Amère désillusion pour le PSG, qui a vécu un cauchemar en Gironde. Les Bordelais s'imposent largement, à l'issue d'un match de très bonne tenue (3-0). Les Parisiens semblaient perdus sur le terrain, inconsistants. Ramé intercepte deux penalties et condamne les rêves de gloire du PSG. A moins d'un miracle corse !

Les enjeux de la rencontre :

A quitte ou double ! Les Parisiens se déplacent en Gironde, dans le cadre de la 36e journée. Si les dirigeants et entraîneurs lyonnais relancent la polémique du calendrier et les faveurs accordées aux Monégasques, ni Graille ni Halilhodzic ne se plaignent de disputer leur rencontre avant les Gones. Une observation qui se veut valable pour la troisième journée consécutive. Preuve s'il en fallait encore une, que le PSG a déjà atteint ses objectifs et ne se met aucune pression sur les épaules. Attention cependant, une défaite contre les Girondins signifierait l'adieu au titre. Personne ne doute que les Lyonnais partent largement favoris contre Bastia à domicile. Il en sera de même contre Lille, lors de l'ultime journée. Un écart de six points apparaîtrait insurmontable. Le PSG compte assurer le suspens jusqu'au bout. Les supporters attendent la dite finale contre Lyon, samedi prochain. Il convient de ne pas décevoir. Encore conviendra t-il de contrer les velléités des Bordelais. Ceux-ci se réjouissent de ce match de gala. Fabrice Fiorèse se montre extrêmement réaliste. «Tout reste encore possible, à condition de réaliser un sans-faute. Si nous ne gagnons pas à Bordeaux, ce sera fini pour le titre.» Pour autant, le milieu de terrain parisien n'oublie pas qu'une troisième place en Championnat serait simplement synonyme d'un tour préliminaire en Ligue des Champions «Notre saison sera parfaite si nous pouvons éviter le tour préliminaire. Nous irons à Bordeaux pour gagner et préparer la rencontre face à Lyon de la meilleure façon. Nous avons les jambes pour finir forts. Comme Lyon devrait battre Bastia, tout autre résultat qu'une victoire offrirait le titre à Lyon.» Il reste à ne pas oublier les Monégasques, à l'affût.

Du coté des équipes, Pauleta retrouve le Stade Chaban-Delmas. Un lieu qui ne réussit pas aux Parisiens. Les joueurs de la Capitale ne s'y sont pas imposés depuis des lustres. La dernière victoire remonte à 88. Du coté des supporters, on se souvient même que Paris avait "offert" le titre aux Girondins, en s'inclinant sur sa pelouse en 99. Halilhodzic se voit privé de Sorin, l'argentin animateur très véloce et suspendu, ainsi que de Pierre-Fanfan en défense. Du coup, Boskovic retrouve une place de titulaire, tout comme El-Karkouri. Cana et Mendy reviennent également. Paris décide de jouer en 4-2-3-1, avec Pauleta seul en pointe. Ljuboja est placé sur le banc et remplacé par Reinaldo. Le Brésilien sera en soutien dans l'axe, aux cotés de Fiorèse à droite et de Boskovic à gauche. Le reste se veut plus traditionnel.

A Bordeaux, Pavon n'a pas prévu un véritable plan anti-Pauleta pour son retour. Mais Costa est finalement aligné. Planus, lui, a été suspendu pour une exclusion contre Lille. Caneira occupera l'axe de la défense, avec à ses cotés Jemmali, Alicarte et Jurietti. A l'avant, on retrouvera Feindouno et Chamakh. Bordeaux aligne une formation qui souhaite apporter du rythme, de l'intensité et beaucoup d'animation dans le jeu. Les Girondins retrouvent un visage offensif de grand club, pour cette affiche d'une telle importance. Les supporters ne s'y trompent pas. Lyon pouvait y perdre beaucoup. Paris se méfie.

Les temps forts :

- L'entame de match se veut bordelaise, comme on pouvait s'y attendre. Alonzo doit se saisir du ballon sur une tentative de lob de Feindouno (6').

