Très loin de ses ambitions de début de saison, le Paris Saint Germain cherche désespérément à évacuer le doute qui le ronge depuis le début de saison. Depuis l'arrivée de Laurent Fournier, l'état d'esprit semble afficher un léger mieux, même si l'inconstance des Parisiens est toujours frappante. Maxifoot passe au scanner d'une équipe qui n'a jamais croisé la route de la confiance cette saison.

Les supporters parisiens sont incrédules. Leur équipe vient d'encaisser un troisième but de l'attaquant du CSKA Moscou Serguei Semak, et le PSG va quitter la scène continentale par la toute petite porte. Ce match résume assez bien la saison 2004-2005 du club de la capitale, entre des débuts insipides, une réaction d'orgueil, puis une longue descente aux enfers. Entre un entraîneur qui a prouvé son entêtement jusqu'au bout, un président loin de faire l'unanimité, des supporters toujours plus poussés vers l'excès et des joueurs incapables de faire honneur à leur renommée sur le terrain, cette saison restera incontestablement l'une des pires saisons, sinon la pire, de l'histoire du club. Plus occupés à chercher (en vain) la « taupe » dans le groupe, les Parisiens ont souvent été inexistants sur le terrain. Pourtant, l'été dernier, le recrutement à première vue ambitieux du vice-champion de France en titre laissait espérer un titre attendu depuis 11 ans à Paris.

Entre gardiens, une concurrence amicale

Condamné au banc de touche la saison passée, Lionel LETIZI a regagné ses galons de titulaire dès la 4e journée face à Saint-Etienne (2-2). Et grâce à son talent toujours intact malgré une saison quasi-blanche en 2003-2004, le portier parisien a sauvé plusieurs fois ses partenaires, mais il n'a pas pu tout faire non plus…

Jérôme ALONZO reste toujours le même. Malgré la perte de sa place de titulaire et la fuite de son insolente réussite de la saison passée, l'ancien Stéphanois a gardé toute sa bonne humeur, surtout que c'est son ami de toujours qui est désormais en place. Et une telle ambiance entre gardiens facilite forcément le travail. Mais attention, Jérôme lorgne sur une titularisation l'année prochaine, ou sera amené à s'en aller.

La défense sur la pente ascendante

Chef de file de la défense parisienne, Mario YEPES est l'une des rares satisfactions de sa formation. Malgré des débuts très délicats, le Colombien a su remonter la pente pour s'affirmer comme un solide rempart. On a donc retrouvé le Yepes de Nantes, imposant et difficilement contournable grâce notamment à son fameux tacle « à la Yepes » toujours aussi efficace. Il s'est même mué en buteur providentiel en Coupe de France face à Bordeaux. C'est une valeur positive de l'année.

On ne peut pas dire que le capitanat ait réussi à José-Karl PIERRE-FANFAN. L'ancien Monégasque a en effet affiché cette saison une étonnante fébrilité et un placement parfois curieux qui ont coûté cher au PSG. Même s'il reste un défenseur très solide et imposant, Pierre-Fanfan n'a jamais retrouvé son niveau de la saison dernière, où son association avec Fred Déhu faisait peur à tous les attaquants de l'hexagone. Pierre-Fanfan n'est plus le titulaire indiscutable, et devra élever son niveau de jeu aux côtés de Mario Yepes.

Même constat, voir pire, pour Bernard MENDY. Il avait fini 2003-2004 par un débordement mythique devant Roberto Carlos avec l'équipe de France, et il est revenu en août méconnaissable. Le latéral droit n'était que l'ombre de lui-même pendant les deux premiers mois de la saison, handicapé certes par une blessure au péroné. Revenu en novembre, il a montré quelques signes d'amélioration avant de rechuter. Plus proche d'un niveau de Ligue 2, et ne sachant même pas faire des touches (PSG - Chelsea), Mendy n'est plus que l'ombre de lui même et ses performances méritent un carton rouge. Sa récente prolongation de contrat et sa proche paternité devraient néanmoins l'aider à remonter la pente.

