Ces Bleus sont fous ! Au terme d'un match abouti parfaitement maîtrisé, l'équipe de France a battu le Brésil (1-0) grâce à la première passe décisive de Zidane pour Henry et se qualifie pour les demi-finales du Mondial.

Les coulisses de la rencontre

64% des Français pensent que l'équipe de France de football va battre le Brésil en quart de finale de la Coupe du monde, selon un sondage CSA. Sceptiques après les deux premiers matchs des Bleus, les supporters sont désormais prêts à faire une fête mémorable en cas de succès face à l'armada brésilienne. Après la victoire probante contre l'Espagne, les Tricolores y croient également et donneront tout pour qualifier le pays pour une quatrième demi-finale de Coupe du Monde en vingt-quatre ans. Pour la première fois depuis sa prise de fonction, Domenech peut aligner la même équipe deux matchs d'affilée. Le système en 4-4-1-1 est donc reconduit avec Zidane en soutien de Henry en attaque, Malouda et Ribéry sur les ailes et la paire Vieira – Makélélé au milieu. Impériale contre les Ibères, la ligne défensive Abidal – Gallas – Thuram – Sagnol est reconduite devant Barthez. «Face au Togo nous nous sommes libérés. Aujourd'hui le bloc est plus compact. Nous sommes de plus en plus forts,» affirme Gallas confiant avant la rencontre.

En route vers une quatrième finale consécutive de Coupe du Monde et un sixième sacre programmé depuis des mois, le Brésil est sûr de sa force mais ne sous-estime pas son adversaire comme avait pu le faire à tord l'Espagne. «Aujourd'hui, il s'agit du match le plus important de ma vie,» lance même Roberto Carlos qui en a pourtant vu d'autres. Alors que l'incertitude a plané pendant deux jours sur leur participation, Kaka, Emerson et Robinho ont tous les trois reçus le feu vert des médecins de la Seleçao. Parreira a pourtant décidé de se priver des deux derniers et a complètement remodelé son dispositif. Preuve que la Seleçao craint la France, le sélectionneur laisse son 4-4-2 fétiche de côté pour un 4-2-3-1 quasiment à la française, propre à corriger les errances défensives observées jusque là. Ronaldo se retrouve seul en pointe devant Kaka et Ronaldinho. Le trio composé de Zé Roberto, Gilberto Silva et Juninho occupe le milieu devant la défense habituelle des Cariocas.

Les meilleurs moments et les buts

- Les Brésiliens occupent la moitié de terrain tricolore et obtiennent un coup franc côté droit. Ronaldinho le tire au second poteau mais Ronaldo ne peut cadrer sa tête (11').

- Les supporters français retiennent leur souffle quand Juninho s'approche pour tirer un coup franc à vingt mètres légèrement côté gauche. Le tir est contré par le mur (20').

- Zidane tire rapidement un coup franc à trente cinq mètres du but dans le dos de la défense. Posté au second poteau, Thuram remise de la tête mais Juan peut dégager devant Henry (34').

- Les Bleus obtiennent un nouveau coup franc côté gauche à plus de trente mètres. Zidane le tire enroulé mais la tête de Malouda au premier poteau passe au dessus du but de Dida (39').

- Zidane élimine deux Brésiliens et lance idéalement Vieira en profondeur qui file vers le but avec deux Brésiliens à ses basques. Juan accroche le Français à vingt cinq mètres du but et écope logiquement d'un carton jaune (44').

- Sur le coup franc, Ronaldo placé dans le mur est sanctionné pour avoir dévié le ballon de la main. La tension est énorme à quelques secondes de la pause. Henry frappe le coup franc placé à l'entrée de la surface mais le mur détourne (45+2).

- Coup franc à vingt cinq mètres côté droit pour les Français. Zidane enroule parfaitement sont tir pour la tête décroisée de Vieira à six mètres de Dida mais ça passe juste à côté (46').

- Zidane exécute à nouveau un coup franc à trente mètres le long de la ligne de touche côté gauche. Le maestro alerte Henry seul au deuxième poteau qui fusille Dida à bout portant du plat du pied droit (1-0, 57').

- Le Brésil a la tête dans le sac. Ribéry se débarrasse de Roberto Carlos le long de la ligne de fond et centre devant le but. Juan détourne le ballon et manque d'un rien le but contre son camp (60').

- Contre-attaque éclair des Français. Lancé côté droit, Henry fixe Lucio avant de servir Ribéry plein axe mais ce dernier bute sur Dida bien sorti (71').

- Les Brésiliens reprennent l'avantage dans les duels et tentent le tout pour le tout. Servi au milieu de la surface, Robinho dévisse complètement sa frappe et permet aux Bleus de respirer (81').

- Les supporters français retiennent leur souffle quand Ronaldinho se présente pour tirer un coup franc à l'entrée de la surface de réparation. Le meilleur joueur du monde enroule bien sa frappe au dessus du mur mais le ballon passe juste au dessus du but (88').

