Italie : la peur au ventre
Vainqueur d'Israël (3-0) mardi, l'Italie s'est relancée dans la course à la Coupe du monde 2026. Mais avec trois points de retard sur la Norvège et une différence de buts abyssale, la Nazionale se dirige vers de nouveaux barrages, hantée par ses démons de 2017 et 2022.

Le scénario a comme un goût de déjà-vu. Deuxième de son groupe derrière la Norvège, l'Italie reste sous pression à un mois du verdict. Gennaro Gattuso le sait, son équipe aussi : sauf miracle, la qualification pour la Coupe du monde 2026 passera par les barrages.
Le spectre de 2017 et 2022
L'histoire récente du football italien se résume à deux nuits d'enfer. En novembre 2017, la Suède a brisé soixante ans de régularité mondiale marquée par deux sacres mondiaux en 1982 et 2006 : défaite 1-0 à Solna, nul 0-0 à San Siro, et la Nazionale absente du Mondial pour la première fois depuis 1958. Cinq ans plus tard, la scène s'est répétée, mais en pire. En mars 2022, à Palerme, l'Italie championne d'Europe est dominatrice mais stérile face à la Macédoine du Nord : 32 tirs, 16 corners, 0 but. À la 92e minute, Aleksandar Trajkovski posait la climatisation d'une frappe tendue. Deuxième élimination d'affilée, cette fois vécue comme une aberration statistique plus qu'un échec collectif.
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Ces deux drames ont laissé une cicatrice encore ouverte en octobre 2025. Chaque rassemblement devient un test psychologique, plus qu'un rendez-vous sportif. L'Italie vit désormais ses qualifications dans un mélange de méfiance et de fébrilité, consciente d'avoir brûlé tous ses jokers. «Il ne peut pas y avoir une autre Coupe du monde sans l'Italie» , a soufflé Gianluigi Donnarumma, lucide et fataliste. Gattuso, lui, a préféré provoquer le destin en n'hésitant pas à mettre son poste en jeu : «Si on ne se qualifie pas, je pars vivre très loin.» Derrière la façade combative, la nervosité est palpable. Le pays retient son souffle à mesure que novembre approche, entre confiance forcée et crainte d'un troisième naufrage.
Un dernier virage sous haute tension
La situation comptable est claire : la Norvège domine le groupe I avec 18 points et 29 buts marqués, contre 15 points et 18 buts pour l'Italie. Avant la dernière fenêtre, l'écart est double — au classement comme au goal average (+26 contre +10). Même en cas de victoire à Chisinau contre la Moldavie, la Nazionale dépendra d'un faux pas norvégien face à l'Estonie avant la confrontation directe du 16 novembre à Milan. Il faudrait alors un succès historique pour combler la différence de buts. Autant dire que la première place relève du miracle. Plus réaliste : les barrages de mars, un passage obligé mais semé d'embûches. Le format reste impitoyable : demi-finale et finale sur match unique, face à des adversaires du calibre de l'Ukraine, de la Turquie ou de la Pologne. Un faux pas, et le cauchemar recommencerait.
Pourtant, cette fois, l'Italie arrive avec d'autres armes. Malgré son transfert en Arabie Saoudite, Mateo Retegui a stabilisé l'attaque. Donnarumma, lui, assume pleinement son rôle de leader même si ses performances ne sont pas aussi solides qu'en club. De son côté, Gattuso a redonné une âme à un groupe plus solidaire. L'équipe a retrouvé un certain allant, un peu de fierté et cette envie de revanche qui lui manquait depuis Palerme. Mais le doute n'a pas disparu. La simple évocation du mot «barrages» fait encore trembler tout un pays. Même un large succès en novembre – si victoire de la Norvège face à l'Estonie – ne changerait rien : la peur, elle, ne partira pas avant le printemps. Le football italien a souvent vécu de drames. Celui-ci, il n'a plus le droit de le revivre.
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