Sylvain Armand, lui, a rarement pu être mis en accusation dans les mauvais résultats du PSG, hormis peut-être en début de saison râté. Même si son apport offensif a été beaucoup moins consistant que prévu, il a su rester solide à son poste d'arrière gauche. On se souvient notamment qu'il a dégoûté Ricardo Quaresma lors du match de C1 à Porto. Il est d'ailleurs le joueur le plus utilisé depuis le début de la saison, avec 39 rencontres. C'est une base pour l'avenir et l'une des rares satisfactions défensives de son équipe.

Recruté pour être la doublure de Bernard Mendy, l'ancien Lillois Stéphane PICHOT a été amené à disputer 26 rencontres toutes compétitions confondues du fait des blessures et de l'inconstance de son concurrent. Et Pichot s'est montré tantôt excellent, comme dimanche face à Auxerre, tantôt inexistant, comme à Bordeaux (0-3). Mais c'est incontestablement plus qu'une doublure, et une agréable recrue.

Le Portugais HELDER Marino ne laissera pas une trace indélébile dans la mémoire des supporters du PSG. A 34 ans, il s'est offert un dernier challenge dans la capitale française, mais on ne peut pas dire qu'il ait convaincu qui que ce soit. Il a certes réussi quelques matchs, a bouché les trous en défense ou au milieu, mais devrait s'en aller cet été comme il est venu. Sur la pointe des pieds. Mais on n'en demandait pas plus.

Autre ancien Nantais débarqué l'été dernier de La Jonelière, Jean-Hugues ATEBA espérait sans doute mieux que ce qu'il a connu cette saison. Avec seulement huit apparitions en L1 (dont quatre en tant que titulaire), le Camerounais ne s'est pas imposé dans le club parisien, loin de là. Sur ces rares apparitions, au milieu ou en défense, il n'a pas vraiment convaincu.

A 21 ans, Jean-Michel BADIANE a enfin eu sa chance avec le club de son coeur. Avec 9 matchs joués depuis le début de la saison, l'international Espoirs a presque fait son trou. Et même si Halilhodzic puis Fournier lui ont la plupart du temps préféré Helder, Badiane peut espérer voir l'avenir en Rouge et Bleu.

Un milieu sans créateur

Pilier du milieu de terrain du PSG depuis maintenant deux saisons, Lorik CANA, 21 ans, représente l'avenir du club. L'Albanais, plaque tournante de sa formation depuis la blessure de M'Bami, sait aussi bien récupérer que relancer proprement pour ses partenaires. Passé à côté de quelques rencontres cette année, Cana attend impatiemment le retour de son compère camerounais pour reformer le duo infernal qui plaît tant aux supporters. Lorik CANA a été très présent, c'est une valeur positive de la saison.

Son but face à l'OM l'a placé au rang de chouchou des supporters du PSG. Edouard CISSE, relancé la saison passée à Monaco, a assumé pleinement son rôle de remplaçant (ou plutôt de « titulaire qui ne débute pas » selon ses dires) de Cana et M'Bami en début de saison, avant que ce dernier se blesse et laisse une place dans le 11 parisien à « Edou » . Et Cissé ne compte pas abandonner une place qu'il mérite. Un vrai casse tête en vue pour Laurent Fournier.

Incontestablement, le meilleur parisien de la saison a pour nom Modeste M'BAMI. Son abattage dans l'entrejeu l'a fait surnager au dessus de la morosité de son équipe en début de saison. Capable de stopper les offensives adverses comme d'éliminer plusieurs adversaires, le Camerounais est un accélérateur de jeu hors-pair. Et sa blessure au péroné a été un gros pépin pour le PSG, qui attend son retour pour le mois d'avril. Un joueur qui manque cruellement au club.

Autre grave blessure handicapante pour le club de la capitale, celle de Jérôme ROTHEN. Arraché à Monaco pour 10 millions d'euros, le milieu de terrain international n'a pas pu apporter son talent et sa hargne, puisque deux blessures successives face à Chelsea (15 septembre) et Porto (19 octobre) l'ont éloigné des terrains jusqu'au match face à Bastia il y a quelques semaines. Mais Rothen est surmotivé pour cette fin de saison et surtout pour la prochaine, afin de redonner au club de son coeur l'aura qu'il mérite.