- Paris tente d'échapper au pressing girondin. Sur l'aile droite, Fiorèse ajuste un bon centre pour Reinaldo. Le Brésilien remise aussitôt pour Pauleta dans la surface. Quasiment seul devant les buts, la reprise du portugais s'en va frôler le poteau droit (9').

- Le temps passe rapidement et les deux équipes se neutralisent, lorsque survient l'ouverture du score girondine. Centre au second poteau de Jurietti qui trouve Feindouno. Ce dernier ajuste une parfaite reprise de volée, sur laquelle Alonzo ne peut rien (1-0, 21'). Le stade Chaban-Delmas se lève de satisfaction.

- Bordeaux crée la sensation et mène logiquement sur sa pelouse. Paris a du mal à développer son jeu, trop statique et passe près du KO. Costa frappe en force, suite à une passe judicieuse de Chamakh. Le ballon frôle la lucarne gauche du PSG (22').

- Les Girondins se régalent et alors que l'on approche tout doucement de la pause, Feindouno opte pour sa seconde tentative de lob de la soirée. Alonzo, pris au dépourvu, constate avec joie que celle-ci n'est pas suffisamment cadrée et frôle sa transversale (43').

- Premier coup de théâtre de la soirée. Le PSG obtient l'occasion idéale pour se relancer, avec un penalty consécutif à une faute de Jemmali sur Reinaldo. Frayeur pour les supporters girondins et stupeur pour les Parisiens derrière leur écran (NDLR : on rappelle qu'ils ont été interdits de déplacements, suite aux incidents à Strasbourg). Ramé, bien inspiré, capte la tentative de capitaine Déhu (45').

- Bordeaux reprend de la plus prestigieuse des manières, en venant inscrire le but du break. Francia ouvre parfaitement à destination de Feindouno. Ce dernier contrôle le ballon et frappe dans la foulée au ras du poteau gauche. Alonzo ne peut strictement pas intervenir (2-0, 49').

- Halilhodzic procède à quelques aménagements, avec la rentrée de Ljuboja. Il n'ya pas de temps à perdre car les Girondins dominent et ses hommes semblent en proie au doute.

- Le PSG laisse filer ses minces espoirs de titre et par là même la finale tant attendue contre Lyon de samedi prochain. Pourtant, l'arbitre accorde un nouveau penalty. Cela s'engueule entre Reinaldo et Ljuboja. Le Brésilien le frappe en force. Incroyable mais vrai ! Ramé écarte le danger pour la seconde fois de la soirée. Le portier bordelais se montre impérial dans ses cages. Les attaquants du PSG sont furieux les uns envers les autres. Inconcevable !

- Le PSG, si solide psychologiquement et mentalement cette saison, ne parvient plus du tout à s'organiser et perd son football. Les Girondins en profitent et viennent inscrire un troisième but. Suite à un coup franc de Francia, Déhu écarte provisoirement le danger. Jemmali récupère et trouve Chamakh qui marque en force (3-0, 74'). Chaban-Delmas ovationne son équipe.

- Paris manque de sauver l'honneur, lorsque Pauleta se retrouve devant les buts vides, en évitant la sortie de Ramé. Le Portugais manque le cadre (79').

- Bordeaux achève sereinement la partie, enfonçant encore un peu plus le PSG dans sa désillusion. Les Parisiens ne courent plus après le ballon et commettent des fautes inutiles. Bordeaux s'impose et Lyon voit en grand s'entrouvrir les portes du titre. Seul Monaco reste en course pour l'accession au titre suprême.

La prestation de Bordeaux :

Les Girondins avaient annoncé la couleur. En aucun cas, ils ne prendraient les rencontres contre les trois premiers du classement à la légère. S'ils n'ont plus rien à espérer du Championnat et disputent des matches de gala devant leurs supporters, ils veulent développer le jeu, séduire et inscrire les trois points de la victoire. Devant une équipe aussi solide mentalement et très en jambes que le PSG, ils s'attendaient à une sacré résistance. L'absence de Planus ou la blessure de Darcheville n'avaient pas de quoi rassurer entièrement. La présence de nombreux jeunes volontaires se veut annonciatrice d'une génération montante au sein du club. Ces derniers, forts de quelques renforts d'expérience, se voulaient les ingrédients réunis pour ce sommet. Lyon avait failli subir les conséquences de cet enthousiasme. Le PSG a complètement sombré. Jamais, ils n'ont réussi à contrer la superbe organisation tactique bordelaise et une circulation du ballon efficace. Cela a provoqué la mésentente et l'énervement au sein de la formation parisienne. Bordeaux a tiré de la plus brillante des manières son épingle du jeu.

