L'Italie brise le rêve allemand
Par Julien Demets - Analyses Cdm 2006, Mise en ligne: le 05/07/2006 à 00h27
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Au terme de prolongations haletantes, c'est l'Italie, dont on parlait peu jusqu'à maintenant, qui s'est qualifiée pour la finale de la Coupe du monde (2-0). L'Allemagne ne deviendra pas le septième pays à remporter la compétition à domicile. Mais sous les ordres de Jürgen Klinsmann, une équipe est née.

Les enjeux de la rencontre

Le passé ne plaide pas en faveur des Allemands : on pense notamment à la finale du Mondial 1982, que Paolo Rossi et les siens avaient remportée 3-1. Beaucoup plus récemment, lors d'un amical disputé juste avant cette Coupe du monde, la formation de Jürgen Klinsmann a essuyé un sévère 4-1. Mais l'Allemagne d'aujourd'hui n'est déjà plus la même : parmi les quatre demi-finalistes, elle est celui qui a produit la meilleure impression depuis l'entame de la compétition. Son attaque, guidée par un Miroslav Klose au sommet de son art (5 buts à son actif), est la plus efficace (11 buts en tout) et sa défense semble soignée des largesses qu'elle avait montrées lors du match d'ouverture face au Costa Rica (4-2). Pourtant, face à l'Argentine en quarts de finale, les coéquipiers de Michael Ballack ont été incapables pendant une heure de développer leurs actions. Preuve qu'ils ne sont pas imbattables. Face à une équipe d'Italie dont on ignore encore la valeur réelle, le pays hôte devra retrouver le jeu flamboyant du match contre la Suède pour gravir une nouvelle marche vers son propre «France 98» . Klinsmann aligne son équipe-type, à l'exception de Kehl qui remplace Frings, suspendu. Lehmann est dans les buts derrière Friedrich, Metzelder, Mertesacker et Lahm. Ballack épaule Kehl, Schneider et Borowski, que Klinsmann a préféré à Schweinsteiger, animent les ailes en soutien du duo Podolski-Klose.


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Le jour même où la rétrogradation de quatre des plus grands clubs transalpins a été requise lors du procès des matches truqués, la Squadra Azzurra a l'occasion de prouver que l'Italie sait aussi jouer au football et battre ses adversaires grâce au seul talent de ses joueurs. Une place en finale de Coupe du monde signifierait également le retour au premier plan d'une équipe éliminée dès les huitièmes de finale par la Corée du Sud il y a quatre ans et sortie au premier tour de l'Euro 2004. Ridiculisée par les affaires, décevante ces dernières années, raillée pour son jeu pas assez spectaculaire selon certains, la Squadra est revancharde au moment d'affronter l'Allemagne. Un sentiment qu'on devine dans les propos de Gattuso : «Certains journaux nous ont critiqués, mais ils ne nous ont pas touchés. Peut-être que les femmes de ceux qui ont parlé de spaghetti ou de mafia pour nous décrire ont eu des aventures avec des Italiens.» Le subtil Milanais est bien sûr titulaire au milieu de terrain aux côtés de Pirlo. Perrotta et Camoranesi se chargent des flancs et Totti joue en soutien de Toni. La défense enregistre le retour de Materazzi, associé au capitaine Fabio Cannavaro dans l'axe. Grosso occupe le flanc gauche, Zambrotta le droit. Et bien évidemment, Buffon garde les buts.

Les moments forts du match

- Coup franc de Totti à 30 mètres des buts de Lehmann. La gardien allemand bloque la frappe puissante du Romain, alors qu'elle prenait la direction de la lucarne (4').

- Ouverture de Totti vers Perrotta dans la profondeur. Le milieu de terrain de l'AS Roma se retrouve seul face à Lehmann et n'a plus qu'à ouvrir son pied. Mais il tarde à frapper et le portier d'Arsenal plonge dans ses pieds (15').

- Coup franc italien près du point de corner. Zambrotta trouve Totti en retrait mais le tir du meneur de jeu est contré devant les buts allemands (29').

- Klose s'enfonce plein axe et décale Schneider côté droit. La frappe croisée du joueur du Bayer Leverkusen passe juste au-dessus (34').

- Klose repique dans l'axe, conduit le ballon, feinte la passe, résiste à trois défenseurs mais bute sur Buffon. L'attaquant de Werder Brême a failli inscrire l'un des buts du Mondial (50') !

- Schneider trouve Podolski au premier poteau, dos au but italien. Le nouvel attaquant du Bayern parvient à se retourner et à frapper en angle fermé mais Buffon repousse (62').

- Ballack frappe juste au-dessus des cages un coup franc à l'entrée de la surface (82').

- Gilardino s'infiltre dans la surface, longe la ligne de sortie de but, s'ouvre l'angle des cages et tire à raz de terre sur le poteau (91') !

- Corner de Pirlo renvoyé par la défense. Zambrotta contrôle à l'entrée des seize mètres puis déclenche une frappe puissante… sur la barre, cette fois (92') !

- Centre enroulé d'Odonkor, entré à la fin du temps réglementaire. Podolski, totalement oublié, se retrouve seul face au but mais sa tête n'est pas cadrée (105').

