (1').

- Cristiano Ronaldo accélère dans le couloir gauche face à Sagnol, repique au centre et sert Deco à l'entrée de la surface face au but. Sa frappe croisée du droit à ras de terre est déviée par Barthez et dégagée par Thuram (5').

- Ronaldo est intenable en ce début de match. Le Portugais perce dans l'axe et décale Maniche à vingt mètres dont la frappe du coup du pied droit passe juste au dessus de la transversale de Barthez (8').

- Penalty pour l'équipe de France. Servi à l'entrée de la surface, Henry contrôle et crochète du droit sur un pas pour s'ouvrir le chemin du but. Carvalho est battu et accroche la jambe du Français. Avec un pas d'élan, Zidane se charge de la sentence et expédie le ballon au fond des filets d'une frappe enroulée du droit à mi hauteur effleurée par le gardien (33', 0-1).

- Mauvaise passe de Figo en retrait dans l'entrejeu. Henry récupère le ballon et file vers le but avant de temporiser et replacer une accélération dans la surface côté gauche. Sa frappe du gauche passe sous le bras de Ricardo, tout heureux de voir sortir le ballon en corner (46').

- Après une belle construction, Ribéry est servi à vingt mètres face au but et place une frappe tendue et puissante du coup du pied droit bien boxée par Ricardo (47').

- Les Portugais héritent d'un coup franc à près de trente mètres face au but. Le tir flottant à mi hauteur de Ronaldo surprend Barthez qui repousse comme il peut d'une manchette. En embuscade à trois mètres, Figo reprend de la tête mais le ballon passe juste au dessus du but (78').

- Sur un long ballon, Postiga remise de la tête pour Meira monté aux avants postes qui reprend de volée. Son tir violent passe au dessus du but (90').

- Ca chauffe en cette fin de match. Les Portugais tentent le tout pour le tout. Figo travaille côté gauche et décale Simao pour un centre piqué. Le ballon lobe Barthez au premier poteau et longe la ligne de but mais aucun portugais ne peut reprendre (90+2).

La prestation portugaise

Le Portugal a débuté la rencontre pied au plancher en prenant immédiatement la maîtrise du milieu de terrain. Avec un bloc compact et un jeu de passes bien léché, les Lusitaniens sont montés à l'offensive sous l'impulsion de Deco et surtout Ronaldo, très percutant. Mais un manque de lucidité dans la finition les a empêché d'ouvrir le score. Après le but français, les hommes de Scolari ont développé un gros pressing pour s'accaparer le ballon. Les Portugais ont baissé de pied physiquement après la pause et ont tenté d'étirer la défense française par un jeu latéral. Malgré une meilleure possession de balle, les coéquipiers de Figo ne sont pas parvenus à trouver la faille.

Après un bon début de partie, Deco s'est peu à peu éteint et n'a pas trouvé la solution pour déstabiliser le mur tricolore dressé devant Barthez. Le meilleur portugais n'était autre que Ronaldo qui a donné le tournis à Sagnol en première mi-temps en percutant balle au pied. Devant, Pauleta a dû décrocher pour toucher le ballon mais n'a jamais pu prendre Thuram ni Gallas à défaut. Le match frustrant par excellence avec un seul tir à la clé. Héros portugais en quart de finale, Ricardo n'a pu qu'effleurer le penalty tiré par Zidane. Défenseur le plus rapide côté portugais, Miguel n'a eu aucun souci pour contenir Malouda et apporter son aide offensivement mais a dû sortir sur blessure à l'heure de jeu. Costinha avait pour mission de museler Zidane et s'en est plutôt bien sorti. Figo a fait jouer son expérience face à Abidal mais n'a pas été décisif. Auteur de la faute sur Henry qui amène le penalty, Carvalho sera en outre suspendu pour le dernier match.

La prestation française

Moins en jambes que son adversaire, la France a connu un début de match chaotique. Les Bleus ont manqué de liant entre les lignes et ont dû laisser le jeu aux Portugais. Les individualités ont pris le pas sur le collectif. Suffisant toutefois pour obtenir un penalty contre le cours du jeu et prendre l'avantage au score. Les Bleus ont ensuite laissé à nouveau le ballon aux Portugais et procédé par des contre-attaques souvent dangereuses. La charnière centrale a été héroïque face aux percées adverses et la solidarité entre les défenseurs et les milieux ont permis de résister à tous les assauts. La fatigue physique accumulée depuis le début de la compétition s'est ressentie en fin de match mais l'équipe de France avait dans son chapeau les ressources morales lui permettant de tenir jusqu'au bout.

La défense centrale a été impériale. Sécurisant, concentré, propre dans ses interventions, intraitable dans les duels, Thuram a été phénoménal. Gallas n'a pas été en reste et sa rigueur n'est plus à prouver. Sagnol a eu fort à faire mais a pris petit à petit le dessus sur Ronaldo. En revanche, Abidal a manqué d'implication en première mi-temps avec des erreurs de marquage et des imprécisions techniques malvenues. Barthez a été impeccable dans ses prises de balle aériennes et a joué son rôle de dernier rempart à plein. La paire Makélélé – Vieira a coupé les relations entre les lignes adverses et s'est livrée sans compter pour aider en défense. Zidane n' pas eu beaucoup d'espaces pour s'exprimer mais a encore une fois délivré une partie pleine d'intelligence et inscrit le seul but du match sur penalty. Ribéry a essoufflé Nuno Valente en proposant sa gamme habituelle composée d'accélérations et de percussions. Improductif offensivement, Malouda s'est surtout concentré sur ses tâches défensives en aidant Abidal à bloquer le couloir. Henry s'est démené au front une fois de plus et a provoqué la faute qui amène le but tricolore. Entré en fin de match, Saha a écopé d'un carton jaune qui le prive de finale.

La France jouera la finale de la Coupe du Monde dimanche à Berlin contre l'Italie. Le Portugal tentera de décrocher la troisième place du Mondial samedi à Stuttgart face au pays hôte, l'Allemagne.

Portugal – France : 0-1 (0-1)
Stade : Allianz Arena (Munich)
Arbitre : M. Larionda (Uru)

Buts : Zidane (33’ sp)
Avertissements : Carvalho (83’) – Saha (87’)

Les équipes :

Portugal : Ricardo – Nuno Valente, Meira, Carvalho, Miguel (Paulo Ferreira, 63’) – Costinha (Postiga, 74’), Maniche, Figo, Deco, C. Ronaldo – Pauleta (Simao, 68’)

France : Barthez – Sagnol, Thuram, Gallas, Abidal – Makélélé, Vieira, Malouda (Wiltord, 69’), Ribéry (Govou, 73’), Zidane – Henry (Saha, 85’)

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