La défense est un chantier relativement tranquille pour Santini. Trois champions du monde 98 Thuram, Desailly et Lizarazu sont encore les meilleurs à leur poste. Reste donc une seule place à prendre. Les candidats à la liste des 23 sont quant à eux bien identifiés, et là aussi, les places sont rares.

Les candidats à une place dans les 23.

Jacques Santini a depuis sa prise de fonction appelé treize défenseurs et ils sont quatorze à figurer sur l'officieuse liste de trente-cinq. Seuls sept ou huit d'entre eux seront du voyage au Portugal. Tentons d'évaluer leurs chances respectives.

Squillaci et Armand ont été appelés une fois par Santini, sans toutefois jouer. Leur retard semble trop important à combler dans les quelques mois qui restent. Sauf blessure, ils ne figureront pas sur la liste des 23. Evra, qui n'a jamais été du groupe mais qui est suivi par le sélectionneur, est dans la même position d'attente. Une seule fois titulaire sous l'ère Santini (contre la Yougoslavie, 3-0 en novembre 2002 ; il était sorti sur blessure au quart d'heure de jeu), Jérémie Bréchet n'a guère de chance de participer à l'Euro. Il n'a pas été rappelé depuis et son faible temps de jeu à l'Inter de Milan empêche Santini de le revoir. Christanval a été deux fois aligné par le sélectionneur français. Contre la Tunisie en août 2002 pour un match nul 1-1, puis à Chypre le mois suivant (victoire 2-1), il a deux fois raté son match. Depuis, il n'a pas joué à Barcelone et reste très loin de son niveau à l'OM. Il ne lui reste que peu de temps pour se montrer à nouveau. Comme Bréchet, ses chances de participer à la compétition sont négligeables. Réveillère a été titularisé une fois, contre Israël en octobre 2003. Sur ses seules statistiques, les chances du Lyonnais seraient maigres, mais il présente la particularité de pouvoir jouer à droite comme à gauche. Une spécificité qui pourrait lui servir si Jacques Santini décidait d'emmener huit défenseurs à l'Euro. Mexès a débuté deux matchs en équipe de France, pendant la Coupe des Confédérations. Il collectionne depuis les bouts de matchs. Pas assez pour vraiment l'évaluer.

Son coéquipier Boumsong compte le même nombre de sélections, mais sa dernière sélection est plus récente et a laissé un bon souvenir puisqu'à l'automne dernier, il a marqué contre Israël. Sa maturité fait qu'il devrait être préféré à son collègue bourguignon pour la dernière place en défense axiale. Sagnol est, au poste d'arrière droit, le numéro deux indiscutable. Il est sous-utilisé en équipe de France, puisqu'il n'a été titularisé qu'à quatre reprises par Santini, et jamais aligné pendant la Coupe du Monde. Le Munichois ne se plaint pourtant pas et sera au Portugal à coup sûr. Lemerre avait fait de Silvestre le numéro trois en défense centrale, derrière Leboeuf et Desailly. Santini l'a d'abord utilisé à gauche quand Lizarazu s'est blessé (six titularisations à gauche), puis dans l'axe (sept fois titulaires). A Manchester, il joue dans l'axe et compte avec les Bleus quatre titularisations dans l'axe lors des six dernières rencontres. A ce poste, Silvestre semble être devenu numéro un bis. Gallas possède également toutes les chances de partir au Portugal. Santini l'a rapidement associé à Desailly chez les Bleus. Une blessure et le repositionnement de Silvestre l'ont un peu écarté, mais il compte quand même onze titularisations lors des dix-huit derniers matchs. Il est l'autre numéro un bis.
Lizarazu, de même que Sagnol, est un spécialiste du poste d'arrière latéral. Celui qui a été désigné meilleur défenseur de la Bundesliga jouera au Portugal sa dernière compétition internationale. Sa hargne, ses courses côté gauche où il combine les yeux fermés avec Zidane en font l'indispensable arrière gauche de la défense. Dans l'axe ou sur le côté droit, Thuram sera à l'Euro. En vrai cadre, il a joué seize des dix-neuf derniers matchs des Bleus. De même, le capitaine Desailly ne peut pas manquer l'Euro. Ces trois rescapés de la Coupe du Monde 98 comptent presque 300 sélections, le plus souvent ensemble.

Pour sept ou huit places disponibles, on a donc six joueurs certains d'être à l'Euro : Desailly, Lizarazu, Thuram, Sagnol, Silvestre et Gallas. Boumsong occupera vraisemblablement la septième, mais n'ambitionne pas de débuter les rencontres. Mexès et Réveillère se battront quant à eux à égalité pour l'hypothétique huitième. Squillaci ou Evra sont des recours possibles, alors que Bréchet ou Christanval semblent hors course.