Arrivé le 31 août, Charles-Edouard CORIDON a été la cible des supporters du PSG lors de ses premiers matchs, puisqu'il représentait selon eux le manque d'ambition de Francis Graille. Mais son but acrobatique face au FC Porto (2-0) a changé la donne. Rien d'exceptionnel cependant, Coridon ne trouvant pas sa vraie place dans le système de Vahid. Il a d'ailleurs perdu sa place de titulaire depuis l'arrivée de Fournier aux commandes de l'équipe première.

Contrairement à la plupart de ses partenaires, dont on attendait plus que ce qu'ils ont montré, Fabrice PANCRATE a été une bonne surprise. Sur le côté droit du milieu de terrain, il a apporté sa vivacité, sa technique et sa rapidité, devenant même le deuxième meilleur buteur de son équipe (5 buts en L1 et 1 en Ligue des Champions). S'il a baissé de régime depuis la reprise en janvier, Pancrate peut toujours être une alternative intéressante pour son coach.

Revenu en grâce depuis l'arrivée de Fournier, Selim BENACHOUR a joué un rôle primordial dans la qualification du PSG face à Bordeaux en Coupe de France. Apprécié des supporters pour son attachement au club, le Tunisien n'a pas confirmé cette belle prestation, mais sa vision du jeu devrait faire beaucoup de bien à l'équipe dès qu'il aura retrouvé de la confiance, et le rythme de la compétition.

Branko BOSKOVIC, lui, ne parvient toujours pas à s'imposer. Hormis son doublé à Marseille en Coupe de la Ligue, le Serbo-Monténégrin a été transparent, et est justement condamné à jouer avec la CFA. Un départ semble plus que probable en fin de saison.

Constat inverse pour Felipe TEIXEIRA. Entré dans le groupe à l'occasion du 32e de finale de Coupe de France à Langueux, le Portugais a marqué un but et gagné sa place. Depuis, il est apparu à 7 reprises en championnat. Teixeira tente beaucoup, réussi peu, mais sa combativité plaît, et Fournier continue à faire appel à lui, même depuis le retour de Rothen.

Une attaque décevante

Pedro PAULETA est toujours ce renard des surfaces qui peut marquer à tout moment. Mais à bientôt 32 ans, il peut aussi manquer l'immanquable, comme face à Toulouse en janvier, sans compter ses penalties manqués. Mais avec ses 12 buts en championnat, il reste tout de même indispensable à son équipe. D'autant qu'il fait preuve d'une combativité et d'un état d'esprit remarquables pour quelqu'un qui touche si peu de ballons.

Attaquant le plus souvent associé à Pauleta, REINALDO est rarement exceptionnel, mais rarement très mauvais. Il provoque, dribble, passe, tente des enchaînements, même si le taux de réussite est plutôt faible. Auteur de 3 buts en L1 agrémentés de plusieurs passes décisives, le Brésilien avait la confiance de Vahid et a désormais celle de Fournier. Mais faute de mieux bien entendu !

Mis au placard par l'entraîneur bosniaque, Danijel LJUBOJA a légitimement retrouvé sa place dans le groupe avec le changement de coach. Mais hormis son but en Coupe de France à Langueux, l'attaquant serbo-monténégrin n'a plus marqué depuis un an ! Un manque de confiance qu'il n'arrive pas à vaincre. Car le Ljuboja de cette saison ne ressemble vraiment pas à celui arrivé au PSG il y a un peu plus d'un an. C'est une lourde déception. Espérons que la fin de saison lui redonne confiance en vue de l'année prochaine.

Bourreau du PSG en C1, Serguei Semak a du mal à se mettre le public parisien dans la poche. Tantôt titulaire, tantôt remplaçant, l'attaquant russe possède une technique intéressante, mais son apparente polyvalence semble lui poser problème puisqu'il est trimbalé de droite à gauche en passant par le centre au milieu de terrain. On a encore donc rien vu, il faut attendre, mais serait-ce un nouveau recrutement râté ?