- Suite à un coup franc indirect, Del Piero, qui a remplacé Perrotta, se retrouve tout seul face aux but allemand. Il conserve le ballon, cherche à éliminer Lehmann sorti à sa rencontre mais se résigne à décaler Iaquinta, légèrement en retrait. La tentative du capitaine de l'Udinese est contrée (110').

- Ça va d'un but à l'autre ! Sur la contre-attaque, Podolski est décalé par Schweinsteiger côté gauche. Sa frappe est claquée par Buffon au-dessus de sa barre (111').

- Passe en profondeur. Iaquinta talonne vers Gilardino alors que Lehmann est sorti trop tôt de ses buts. L'attaquant du Milan AC remise vers Del Piero qui veut frapper vite, mais c'est dévissé (114').

- Pirlo récupère un corner de Totti à l'entrée de la surface allemande. Il sert Grosso seul en pleine surface qui, sans contrôle, enroule sa frappe dans le petit filet opposé (0-1, 120') !

- Les Allemands tentent le tout pour le tout. Conséquence, Gilardino et Del Piero se retrouvent à deux contre le seul Mertesacker. Le premier décale le second qui envoie le ballon dans la lucarne de Lehmann (0-2, 120') !

La prestation allemande

La Mannschaft ne s'attendait sans doute pas à tomber sur un adversaire aussi offensif et aussi doué dans la conservation de balle. Durant la première mi-temps, Ballack et les siens ont surtout couru derrière le ballon, ne parvenant à construire leurs attaques que par à-coups. Quant à la défense, harcelée par les passes de Totti et les appels de Toni, elle a concédé nombre de corners. Les joueurs de Klinsmann ont attaqué le second acte avec davantage de conviction, à moins que ce ne soit l'Italie qui ait baissé le rythme. Toujours est-il qu'ils ont enfin pu aller au bout de leurs actions. Leur puissance a peu à peu fait plier la défense transalpine, mais celle-ci n'a jamais rompu. Ce sont même les hommes de Lippi qui ont été les plus dangereux durant la demi-heure supplémentaire.

Ballack, maîtrisé par la paire Pirlo-Gattuso, n'a pas réussi à peser de manière décisive sur le jeu de son équipe. La qualité de ses passes a quand même permis de créer quelques espaces. Grosse activité de Schneider : il a défendu, s'est souvent démarqué et a beaucoup tenté. Klose n'a peut-être pas marqué mais il s'est constamment battu et a perdu très peu de ballons. Les prises de balle de Friedrich demeurent peu sûres, mais lui et sa défense auront beaucoup progressé pendant la compétition. Kehl s'est acquitté de sa tâche sobrement. Lehmann s'est emparé de la plupart des corners de Totti mais est sorti de ses buts à l'improviste sur une occasion de Del Piero en prolongations.

La prestation de l'Italie

Qu'on ne dise plus jamais que cette équipe d'Italie est défensive ! C'est elle qui s'est montrée la plus conquérante, soit en usant de longues ouvertures vers Camoranesi, Perrotta ou Toni, soit en construisant ses actions en passes courtes sur toute la largeur du terrain. Les Italiens ont récupéré haut et conservé le ballon, privant l'Allemagne d'occasions et s'en procurant plusieurs. La deuxième mi-temps a moins souri à la Squadra Azzurra, dominée mais toujours dangereuse en contre-attaque. La prolongation a été complètement débridée : chaque attaque donnait lieu à une occasion, les joueurs des deux camps ont couru comme des lapins mais ce sont les Italiens qui ont finalement été les plus tranchants en attaque (deux barres puis deux buts en prolongations).

Totti, jusqu'alors en retrait dans ce Mondial, a réalisé son meilleur match de la compétition : la précision de ses passes a mis au supplice l'arrière-garde allemande. Hélas, il a baissé le pied au fil de la partie. Gattuso et Pirlo ont ratissé un nombre impressionnant de ballons. Pirlo combine ce travail de l'ombre avec un apport offensif énorme (il offre le but à Grosso) et une technique délicieuse. Il est l'un des meilleurs joueurs du Mondial. A propos de Grosso, il n'est peut-être pas le plus connu de son équipe, mais il a débloqué la situation. Pas mal de déchet technique de la part de Camoranesi. Gilardino et Del Piero ont fait une bonne rentrée : le premier a offert le but du 2-0 au second. Cannavaro et Materazzi n'ont jamais été pris à défaut. Perrotta s'est dépensé sans compter à un poste de milieu gauche qui n'est pas le sien.

La note du match

15/20. Jusqu'à la dernière minute, il n'a manqué que les buts. La faute à deux défenses solides. Ils sont arrivés tardivement et ont couronné une rencontre fluide et enlevée, et des prolongations riches en occasions. Vu la qualité de leurs gardiens, aucune des deux formations n'avait intérêt à attendre les tirs au but... Le tour d'honneur final de la Mannschaft, saluée par son public malgré l'élimination, valait presque une victoire.

Après cinq confrontations, l'Allemagne n'est toujours pas parvenue à battre l'Italie en Coupe du monde. La Squadra Azzurra, que l'on croyait pénalisée par les affaires de matches truqués de son championnat, affrontera le Portugal ou la France.



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