La prestation française

Les Bleus ont affiché d'entrée de jeu un bloc équipe très compact avec deux lignes de quatre pour contenir les offensives brésiliennes. Les Français ont été très présents dans les duels et un cran au dessus physiquement que leur adversaire. Dans une véritable partie d'échecs, les coéquipiers de Zidane ont fait preuve d'une patience remarquable et d'un moral d'acier qui leur a permis de prendre progressivement l'ascendant psychologique. En revanche, Henry a été trop souvent laissé seul devant avant la pause et les nombreux centres n'ont pu trouver preneur. La défense a été à nouveau extraordinaire de solidité et de solidarité. La complémentarité de l'équipe n'est plus à prouver et la force qui s'en dégage permet tous les exploits.

La première passe décisive de Zidane pour Henry ne pouvait pas mieux tomber ! Le maître à jouer tricolore a fait étalage de ses plus beaux gestes techniques et semblait avoir retrouvé ses jambes de vingt ans. Pris dans la tenaille entre Lucio et Juan, Henry s'est démené au front et a été récompensé de ses efforts en inscrivant le seul but du match. Ribéry n'a pas compté ses efforts et donné le tournis à Roberto Carlos. Vieira a été dans la lignée de ses précédentes sorties avec une présence défensive de tous les instants, une puissance physique au dessus de la moyenne et une orientation du jeu impeccable. Une fois de plus, la ligne défensive a été impériale. Barthez a été parfait dans ses interventions. Le roc Gallas a été intraitable dans les duels et son compère Thuram a écoeuré les attaquants brésiliens.

La prestation brésilienne

Le Brésil est monté le premier aux avants postes mais sans réussir véritablement à déstabiliser le bloc français. Comme les Bleus, les Brésiliens ont d'abord cherché à ne pas se découvrir et ont laissé à Ronaldinho, Kaka et Ronaldo le soin de jouer les contre-attaques. Sur les attaques placées, le Brésil a manqué de rythme et de percussion pour déstabiliser le bloc tricolore. Les Cariocas ont tenté de hausser le rythme après la pause, sans succès. Une fois menée au score, la Seleçao s'est désunie et s'est reposée sur un exploit personnel qui n'est jamais venu. La réponse à l'énigme posée après les premiers matchs du Brésil est désormais connue : les coéquipiers de Ronaldinho ne pouvaient pas accélérer le jeu à tout moment. Dos au mur, la sélection auriverde n'a pas trouvé les ressources nécessaires pour renverser la vapeur.

Zé Roberto a souvent été à l'origine des offensives. Il a créé le surnombre en s'engouffrant balle au pied plein axe et a posé des problèmes aux Bleus. Ronaldo a tenté d'exploiter la moindre opportunité mais n'a pas pu améliorer son record de buts marqués. Peu inspiré, Ronaldinho quitte le Mondial la tête basse. Imprécis dans ses passes et à la peine pour accélérer, il n'a jamais pu créer la différence. Roberto Carlos a eu fort à faire pour contenir Ribéry mais a une nouvelle fois été l'auteur de nombreuses courses dans son couloir. Au marquage de Zidane, Gilberto Silva n'a pas réussi à contrarier le maître à jouer français. En défense, Lucio s'est montré très précieux par ses interventions propres et une présence physique de tous les instants.

Les réactions

Zidane : «Il fallait faire un match énorme et on l'a fait. On s'est serré les coudes, on a été solidaires et on a gagné. On n'a pas envie de s'arrêter là, c'est tellement beau qu'on va essayer d'aller au bout. Encore deux comme ça et ce sera parfait.»

Henry : «On a bien joué. Ce n'est pas un match volé. On a mis une tactique en place qui a bien marché. On est parti doucement et maintenant on va aller au bout. Je disais récemment qu'on n'était pas là pour rêver, mais c'est vrai que ce soir on rêve.»

Domenech : «c'était extraordinaire, il n'y a pas de mots. C'est un bonheur immense, il faut savourer. Seul le foot peut procurer de tels moments d'émotion» .

Plus rien ne semble pouvoir arrêter les Bleus qui défieront le Portugal mercredi à Munich en demi-finale de la Coupe du Monde.

France – Brésil : 1-0 (0-0)
Stade : Waldstadion (Francfort)

Arbitre : M. Cantalejo (Esp)
Buts : Henry (57’)
Avertissements : Sagnol (73’), Saha (87’), Thuram (88’) - Cafu (25’), Juan (44’), Ronaldo (45+1), Lucio (75’)

Les équipes :

France : Barthez – Sagnol, Thuram, Gallas, Abidal – Makélélé, Vieira, Malouda (Wiltord, 80’), Ribéry (Govou, 77’), Zidane – Henry (Saha, 86’)

Brésil : Dida – Cafu (Cicinho, 76’), Lucio, Juan, Roberto Carlos – Zé Roberto, Gilberto Silva, Juninho (Adriano, 63’), Kaka (Robinho, 79’), Ronaldinho – Ronaldo

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