Une seule place

Il ne fait aucun doute que Lizarazu et Desailly débuteront encore les rencontres pour leur quatrième et dernière compétition majeure. Il n'y a donc qu'une place vacante, qui dépend de la position qu'occupera Thuram, autre titulaire certain. Or il semble y avoir à ce sujet accord entre les parties. Pour Thuram, candidat de longue date à une place dans l'axe, et titulaire à ce poste lors des trois derniers matchs de l'équipe de France (trois victoires contre Israël 3-0, en Allemagne 3-0 et en Belgique 2-0), sa place chez les Bleus est à droite et ces changements de poste ont surtout «permis au coach de voir différents joueurs à différentes place avec différentes associations. Mais les choses sont claires. Pour l'instant, je joue côté droit en équipe de France» . Santini, après Belgique – France, accrédite la thèse du statu quo et justifie les expérimentations par la nécessité de savoir faire face aux «situations imprévues» . Titularisé à treize reprises le long de la touche par le sélectionneur (vainqueur douze fois), le Turinois devrait donc continuer à droite, où ses perforations le long de la touche seront préférées aux centres de Sagnol.

Le vrai duel se joue donc à l'ombre de Desailly. Qui d'entre William Gallas et Mickael Silvestre pour le seconder ? Le second dirige la charnière centrale de Manchester Utd et possède un bilan impressionnant en équipe de France : vingt-sept sélections, vingt-deux victoires pour seulement trois défaites. En revanche, il présente le désavantage apparent de préférer, comme Desailly, l'axe gauche de la défense. Le second a pour lui sa complémentarité avec le capitaine des Bleus, qu'il côtoie tous les jours à Chelsea. Silvestre débute sous les ordres de Santini comme arrière gauche titulaire alors que Lizarazu était blessé à l'automne 2002. Il assure l'intérim pendant trois matchs : Chypre – France (1-2), France- Slovénie (5-0) et Malte – France (0-4). Au printemps de l'année suivante, il pallie dans l'axe (associé à Gallas) l'absence de Desailly pour deux victoires contre Malte (6-0) et à Palerme contre Israël (2-1). Il est numéro deux à gauche derrière Lizarazu pendant la Coupe des Confédérations, ajoute deux victoires à son palmarès (sur le Japon, 2-1, et la Turquie, 3-2). Santini, à l'automne dernier, apprécie cette polyvalence, mais souligne que «ce serait une autre histoire pendant l'Euro si Mika faisait toute sa saison en club dans l'axe» . Or s'il peut rendre service à gauche, comme a voulu le vérifier le sélectionneur durant la rencontre contre la Belgique, Silvestre s'est bien révélé le patron dans l'axe à Manchester. De fait, titularisé dans l'axe durant tout l'automne dernier, Silvestre collectionne de nouveau les victoires. Il a montré qu'il pouvait évoluer aux côtés de Desailly (Suisse - France 0-2, France - Chypre 5-0 et Slovénie – France 0-2), comme de Thuram (Allemagne - France 0-3).

La trajectoire de Gallas chez les Bleus de Santini est presque inverse. Il est rapidement choisi par Santini pour évoluer à la place de Leboeuf et débute contre la Slovénie (victoire 5-0) à l'automne 2002. L'ancien Marseillais est ensuite un titulaire indiscutable pour l'entraîneur français qui, de l'automne 2002 à la Coupe des Confédérations, le fait débuter dix fois sur douze possibles. D'abord associé à Desailly pour les premiers matchs des éliminatoires de l'Euro, il compose ensuite la charnière centrale avec Silvestre pendant deux rencontres au printemps 2003. Gallas manque ensuite quatre matchs de l'automne 2003 sur blessure. La porte est ouverte pour Silvestre qui s'impose. Gallas retrouve ensuite le groupe et rentre comme arrière droit en cours de match contre l'Allemagne, poste auquel il est titularisé contre la Belgique.

Le rapport de force semble donc en faveur de Silvestre. Plus expérimenté chez les Bleus (vingt-sept sélections contre onze pour Gallas), plus expérimenté en club, le Mancunien fait figure de porte-bonheur de l'équipe de France car les Bleus n'ont perdu que trois matchs parmi ceux que Silvestre a commencés. Gallas qui n'est pas toujours titulaire cette saison (quinze fois titulaire en championnat contre vingt-deux pour Silvestre) a un peu de retard en équipe de France. A n'en pas douter, ces deux-là joueront bientôt ensemble chez les Bleus. Dans l'immédiat, il faut choisir et Silvestre a l'avantage.

Aux côtés des champions du monde 98 Thuram, Lizarazu et Desailly, seul Silvestre semble donc avoir fait son trou. Ils devraient reconduire une défense déjà alignée trois fois par le sélectionneur national pour autant de victoires (Suisse – France 0-2, France – Chypre 5-0 et Slovénie – France 0-2). Sagnol, Gallas, et Boumsong devraient les accompagner, alors que Mexès et Réveillère postulent pour une éventuelle huitième place.