Deux penalties arrêtés et Ramé se retrouve propulsé héros de ce match. Sans ses interventions, le sort de la rencontre n'aurait pas été scellé entièrement. Le PSG aurait cherché à réagir et à maintenir un semblant de pression. Mais la charnière défensive autour de Caneira, de Jemmali et malgré l'absence de Planus, s'est montrée incroyablement remarquable de solidité. Cela mérite d'être souligner. De ce grand Bordeaux, on ne peut évincer la prestation sans failles de Feindouno qui a retrouvé là son meilleur niveau de jeu. Surtout, il s'offre le luxe d'un doublé amplement justifié. Quant au jeune Chamakh, intraitable, il a parfaitement su exploiter les ballons qu'on lui servait sur un plateau. Il termine la rencontre avec un but en prime. Les Bordelais peuvent plus que se satisfaire de cette victoire nette et sans bavure. Voilà longtemps qu'une équipe n'avait pas troublé autant la sérénité parisienne en défense. Lorsque l'on songe que Bordeaux accueillera lors de l'ultime journée l'AS Monaco, peut-être pour l'obtention du titre, on s'en lèche les babines d'avance. Et ce, même si pour des raisons de finale européenne, Lyon connaîtra déjà le sort qui lui sera réservé. A Monaco de ne pas avoir de trop la tête dans les nuages de Gelsenkirchen !

La prestation du PSG :

Catastrophique ! Le mot résonne très fort aux oreilles des supporters parisiens. J'en conçoit, mais pourrait-il en être autrement, après une telle désillusion ? Combien auront-ils été à se prendre la tête entre les mains derrière leur téléviseur ou à l'écoute de leur radio ? Certainement bien plus nombreux qu'on se l'imagine et pas uniquement les supporters de la Capitale. Contre Bordeaux, Paris n'a pas fait que perdre sa sérénité en défense, sa solidité collective ou encore son réalisme offensif et surtout sa patience. L'acquisition minimum du tour préliminaire de la ligue des Champions s'annonçait une raison d'éviter toute pression inutile. L'éventualité probante d'un titre de Champion de France et de la finale de samedi a entaché la fluidité du jeu à la parisienne. Retombant dans certains travers du début de saison, le PSG a perdu les pédales devant une équipe bordelaise extraordinaire dans le développement de son jeu. Celle-ci a su semer, puis accroître le doute des coéquipiers de Déhu. L'image la plus révélatrice de cet état d'esprit, reste les deux penalties manqués. Derrière, Bordeaux a inscrit rapidement un but. De quoi annihiler toutes les meilleures volontés du monde. Cela se veut bien dommage, en vue d'une fabuleuse finale samedi soir au Parc des Princes, rendue hypothétique. La déception parait si immense que rien ou presque ne pourra consoler les supporters, sauf une revanche contre Lyon, pour oublier ce faux pas intervenu au plus mauvais moment.

