Angleterre : Tuchel, le déménageur

Première et unique nation européenne qualifiée pour la Coupe du monde 2026 après la trêve d'octobre, l'Angleterre avance désormais au rythme de Thomas Tuchel. En un peu moins d'un an, le sélectionneur allemand a redessiné le visage d'une équipe longtemps prisonnière de sa prudence.

Thomas Tuchel prend ses aises en Angleterre.

Accueilli dans la défiance, Thomas Tuchel a rapidement fait taire les sceptiques. Décrié par le Daily Mail dès sa nomination et moqué par Harry Redknapp pour ses origines allemandes, le sélectionneur des Three Lions s'est imposé à la force du caractère.

En un peu moins d'un an, l'ancien entraîneur du Paris Saint-Germain et du Bayern Munich a transformé une sélection trop prudente en équipe conquérante, au prix d'un management sans filtre.

Des choix assumés, un message clair

La gestion de Jude Bellingham symbolise cette méthode. Opéré de l'épaule cet été après plusieurs mois d'attente, le milieu de terrain du Real Madrid est resté en club durant la trêve d'octobre. Le manager anglais a estimé qu'il devait retrouver du rythme avant de réintégrer la sélection, tout en prévenant qu'aucun joueur n'était assuré de sa place pour les échéances à venir. Une manière d'affirmer son autorité sans sanctionner.

Quelques mois plus tôt, le sélectionneur n'avait pas hésité non plus à interpeller Phil Foden et Marcus Rashford pour leur manque d'impact, ou à pointer l'ambiance trop calme de Wembley après la victoire face au Pays de Galles (3-0), la semaine passée. Sa ligne est claire : exigence absolue et égalité de traitement. Les stars sont jugées comme les autres, et les supporters sont priés d'être à la hauteur. Une approche frontale, mais assumée.

Changer la culture anglaise

Tuchel veut surtout rompre avec une génération qui a trop souvent joué pour ne pas perdre, frustrant les plus fervents fans. Son discours repose sur la libération psychologique plus que sur la tactique. Il déplace la pression sur lui, libère les joueurs et assume le conflit public. L'Angleterre joue désormais avec davantage d'intensité, de verticalité et une confiance qui lui manquait depuis des années sous la direction de Gareth Southgate.

Sur le plan du jeu, le 4-2-3-1 installé autour de Declan Rice et d'Elliott Anderson offre un équilibre solide, tandis qu'Harry Kane reste le point d'ancrage du système. D'autres jeunes, comme Adam Wharton ou Max Dowman, s'imposent déjà comme des options crédibles pour l'avenir. Après deux finales d'Euro perdues, l'Angleterre voulait un électrochoc. Elle l'a trouvé. Le Mondial 2026 dira s'il aura suffi à briser enfin son plafond de verre.

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