En
acceptant de devenir "directeur technique", autrement dit entraîneur,
de l'AS Monaco, l'ancien capitaine de l'équipe de France, Didier
Deschamps, met fin à une carrière exceptionnelle, que ne
ternira pas une triste dernière saison à Valence. Il s'offre
également un sacré défi : redonner des couleurs à
un club moribond.
La fin d'une
carrière exceptionnelle
"J'ai toujours
dit que le jour où je n'aurais plus envie, plus de plaisir à
aller à l'entraînement, j'arrêterai. Et ce jour est
arrivé. Ce n'est pas la peine de continuer pour continuer. Je sors
d'une année très difficile, au cours de laquelle j'ai été
souvent blessé, j'ai senti peu à peu que mon corps souffrait,
que j'arrivais à la limite. Cette décision de raccrocher
les crampons, je l'aurais prise quelles que soient les opportunités.
Cette saison à Valence aura été assez difficile à
vivre, j'étais venu avec beaucoup d'espoirs et ça ne s'est
pas passé comme je l'avais souhaité." Il y a comme du
désanchentement dans les explications de Didier Deschamps, que l'entraîneur
argentin Hector Cuper aura négligé, dans le secteur défensif
de l'entrejeu, au profit de jeunes pousses espagnoles comme Ruben Baraja.
Mais cette issue un peu morne ne doit pas faire oublier que ce joueur,
désormais âgé de 32 ans, a un palmarès hors
du commun.
Qu'un individu
tellement dévoué au collectif ait récolté tant
d'honneurs peut sembler paradoxal, mais c'est ainsi que le football récompense
ses plus fidèles serviteurs. Formé à Nantes (1983/9),
Deschamps a ensuite parcouru l'Europe, la France d'abord, à Marseille
(1989/90 et 1991/4) et Bordeaux (1990/1), puis l'Italie à la Juventus
de Turin (1994/9), l'Angleterre à Chelsea (1999/2000) et dernièrement
l'Espagne à Valence (2000/1). Il a remporté en club deux
championnats de France (1990, 1992), trois championnats d'Italie (1995,
1997, 1998), une Coupe d'Italie (1995), une Coupe d'Angleterre (2000),
deux Ligues des Champions (1993, 1996) et une Coupe Intercontinentale (1996).
Il a également eu son lot de trophées-gadgets avec deux Supercoupes
d'Italie (1995, 1997) et une Supercoupe d'Europe (1996).
Mais Deschamps,
s'il reste le premier joueur français à avoir brandi une
coupe européenne sous le maillot d'un club français, sera
avant tout le Français qui le premier a pu toucher en vainqueur
la Coupe du Monde, en 1998. Il a également guidé l'équipe
de France en 2000, pour sa dernière grande compétition internationale,
l'Euro, remporté par les Bleus. Au total, il compte cent trois sélections,
un record national, dont cinq-six capitanats, autre record français.
C'est une page de l'histoire du football tricolore qui se tourne ainsi.
Une mission
délicate
Leader sur
le terrain, Deschamps était destiné à prendre une
fonction dirigeante après sa carrière de joueur professionnel.
L'AS Monaco, qui sort d'une saison noire après un titre de champion
de France on ne peut plus mal géré, sera donc sa première
expérience. Ne disposant pas des diplômes nécessaires,
"Dédé la Science" n'aura pas le titre d'entraîneur,
mais celui de "directeur technique", initialement pour quatre ans, ce qui
"englobe
tout l'aspect technique de l'AS Monaco : entraînement de l'équipe
première, recrutement en collaboration avec le président
Campora, responsabilités sur l'organigramme du club."
Deschamps ne
viendra pas seul : "Pour l'entraînement, je serai entouré
de deux Italiens : MM. Pezzotti, qui était l'entraîneur adjoint
de Lippi à la Juve et occupera cette fonction à mes côtés,
et Pintus pour la préparation physique." Les liens que s'est
tissé le joueur dans sa carrière jouent donc un rôle
essentiel dans cette esquisse de staff technique : Narciso Pezzotti était
à la Juventus de Turin, Antonio Pintus à Chelsea. Deux Italiens
sur le Rocher, ça ne bouleversera pas la Principauté, même
si l'avenir de Jean Petit au sein de l'équipe dirigeante est désormais
en question. Il semblerait par contre que Jean-Luc Ettori, qui a tout de
même contribué au perfectionnement d'un Fabien Barthez, conserve
son poste d'entraîneur des gardiens.
L'ancien capitaine
des Bleus aurait déjà une cible de recrutement privilégiée,
le milieu de terrain argentin de l'OM, Lucas Bernardi. Peut-être
arrivera-t-il à convaincre son ancien président Bernard Tapie
de le lui céder, voire de réduire un prix estimé à
60 MF ? Deschamps est en tout cas content de rentrer au pays : "Après
sept ans passés à l'étranger, je suis très
content de rentrer en France, ma famille aussi. Un nouveau challenge se
présente à moi, je sais qu'il sera difficile et passionnant,
mais c'est sans regret aucun que je tourne cette page."
Au-delà
de la réussite d'un club, on ne peut que souhaiter tout le succès
possible à Didier Deschamps dans ses nouvelles attributions, attendu
qu'un jour, très certainement, il présidera aux destinées
de la sélection tricolore.
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à cet article - Par Yann Peltier
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