Un staff prêt pour le renouvellement

On ne peut pas dire que Francis Graille vive une saison pleine de joies. Le président du PSG a pourtant parfaitement redressé la situation économique du club, désastreuse il y a moins de deux ans. Mais sa politique sur la sécurité a déclenché l'hystérie des supporters, qui n'ont pas apprécié de ne plus pouvoir accéder à leurs locaux du Parc des Princes et surtout de devoir présenter leur carte d'identité pour les matchs à l'extérieur. Ainsi, depuis décembre dernier, les seuls chants présents au Parc étaient pour la démission de Graille et de Jean-Pierre Larrue, directeur de la sécurité. Dur, sans compter les résultats désastreux de l'équipe qui l'ont amené à se séparer de son ami Vahid Halilhodzic en février dernier. Autre préoccupation du président parisien, son entrée dans le capital du club en compagnie d'Alain Cayzac. Si on parlait encore en début d'année de 35% des parts détenues par Canal +, Bertrand Méheut, le directeur de la chaîne cryptée, s'est dit prêt il y a quelques semaines à céder la totalité des parts au duo Graille-Cayzac. A condition de régler le « problème » avec les supporters. Une charte a donc été créée, et était sur le point d'être signée avec les associations de supporters, mais au dernier moment, un contretemps (venant des indépendants ?) a empêché cette signature. C'est donc une saison à oublier, ou plutôt à méditer pour Francis Graille, dont la politique à long terme peut être intéressante. En tout cas, il a à priori traversé le plus dur, et sortira sans doute plus fort et plus sûr de ses objectifs après ces accrocs.

Après avoir limogé Vahid Halilhodzic, Francis Graille semble avoir trouvé en Laurent Fournier l'homme de la situation pour redresser une équipe moribonde et complètement démotivée. Par sa détermination à mener à bien sa « mission » , Fournier a su redonner du plaisir à ses joueurs à l'entraînement et est peut-être sur le point de refaire du PSG une équipe solide et solidaire. Seul point noir, ce match catastrophe à Ajaccio où les joueurs avaient lâché prise avant même le coup d'envoi. Son coup de gueule après cette défaite a néanmoins porté ses fruits, puisque Paris a battu Auxerre dimanche (1-0). Il faudra donc confirmer ces progrès jusqu'à la fin de la saison, et pourquoi pas accrocher une place dans les six premiers, le PSG ne pointant qu'à 4 points de la cinquième place occupée par … Auxerre. De nouveaux jeunes joueurs (Haddad, Kantari) devraient faire leur apparition lors des rencontres à venir et insuffler un nouveau souffle à l'équipe. Fournier sait également que sa mission s'arrêtera en juin, et l'accepte sans arrière pensée. Mais il espère sans doute donner à son successeur une qualification européenne inespérée mais pourtant encore accessible.

Le troisième homme fort du PSG est incontestablement Alain Roche. Chargé du recrutement sous l'ère Halilhodzic, l'ancien défenseur du club est devenu directeur sportif, et contient désormais toutes les clés dans ce domaine. Il aura donc son mot à dire sur le recrutement l'été prochain. Mais tout risque de changer dans quelques mois avec l'arrivée d'un nouveau coach. Certes, il ne s'occupera que du terrain, contrairement à Luis Fernandez et Vahid Halilhodzic, mais le staff actuel (Dominique Leclerc, entraîneur adjoint, Cyril Moine, Boubacar Saar…) pourrait une nouvelle fois être chamboulé. Que ce soit Guy Lacombe, Paul Le Guen ou un autre, il faudra encore une fois tout reprendre à zéro. Comme d'habitude à Paris…

Létizi, Yepes, M'Bami, Cana et Pauleta sont les seuls joueurs qui ont surnagé cette saison. Les autres ont plutôt été dans le rouge, et n'ont pas apporté ce qu'on attendait d'eux. Cette saison ne procurera donc pas de bons souvenirs aux supporters parisiens, si ce n'est ces deux victoires face à l'OM en octobre dernier. Ca tombe bien, Paris descend à Marseille dans moins de deux semaines…

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