L'absence de Sorin pour animer le jeu, n'a certainement pas été pour rien dans cette cruelle et amère désillusion. Pour autant, Bordeaux reste une bête noire du PSG à l'extérieur, avec aucune victoire depuis des années. Par révolte, certains se poseront la question de savoir si Pauleta n'a pas "trahi" (n'y voir bien entendu qu'une image) le PSG lors de cette rencontre ? Le Portugais a manqué d'ouvrir le score dans les premières minutes, alors que le chemin des buts lui était largement ouvert. Il provoque pourtant le second penalty. La discussion de ses deux coéquipiers en trouble la sérénité de Reinaldo. Le portugais, qui restait sous le charme des dernières années passés ici en Gironde, a taché de se livrer au maximum. Sa réussite lui a fui, tout simplement. L'amertume se veut bien logique pour les supporters, mais comment en vouloir à un joueur d'une si grande classe et qui apporte tant à son groupe ? Car il n'y a pas que le Portugais qui a manqué sa rencontre. Reinaldo a manqué le second penalty et n'avait plus la volonté de courir sur les ballons ensuite. Ljuboja n'a pas su apporter plus sa vigueur habituelle et semblait nerveux. Boskovic a été trop juste. Benachour, malgré sa volonté et sa motivation, n'a pu transcender ses coéquipiers. M'Bami n'a pu sauver les apparences. Déhu a voulu montré l'exemple. Mais après son premier échec, il a lui aussi accusé le coup. Heinze n'a pas fait exception à la règle et Alonzo encaisse trois buts d'un coup. Il n'avait connu cela depuis bien longtemps. Il y a des soirées comme cela où rien ne réussit. Le PSG a peut-être inconsciemment trop décompressé, depuis la certitude de terminer sur le podium. Un blâme et on n'en parle plus, sauf dans les vestiaires du PSG !

Les réactions d'après match:

Vahid Halilhodzic (Entraîneur du PSG) : «C'est une victoire amplement méritée pour Bordeaux. Le PSG est passé à coté de son match. C'est un jour sans, une véritable désillusion difficilement explicable. Les choses auraient été différentes si nous avions égalisé à la mi-temps. Bordeaux sait très bien jouer contres les grosses équipes. Paris a manqué d'envie. Nous avons subi techniquement et tactiquement et nous devrons en discuter avec les joueurs, avant la venue de Lyon devant notre public.»

Michel Pavon (Entraîneur de Bordeaux) : «Il n'y a pas eu photo et nous avons eu beaucoup de réussite. L'équipe qui a gagné est celle qui a produit le meilleur football. Lyon avait su se monter plus patient que Paris.»

Ramé (Gardien de Bordeaux) : «On a fait un bon match du début à la fin. Les deux penalties arrêtés sont une péripétie de la rencontre qui ont permis à l'équipe de gagner.»

Conclusion :

Le PSG a vu s'envoler son rêve de gloire au fil des minutes. Noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir ou si mince ! Les Parisiens étaient venus la jouer à quitte ou double. Ils ont logiquement perdus. Ils s'inclinent dans la douleur et sans la manière. Qu'à cela ne tienne, ils auront certainement à coeur de prouver samedi soir que ce n'était là qu'un accident de parcours. Ils désireront marquer un ultime grand coup dans ce Championnat, en s'imposant contre Lyon... futur champion ? On imagine mal les Corses s'imposer à Gerland. Ce serait trop beau pour le suspens. Mais souvenons nous bien ce que nous avions toujours dit depuis l'entame de la saison. Paris aurait du mal à terminer mieux que troisième, simplement déjà à cause d'un calendrier plus délicat à négocier en fin de parcours. La Ligue des Champions serait déjà une bien belle récompense. Elle se présente aux Parisiens et offre de nouvelles perspectives de grand spectacle à domicile l'an prochain. Quant aux Monégasques, on n'ignore pas qu'ils se déplacent en Alsace, avec la plupart des titulaires laissés au repos. Le sort du Championnat pourrait donc se sceller plutôt que prévu. A ce soir pour toutes les autres rencontres et retrouver le résumé de la victoire auxerroise à Lens (1-3).

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Bordeaux 3-0 PSG (1-0)
Stade Jacques Chaban-Delmas / Spectateurs : 31 000 environ
Arbitre : M. Poulat
Buts : Feindouno (21' et 50'), Chamakh
Avertissements : Caneira (58') / Cana (71'), Benachour (79')

Les équipes :

Bordeaux : Ramé (cap), Jemmali, Caneira, Alicarte, Jurietti, Francia (Costa, 87'), Costa, Celades, Riera, Feindouno (Franco, 83'), Chamakh (Mavuba, 78')

PSG : Alonzo, Mendy, El-Karkouri, Déhu, Heinze, Fiorèse (Benachour, 78' ), M'Bami (Rocchi, 57'), Cana, Boskovic (Ljuboja, 57'), Reinaldo, Pauleta